ouighours

Jeunesse ouïghoure attachée à sa culture et ses traditions turcophones et musulmanes.

Une Chambre des Communes influencée par la propagande de la CIA

Le 22 février 2021, 266 députés (zéro contre !) ont dénoncé à la Chambre des Communes un « génocide ouïghour », même en l’absence de la moindre preuve de massacres contre ces habitants peuplant à 45% le Xinjiang. Heureusement, soixante-treize députés, dont l’ensemble du cabinet Trudeau, se sont abstenus. On se rappelle le vote aberrant de la Chambre des Communes pour accorder $4 millions et demi – non pas à Mère Agnès-Mariam de la Croix, supérieure du Monastère St-Jacques à Qara en Syrie, ni à son amie Prix Nobel de la Paix Mairead Maguire qui travaillaient pour la paix avec le mouvement de réconciliation Mussalaha – mais aux Casques Blancs syriens qui allaient jusqu’à attaquer les équipes de secours des Nations-Unies : leurs vice-chefs furent ensuite piteusement rescapés par une opération militaire israélienne, tandis que leur chef, issu de la British Intelligence, James LeMesurier, allait mourir en Turquie dans de sordides circonstances expliquées par la journaliste Vanessa Beeley, invitée il y a seize mois à Montréal par l’intègre Robin Philpot, avec à ses côtés l’historien Samir Saul (UdeM).

Issue de la National Endowment for Democracy, organisme prête-nom de la CIA, qui cherche par tous les moyens de ses armées de lobbyistes à susciter des guerres pour nourrir le complexe militaro-industriel-académique-médiatique, la propagande pro-Ouïghours évoquait encore l’été dernier le chiffre rond impressionnant d’un million de prisonniers dans des camps de rééducation (rebaptisés de concentration, pour l’effet tragique), et comme il y avait eu peu de réactions en Occident, on est vite passé à deux millions; puis le 1er octobre, on a eu droit à la surenchère de la www.gentside.com :

Des millions de musulmans Ouïghours sont enfermés et torturés dans des camps de concentration en Chine. Non pour ce qu’ils font, mais pour ce qu’ils sont.

L’OBS numéro du 4 au 11 mars

SEIZE PAGES de matraquage de propagande avec aucun fait prouvé ou vérifiable pallient cette absence par l’enflure d’adjectifs surajoutés : « lavages de cerveau (évidemment) intensifs, endoctrinement (!) impitoyable, plan secret (!) chinois, répression féroce, forcenée (!), méthodes terrifiantes (!), martyre (!) d’un peuple, asservissements et viols systématiques (!), crimes de masse (!), génocide et camps de concentration (!), conditions atroces de faim, de saleté et de promiscuité », qu’on applique au Xinjiang pour indigner les Français contre les Chinois (lire mon 2e article intitulé propagandes racistes antichinoises). Ne cherche-t-on pas à surtout faire oublier qu’il y a pire en Haïti, en Libye et en Syrie par la faute-même des bombardements de Français tel Sarkozy à qui l’OBS ne consacre qu’une demi-page de texte à l’occasion de sa condamnation ? L’hebdomadaire va jusqu’à reprendre l’anecdote mille fois utilisée dans divers films dénonçant Nazis et Gardes Rouges de Mao où un fils ouïghour est obligé de punir son père déviant par une bastonnade que ce dernier lui pardonne d’avance avec un trémolo dans la voix; et pour ajouter du poids à l’anecdote, qui ne comporte aucun nom ni aucun lieu, on la raconte comme « un secret raconté d’une voix sourde sous une lumière blafarde à l’intérieur d’un camp » (évidemment non identifié). On a hâte de lire le prochain numéro du Monde Diplomatique pour trouver de vraies infos, car même le Reader’s Digest d’autrefois n’est jamais descendu si bas, dans un tel mélodrame artificiel et réchauffé. Et ce numéro du 4 mars remplace ses nombreuses pages de critiques d’art, de livres, de films et de musique par 21 pages de mode Louis Vuitton ou autres : triomphe de l’argent…!

Bref, on reprend une propagande nauséabonde du genre des pires Paris Match de l’époque antisoviétique d’il y a quarante ans, où un philosophe proche de Bernard Henri Lévy, André Glucksman, adhérait corps et âme à la propagande maoïste jugée d’avant-garde, malgré les millions de victimes. Aujourd’hui c’est son fils Raphaël, député au Parlement européen, qui nourrit la propagande. Cherche-t-il à racheter son défunt père ?

Veut-on vraiment défendre les Ouïghours ?

