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L’installation « Amber Waves of Grain » de Barbara Donachy, Boston Science Museum, février 1985. Elle représente 
l’arsenal nucléaire américain à la fin de la Guerre Froide, estimé à 25 000 ogives. « À mesure que le plutonium 
devient disponible, nous assisterons à une prolifération horizontale mondiale qui remplacera la prolifération verticale
 au sein d’une seule nation, représentée dans cette installation.» Photo Robert Del Tredici

L’honorable Douglas Roche, chercheur principal du Réseau canadien pour l’abolition des armes nucléaires (CNANW) et coanimateur avec l’ex-président américain Jimmy Carter de la Middle Powers’ Initiative, a déploré en ces termes le vote aberrant du Canada le 19 août dernier. Le Canada a en effet rejeté le rapport produit par le Groupe de travail à composition non limitée (Open-Ended Working Group) de l’ONU à Genève.

Hélène Laverdière du NPD (et membre des Artistes pour la Paix) a éloquemment résumé les faits : « le Canada a voté contre l’adoption d’un rapport recommandant des négociations pour un traité mondial bannissant les armes nucléaires. Ces négociations appuyées par une majorité de pays étaient réclamées par le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon [son principal objectif, lorsqu’il a exprimé son désir d’effectuer un deuxième mandat qui s’achève cette année]. Le gouvernement mexicain a qualifié le rapport de «contribution la plus importante des deux dernières décennies au désarmement nucléaire». Cependant, avec son vote honteux, le Canada s’est exclu des efforts diplomatiques entourant le désarmement nucléaire. Le vote du gouvernement libéral va aussi à l’encontre d’une motion adoptée en 2010 au Parlement, motion qui encourageait le gouvernement du Canada à participer aux négociations pour une convention sur les armes nucléaires. Cette motion avait été adoptée à l’unanimité par la Chambre des communes et le Sénat, avec l’appui de tous les partis, y compris des libéraux. »

Justin Trudeau réussirait donc à trahir ce dernier vote canadien historique, à se trouver complice de 22 pays CONTRE l’effort actuel de négociations adopté par 68 pays (avec des réserves de la part de 13 abstentionnistes, dont la Norvège et les Pays-Bas pays membres de l’OTAN) et à renier l’héritage de son père Pierre-Elliot qui, en pleine guerre froide (1983), avait eu le courage de mener une mission à Moscou et à Washington pour réclamer un Traité réduisant le nombre des armes nucléaires américano-russes aux 14 000 actuelles.

Pourtant, les négociations prévoyaient des mesures essentielles pour notre sécurité, dont l’abandon d’une « première utilisation » (que Trump envisagerait contre Daesh !) et la désactivation de 1500 bombes déclenchables en moins d’une minute, malgré les risques de terrorisme ou de maldonne technique, par exemple une réaction précipitée à une fausse alerte lancée par un radar défectueux.

L’ex-ambassadeur canadien au Désarmement Douglas Roche a encore déclaré que le premier ministre canadien Trudeau, en maintenant sa complicité avec l’OTAN militariste [1], insulte à la fois les Nations-Unies, balaie son Traité de non-prolifération nucléaire et tourne le dos au désir de l’humanité de se protéger d’une catastrophe nucléaire.

Ce désir s’est bien exprimé au cours du Forum Social Mondial sous la forme d’une Déclaration de Montréal que les APLP, avec Gordon Edwards et une trentaine de participants du Canada, des États-Unis, de France et de Suisse, ont élaborée, endossée et proclamée lors de l’Agora des initiatives pour un autre monde le 13 août dernier [2].

À la mi-octobre, les Nations-Unies procèderont à New York à un vote officiel sur le rapport de Genève où M. Trudeau aura la chance de se reprendre : le Canada votera-t-il encore selon l’opinion de fonctionnaires obtus nommés au Ministère des Affaires internationales par Harper, ou MM. Dion et Trudeau se réveilleront-ils alors, forts de l’appui de plus des quatre cinquièmes des Canadiens et de 139 pays (selon le dernier vote de l’Assemblée générale de l’ONU, l’automne dernier) qui veulent en finir avec ces armes nucléaires ?

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Pierre Jasmin
vice-président des Artistes pour la Paix et membre exécutif du Réseau canadien pour l’abolition des armes nucléaires


[1] Les Artistes pour la Paix ciblent l’OTAN, et dans leur communication restée sans réponse du 6 avril dernier au ministre des Affaires internationales, Stéphane Dion http://www.artistespourlapaix.org/?p=10341 , et dans un chapitre de sept pages de leur mémoire adressé au ministre de la Défense le 29 juillet dernier : http://www.artistespourlapaix.org/?p=11487. Leur recommandation de renommer le ministère de la Défense en ministère de la Paix et de la Sécurité fut présentée à l’Université Bishop’s devant la ministre du Développement international et de la Francophonie, Marie-Claude Bibeau, et saluée par le journal La Tribune du 3 août.

[2] Non endossée par le Réseau canadien pour l’abolition de l’Arme nucléaire parce que ce dernier n’a pas mandat de se prononcer sur le nucléaire civil, la déclaration est accessible sur : http://www.artistespourlapaix.org/?p=11389 et sur http://ccnr.org