Evénements du mois

Activités de nos membres










Je suis APLP parce que…

"Je suis artiste pour la paix parce que quand je me monte sur scene, j'ai l'impression de faire la paix avec mon âme et celle du public. Je me retrouve là, en lieu sûr, pour explorer les forces et les failles de nos coeurs, sans danger, sans jugement ni discrimination pour célébrer la beauté de l'humanité. Et si la vie était toujours ainsi ?"
Paule Tremblay, autrice-compositrice-interprete
"C'est la paix et la justice pour tous que chacun d'entre nous souhaite et recherche. Contribuons à construire un monde meilleur, avec notre talent, quel qu'il soit !"
Camille Pelletier Antaya, membre des APLP
"Parce que la paix est toujours à faire, en nous comme avec les autres, et que c’est par l’art que c’est le plus merveilleux de la promouvoir, de la défendre, de la fêter !"
domlebo, auteur-compositeur-interprète
"Les mots de Louise Warren sur le dessaisissement et sur l’intensité préalable à la création me conduisent à Mozart et à Beethoven, à ma fille et à mon fils : je leur souhaite la paix… et travaille tous les jours à ce que ce vœu se réalise !"
Pierre Jasmin, pianiste, membre de l'exécutif de Pugwash Canada
"La paix est loin d’être acquise. Avec l’explosion de l’industrie militaire dans le monde, on aura besoin de nos mots, notre musique, nos films, de notre art pour faire contrepoids. La culture est arme de construction massive."
Guylaine Maroist, cinéaste documentaire
"Je suis artiste pour la paix... Sans la paix, pas d'avenir pour la planète. Contribuer à bâtir une culture de la paix me semble un devoir."
André Jacob, auteur et artiste-peintre, APLP honoraire
"Je suis artiste pour la paix parce que la paix justifie l'espoir ."
Denis Carrier, auteur

La plus grande injustice

Libre opinion, Le Devoir, 9 avril 2022

Je ne suis, comme la plupart d’entre nous qui sommes loin de l’Ukraine, ni un stratège militaire ni un spécialiste de géopolitique. J’assiste, impuissant, au massacre d’un peuple dont je ne connaissais presque rien et d’un pays qui serait l’enjeu d’une rivalité entre l’Europe et la Russie, qui voudrait faire partie de l’Europe qui n’en veut pas, et ne veut pas retourner à la Russie qui préfère le détruire plutôt que de le perdre. Comme la plupart d’entre nous, je suis contre la violence individuelle ou collective, je n’ai jamais tué ou frappé quelqu’un et j’essaie chaque fois de surmonter les désaccords en me répétant que « le contraire d’une vérité profonde, c’est une autre vérité profonde » (Bohr).

Je suis, comme la plupart d’entre nous, plus ou moins paralysé par les images insupportables de cette guerre qui se confondent avec celles des autres guerres, plus lointaines, que nous avions oubliées. Je me répète que la meilleure façon de pacifier le monde, c’est de cultiver mon jardin (bien faire mon travail, être attentif à la beauté du monde, porter assistance à autrui si je peux), convoquer les grandes sagesses qui nous invitent à combattre la violence sans prendre les armes, lire toutes les analyses savantes qui m’expliquent la genèse de ce conflit (la bêtise ou la gourmandise américaines après la chute du mur de Berlin, l’aveuglement de l’OTAN, la folie impérialiste de Poutine, etc.), les grands principes de l’ordre mondial, la peur de l’arme nucléaire, etc.

Bref, je crois, en bon artiste de la paix que je suis en temps de paix, qu’il faut tout faire pour éviter la guerre (démilitarisation du monde, réforme de l’ONU, collaboration scientifique et culturelle, lutte contre la pauvreté et le changement climatique), mais je n’arrive pas à me débarrasser de cette réalité : nous ne sommes pas en temps de paix, nous ne l’avons jamais été depuis 1945. Nous avons profité d’une paix pourrie dont les autres ont payé et continuent de payer le prix (la Palestine, le Vietnam, la Syrie, le Yémen, etc.), et nous ne le serons pas davantage quand l’Ukraine sera un pays neutre, dévasté, car il n’y a pas de paix sans justice.

S’il est vrai, comme certains pacifistes essaient de s’en convaincre, qu’il vaut mieux vivre à genoux que mourir debout, comment se fait-il que l’Ukraine n’ait pas capitulé, n’ait pas donné tout de suite à l’agresseur ce qu’il finira par avoir ? Parce qu’aucun pays, aucun être humain n’est libre s’il abdique devant la force, aucune neutralité ne le mettra à l’abri du plus fort. Bernanos, qui avait combattu le gouvernement de Vichy, se demande à la fin de la guerre combien de temps il faudra à la France pour se remettre de cette défaite morale qu’a été la collaboration.