Comme Artistes pour la Paix, nous réagissons avec une sobre fermeté, non par une contrepropagande, mais d’abord en rappelant l’histoire des Ouïghours nomades et musulmans, comme l’a fait l’excellent éditorial de Pierre Dubuc le 5 mars dernier. Prônant seuls la valeur de la laïcité en Amérique du Nord, les Québécois sont plus sensibles à la validité de la lutte chinoise contre toutes superstitions religieuses; mais en contrepartie, vu notre situation de minorité, nous sympathisons plus volontiers avec des preuves d’ethnocide, ou du moins de manque de liberté culturelle au Xinjiang, – mais qui s’en indigne à notre époque de GAFAM mettant en danger les cultures locales mondiales ?

D’autre part, si la vraie raison du parlement canadien n’est pas d’attaquer la Chine mais de défendre les Ouïghours, pourquoi, demande Matthew Behrens, le Canada refuse-t-il l’entrée au pays où leurs familles résident pourtant, à trois détenus ouïghours, innocentés même par une cour militaire pourtant partiale d’accusations de terrorisme ? Ils ont non seulement connu la prison en Chine mais aussi jusqu’à sept années à Guantanamo Bay où les Américains ont permis aux Chinois de les interroger : Ayub Mohammed, Salahidin Abdulahad and Khalil Mamut…

L’ONU n’a pas accepté l’accusation de génocide contestée fermement par la Chine

Dubuc a rappelé « le 29 octobre 2019 à l’ONU où 23 pays (dont les États-Unis, le Royaume-Uni, etc.) se proposèrent de dénoncer, devant un comité des Nations Unies » les politiques colonialistes chinoises au Xinjiang, pour se heurter à un mur de « 54 pays (dont 28 africains) défendant et même complimentant la politique chinoise dans la province du Xinjiang ». L’ONU, et c’est un sujet d’espérance, n’est plus manipulable comme au temps des Conseils de sécurité de puissances nucléaires où le Canada appuyait les pires atteintes à l’autonomie de pays comme la Libye et Haïti.

D’autre part, sans prêter foi à toutes les informations du journaliste toulousain Maxime Vivas livrées en entrevue à Robin Philpot, M. Dubuc a l’honnêteté intellectuelle que n’a pas eu l’OBS de citer son livre Ouïghours, pour en finir avec les fake news (éditions de la route de la soie, 2020), écrit après deux visites en 2016 et 2018 au Xinjiang (plus que les informateurs CIA de notre Parlement). La majorité des Ouïghours se prépare avec ouverture au passage de la route de la soie, projet pharaonique civil de la Chine pour accéder au XXIe siècle, le Canada préférant investir $12.5 milliards dans TransMountain.

L’ambassadeur chinois au Canada, Cong Peiwu, a affirmé que les Ouïghours recevaient une formation professionnelle et linguistique intensive dans des camps de rééducation afin de vaincre leur pauvreté et prospérer dans la société chinoise; il conteste les allégations de persécution religieuse, affirmant que les Ouïghours sont libres de pratiquer leur religion dans leurs mosquées, dont il a montré des images de modernisation. Il a qualifié de fiction l’accusation à l’égard des femmes ouïghoures, en illustrant que la population du Xinjiang avait augmenté de 25 % entre 2010 et 2018, chiffre qui, selon lui, contredit les accusations de stérilisation forcée et de génocide. S’il a en partie raison, je pourrais lui rétorquer, fort de mon expérience de concerts au Tibet en 1993, que des chiffres similaires y étaient alors en vigueur, plutôt attribuables à une immigration accélérée de gens de nationalité Han à l’intérieur de ses frontières…

Dans son article, M. Dubuc perçoit justement « l’effondrement de l’Union soviétique et l’indépendance des ex-républiques soviétiques musulmanes de la région servant de terreau pour la création du Parti islamique du Turkestan oriental (avec l’appui de la Ligue islamique mondiale pour l’Unification, une organisation panislamique d’Asie centrale), comme responsables de nombreuses actions terroristes islamistes au Xinjiang ». Ses frontières communes avec huit pays, la Mongolie, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, l’Inde, et surtout le Pakistan et l’Afghanistan ont exposé, avec leurs moudjahidines, le Xinjiang à des débarquements de terroristes djihadistes formés à une guerre antichinoise.

On lira dans mon deuxième article comment l’aide aux Ouïghours, généreusement fournie par Raphaël Glucksman et la réfugiée Dilnur Reyhan, n’est hélas, pour leurs alliés militaristes malintentionnés, qu’un artifice asservi à leur propagande antichinoise.