Laurent Orsucci
Train de vie
« Bonjour à toi qui me lira , j’aimerais tant te donner mon Nom …
J’étais si petite ! Au point de pas pouvoir monter dans le train .
Le gentil monsieur en gris m’à aidé à grimper,
Je lui ai tendu les bras… Et dans ses yeux.., ses yeux….!….. tant de Tourments… de Souffrances……!
Pourquoi.. ? On va en voyage , comme FANNY !
C’est dommage, j’aurais bien aimé aller au ZOO de la ville avant de partir .
Le voyage était pas très rigolo , on était trop serré , y faisait très chaud, et y avait pas de wagon bar …… .!
À l’arrivée ; comme on avait beaucoup transpiré, on à été se laver et après je sais plus….
mmmmMaintenant, j’habite dans la maison bleue ……. Mais je vais pas vous embêter avec mes histoires …..
Je me suis fait une super copine, ANNE, elle habitait au pays des fleurs . Ça doit être trop beau …!
mmmmEn plus , elle écrit trop bleu !
en vrai, c’est elle Qui fait , mais chchchtth… hihihi….!
mmmmVoilà, on vous envoi notre prose,
mmmmVous en avez plus besoin que nous ! »
XOXO
Fillettes de l’éphémère.
Alain Gravel
Paix à l’improviste
Allez en paix
le cœur sémillant
mmmmen allée du pardon
La beauté sans poids
mmmmsidérale dans l’atmosphère
tout du jour en admiration
mmmmpour entendre battre la vie
***
Un jour
mmmmne fait pas la vie
le courant de la respiration
Le souffle éparpillé
l’haleine imprègne le paysage
mmmmet la synergie des corps truffés de soi
dans l’air moissonne en silence
***
La main large de se défendre
traverse soudainement l’esprit
parce qu’un jour n’en finit plus
d’enlacer le cœur meurtri
mmmmsans bon sens
Les mots choisis
de la bonne parole
mmmmpour ce qu’elle vaut
à l’équilibre de la paix
pour que les racines communiquent
***
La paix ne date pas d’hier
la guerre non plus
mmmmLes extrêmes s’embrassent
L’élément du feu imprévisible
mmmmla terre glisse sous nos pieds
avec le vent que l’eau n’atteint pas
mmmmPourtant règne le vivant
***
Simone Philpot
La paix
Elle est mille choses
Par-dessus et en dessous
Ici, là-bas, derrière, dedans
Elle est en soi et entre nous
Même au-delà
Elle est dans les sons, les formes, la terre et la marche des collectivités
Dans tout ce qui fait musique, qui fait d’accord, qui fait oui, tout alentour
Et entre les craques de la raison
Elle est dans la chair qui se met au travail lorsqu’y résonne le son de la naissance
De la vibrante origine
Elle est dans le cri de celui qui vient rejoindre
Dans un appel puissant l’autre
Elle est dans l’immobilité
L’avènement silencieux
La sagesse si pleine que les mots n’en sont qu’ornements
Elle est dans le calme mais aussi dans la force
Celle de la résistance
Rester droit devant ce qui doit être fait
Elle est dans le souffle commun des êtres
Plus loin que la peau plus creux que la voix
Le murmure chaud qui circule, qui reconnaît tout de la rage au flottement
Je suis l’autre et l’autre est moi
Rien, non rien n’est étranger
Je marche vers, avec
Nous avançons la paix
Edwige Vinet
Au Cœur
Cœur si chaud si vivant, tu n’as qu’une heure à vivre
Applique ton effort à la bien employer
Des maux qu’on se créa le tombeau nous délivre
Il ne respectera ni l’or, ni le laurier
Ainsi qu’Hamlet mourant il fait dire à Silence
Du plaisir de la gloire il ne restera rien.