Le calcul des Européens et des États-Unis d’acheter la paix en s’abstenant de défendre réellement l’Ukraine (est-ce que les sanctions économiques et l’expulsion de diplomates ont sauvé une seule vie jusqu’à maintenant ?), et en lui fournissant juste assez d’armes pour prolonger sa résistance et son massacre, signe leur défaite morale et politique : qui n’a pas défendu la démocratie dans un pays ne pourra plus prétendre être garant des démocraties dans le monde.

Il y avait une possibilité d’éviter ou de retarder l’invasion russe (comme le répètent tous les critiques de l’OTAN), ou d’en limiter la portée en sécurisant le ciel au-dessus de l’Ukraine, mais comme rien n’a été fait, il n’y aura bientôt plus que des ruines en Ukraine, et tout va se rejouer ailleurs jusqu’à ce qu’un nouvel empire définisse les règles de la guerre qui est partout sans être mondiale et qui réduit les êtres humains à n’être que des pions sur l’échiquier des forces qui, sans le savoir, ont entrepris de posséder la planète, fût-elle sans vie.

Les pacifistes repentants, comme Simone Weil et Edgar Morin, sont entrés dans la résistance parce que la violence défensive est morale. Que peut faire un écrivain québécois pour combattre la violence des agresseurs en Ukraine ? Faute de pouvoir réaliser mon rêve (des milliers de personnes marchant mains nues sur l’Ukraine), demander au Canada à la fois d’intensifier l’aide humanitaire en Ukraine, de maintenir les relations diplomatiques avec la Russie et d’appuyer l’occupation pacifique du ciel ukrainien. Et relire La chute de Camus qui raconte comment un avocat, en refusant de secourir une femme en train de se noyer, a commis la plus grande injustice.

1 Commentaire

  1. Pierre Jasmin Pierre Jasmin
    9 avril 2022    

    Cet article, bien sûr publié samedi le 9 avril par Le Devoir uniformément propagandiste qui refuse tous nos articles (http://www.artistespourlapaix.org/la-paix-soppose-a-toute-propagande/) possède au moins deux aspects rédhibitoires : il évoque la possibilité de défendre l’Ukraine par une no-fly zone appliquée par l’OTAN, que même cette dernière trouve un sûr moyen d’engager une 3e guerre mondiale et se termine par une belle image camusienne censée condamner les idéologues qui refusent de se frotter à la réalité. Mais si nous voyons une femme en train de se noyer en refusant notre vif conseil de se départir de son lourd manteau de fourrure mouillé qui l’entraîne vers le fond, allons-nous risquer notre vie en plongeant pour la secourir?? De même, allons-nous endosser les yeux fermés le slogan AGIR POUR L’UKRAINE, un pays qui refuse encore de se départir de son droit à posséder l’arme nucléaire via l’OTAN? Évidemment non, mais ce non de principe pacifiste ne nous empêchera pas de secourir LES RÉFUGIÉS UKRAINIENS qui ont déserté avec raisons leur pays, s’ils ne se drapent plus dans le drapeau turquoise et jaune, encore moins dans la banderole noire et rouge endossée par Chrystia Freeland…

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Les APLP suggèrent…

Voici deux organisations humanitaires qui sont actives en Ukraine et dans les pays où les Ukrainiens se réfugient, sans être contrôlées ni par le gouvernement ukrainien ni bien sûr par la Russie.
Note : ces liens mènent directement aux sites web des organismes. Les dons ne transitent pas par les APLP.

Nos actions récentes

20 novembre 2022 : Lettre à la ministre Mélanie Joly : Négociez avec la Russie !
26 septembre 2022 : Événement Nourrir la paix à Rosemont.
17 septembre 2022 : Nettoyage du parc Lucia-Kowaluk pour le Journée internationale du nettoyage de la Terre.
28 juin 2022 : Lettre à la ministre des Affaires étrangères.
28 juin 2022 : Manifestation avec le Mouvement québécois pour la paix
8 mai 2022 : Manifestation Les mères au front à Québec..
5 avril 2022 : Les APLP endossent la lettre du Canada Peace Network contre les dépenses militaires.
27 mars 2022 : Lettre à l'ambassadeur des États-Unis à Ottawa.
26 mars 2022 : Manifestation avec Échec à la guerre contre la guerre en Ukraine et au Yémen.
23 mars 2022 : Lettre à l'ambassadeur de Russie à Ottawa.
23 février 2022 : Lettre à la ministre Joly sur l'Ukraine.
15 février 2022 : 33e cérémonie des Prix APLP.
21 décembre 2021 : Nos souhaits de paix 2022, lettre aux ministres fédéraux.
13 décembre 2021 : Lettre au premier ministre sur l'exportation d'armes vers l'Arabie Saoudite.
21 novembre 2021 : Deuxième lettre au ministre Miller.
27-28-29 octobre 2021 : Lettres aux nouveaux ministres fédéraux Joly, Guilbeault, Anand et Miller.
19 février 2021 : Lettre ouverte au PM concernant Haïti.

Voir toutes nos lettres aux élus »

Remontez dans le temps »

Recherche par sujets