Seul le bien qu’on sema, pèse dans la balance
Tâche avant ton départ de faire un peu de bien
Sois indulgent à tous et tâche de comprendre…
Heureux le cœur naïf qui n’aura point compté
Être héroïque est beau, vois-tu, – mais être tendre
vaut mieux. et le seul mot de la vie est : bonté
Pierre Mondou
Finit la guerre
Vouloir pays
Quel qu’en soit le prix
Vaincre ou mourir
Servir ou périr
Chevalier de l’ombre
Le cœur de bronze
Bruits de combat
Victoire ou trépas
Solstice d’été
Fleur de papier
Le temps venu
L’âme à demi nue
Puis finit la guerre
Et ses misères
Finit l’enfer
Paix sur cette terre
Le Pierrot 2022
Alain Stritt
La paix
Je reste confondu devant l’inanité
D’une telle entreprise et devant l’incurie
De nos gouvernements. Une course à l’unité,
A nettoyer, d’Augias, toutes ces écuries.
Défi insurmontable ? Une capitulation
En face de l’innommable et de l’oligarchie,
Des multinationales et de leurs ambitions,
Des lobbys en tous genres, de toute cette anarchie
Qui gouverne le monde ! Face à ces sept milliards,
Ce troupeau gigantesque de moutons de Panurge,
Prêts à gober en chœur toutes sortes de canulars
Dont ce monde les abreuve. Réagissons, ça urge !
Mais comment réagir devant ce cataclysme ?
Le citoyen moyen, dont je suis, impuissant,
Peut crier à tue-tête, faire preuve de charisme,
Protester, tempêter, mais personne ne l’entend !
Toutes ces guerres larvées, tous ces conflits sanglants
Qui inondent la Terre, enrichissent derechef
Tous ces marchands de canons. On est là, « comme des glands »,
A compter tous nos morts, ou à « branler du chef »,
Accepter tout en vrac : Les versions farfelues,
Les promesses non tenues, la délation en boucle,
Les « fake news » à la pelle, corruption des élus,
Une liste non exhaustive, un immuable cycle.
L’ONU est censé assurer le maintien de la paix,
Protéger les civils et réduire l’armement,
Protéger les droits de l’Homme et le respect
Des peuples. Mais qu’en est-il vraiment ?
Voilà donc rassemblés près de deux cents états,
Mais seuls cinq de ces membres ont le droit de veto!
Un droit qui leur permet de bloquer tout contrat,
Toute résolution ! Ca n’est pas de sitôt
Que ces cinq membres-là voteront à l’unisson,
Surtout si l’un des leurs viole volontairement
Les principes sacrés de cette institution.
Un vrai panier de crabes qui pincent honteusement.
L’égalité des droits et la paix sauveront l’Humanité.
Dépenses militaires : Deux mille milliards de dollars,
Dont les USA, la Chine et l’Inde totalisent la moitié…
Il suffirait de deux cent soixante-sept milliards,
Pour enfin mettre fin… à la faim dans le monde,
Soit 0,3% du PIB mondial !
Quand, ceux qui nous gouvernent, à mille lieues à la ronde,
Oseront ils gérer cette misère abyssale ?
Que la paix soit avec vous !
Monique Pagé
Une histoire de Mer Rouge
Mon histoire débute par le vent et la poussière affolée. D’ailleurs une histoire débute toujours par un feeling de vent. Ici le vent s’est tu quand il a vu que l’enfant portait une arme plus longue que l’envergure de ses bras en croix. Mon histoire refuse de tourner la page jusqu’à ce que l’enfant décharge sa haine à bout portant dans le cri d’une volée de corneilles.
Quelques haïkus de la Société littéraire de Laval
Félix-Antoine Allard
l’envol
au milieu du vacarme
mourir m’arrive
Haïku construit par empilage de 3 livres de Marie-Sœurette Mathieu, Stéphane Despatie et Fernand Durepos
Carole Tremblay
la porte grand ouverte
avant la chute
mourir m’arrive
Haïku construit par empilage de 3 livres de France Bonneau, Christian Violy et Fernand Durepos
Diane Mainville
la porte grand ouverte
au milieu du vacarme
l’intimité du désastre
Haïku construit par empilage de 3 livres de France Bonneau, Stéphane Despatie et Dominic Gagné
Lise Chevrier
Mon grand-père
En politique, il croyait qu’il fallait mettre au pouvoir un dictateur bienveillant, un tyran éclairé sur la démocratie politique des anciens Grecs. Seulement, on ne sait jamais quand l’ampoule s’éteint. Les dictatures naissent d’un besoin d’ordre, de sécurité et de prévisibilité rigides. Il y a toujours une montée en puissance, une apogée, un déclin, puis une transformation. La vie s’infiltre partout et digère les époques. Je sais qu’elle me digèrera aussi.
Carole Tremblay
Fragments de paix
accumuler des fragments épars
petits bouts d’histoire par-ci par-là
finir par en faire un pâte résistante
sans trous ni fissures ni protubérances
qui ressemble de plus en plus à soi
laisser mûrir ce qu’on étouffait
étaler au grand jour ce qui nous ombrageait
à nouveau dire, sentir, faire confiance
briser le cycle de la dysfonction
se sentir de plus en plus solide
faire tout ça en collectivité
raconter ses histoires à d’autres
étreindre les blessures des amis
au plus profond de soi trouver l’empathie pour l’ennemi
et encore au plus profond trouver son enfant enfoui
reconnaître qu’on est tous connectés
que la vague du tsunami apporte la mort à notre grève aussi
que le missile étranger saccage aussi nos villes et nos vies
que la démocratie qui meurt ailleurs entraîne la nôtre dans son sillon
observer que l’inverse est aussi possible
contaminer par l’esprit de communauté
distribuer l’espoir comme de l’eau
parler de paix, agir pour la paix, penser la paix
mais bien avant
avant les promesses d’un monde meilleur et d’aubes bénies
trouver la paix en soi
pour enfin pouvoir l’étendre dans le monde
ce monde fait pour le moment de milliards de petits fragments
Patrick Coppens
Guerre ou paix
Le sol avait le droit du sang
toute récolte se mérite
disent-ils l’air important
échos d’échos
véritables déserts
de carnages en moissons
bouches sinueuses
et rires en quinte
couleurs rompues
vies sacrifiées
Dans la serrure interloquée
l’œil a tourné
pauvre mystère
l’absent arrête de respirer
Lise Chevrier
En mode baveux
Quand t’es en mode baveux, tu recherches le maximum d’effets de tes actions sur les autres, qui sont déshumanisés, comme des personnages de jeux vidéo. Tu ne te soucies pas des conséquences de tes actions sur les autres ou dans l’environnement. L’étendue de ta conscience est centrée sur ton monde.
En mode baveux mineur, tu voles le journal de ton voisin un matin sur trois, tu t’empares d’une pancarte interdisant le stationnement et tu la mets dans ton salon, tu fais des rots excessifs et tu bailles aux corneilles en pleine séance de négociation de convention collective, tu te présentes à une rencontre syndicale sans ton soutien-gorge, tu fais semblant de te réveiller quand on te parle, tu sacres en claquant la langue longtemps au palais pour bien exploiter la consonne explosive, tu fumes le cigare devant un auditoire pour montrer ta virilité, etc.
En mode baveux majeur, tu bloques les portes de l’université en temps de grève, tu manifestes jours et nuits devant les parlements avec ton gros truck et tes klaxons, tu fonces sur une foule avec ton camion-bélier, tu te pointes à la mosquée avec ton arme de combat, etc.
Quand t’es en mode baveux, tu me fais peur.
Harry Metellus
L’épreuve du réel
Peine à me retrouver j’ai perdu mon langage
Mémoire,
reviendras-tu me raconter ce que je ne sais plus de moi ?
Dans la profondeur de mon armoire
je te retrouve en demi-teintes
des photos me poursuivent
entre mon passé et mon présent
se jouent de mes émotions
Un soleil de plomb
des maisons en tôles en tissus en cartons délavés
un enfant dans une rue crevassée
Un décor de terre sinistrée
l’ombre d’un homme blessé un chien hagard
une femme aux yeux d’acajou sans identité
Chaque jour une voiture passe
dans mon tunnel sans fin
et fait tembler mon âme
Société littéraire de Laval
Odile Brunet et al.
Monique Pagé, André Jacob, Alain Chaput, Carole Tremblay, Danielle Shelton
La chair des familles ukrainiennes
Je pleure
pour panser une blessure
qui ne fend pas ma peau
qui traverse la chair
de ces familles là-bas
au loin
des éclats
un fracas
qu’on n’entend pas
chez nous
là-bas
des univers quotidiens
s’écroulent
dans un théâtre
de guerre
comment émerger
de cette nuit lugubre
après la colère
malgré la douleur crue
les cendres sur la rosée
combien de temps
avant que s’émoussent
les contours
et la béance
des plaies
élancées vers la mer Noire
mes mains impuissantes
cherchent la lumière
de l’humanité
André Jacob
Pour la paix (haïsha japonais)
Mot subversif
Un vieil érable
Мир (paix) inscrit au canif
dénonce
subversion
dans la forêt
André-Guy Robert
Société littéraire de Laval
Adagio
Je suis descendu angle Saint-Laurent et Mont-Royal. J’ai marché calmement, à un rythme lent, paisible, observant les passants dont les rues étaient pleines. De part et d’autre de ces rues, n’était-il pas réconfortant de constater que les maisons avaient gardé leur aspect de la veille ? On n’entendait pas le tremblement des bombes, on ne trouvait pas de cadavres sur le trottoir. Tout paraissait normal, et pourtant, mon pas s’était ralenti. Au-dessus, pas de chasseurs pressés de fendre l’air, juste un ciel blanchâtre, couleur de lait maternel. C’était Montréal en avril. Un petit air de printemps.
Les édifices d’habitation qui se dressent au-dessus des maisons basses, je ne pouvais m’empêcher de les voir tels qu’ils apparaitraient, noircis par le feu, éventrés par les missiles. Comme c’est fragile, tout ça ! pensais-je. Aurions-nous le courage de défendre nos quartiers avec des armes ? notre ville jusqu’à la mort ? Notre indignation déboucherait-elle sur la colère si des obus tombaient, tombaient ?
Un assaillant qui détruit des villes entières et s’attaque aux civils en prétendant les libérer, on trouverait ça comique au théâtre, mais le théâtre est détruit et les morts gisent. Quel cynisme ! Quelle atroce arrogance ! Le mensonge noircit nos vies comme une nappe de pétrole. Il s’étale, il progresse. Qui l’arrêtera ? Il sourd de partout. Des oiseaux s’y engluent, qui l’ont pris pour vérité, un mot qu’il faudrait écrire avec un Z (1).
Je marche à pas lents par les rues de Montréal, et malgré mon téléjournal, tout continue de paraitre normal autour de moi, semblable à hier. À croire que demain sera pareil : mouvements de la vie quotidienne, trafic, passants… On s’affaire même à réparer un tronçon de la rue Saint-Denis, à rénover la façade d’une maison. On croit en l’avenir. On croit qu’on aura le temps d’achever les travaux. Les magasins sont ouverts, on peut y entrer, acheter le nécessaire. Si la paix était un signe, on se signerait de la paix à deux mains tellement c’est bon.
Angle Rachel et Rivard, le petit parc de la Bolduc est si mignon, avec ses jeux et ses enfants dedans, qu’il faudrait le défendre bec et ongles, me semble-t-il, en cas d’attaque. Le monsieur au parapluie, qui attend le feu vert en conversant avec le brigadier, il faudrait aussi le défendre bec et ongles au milieu des ruines. Et ce cycliste qui joue à ne pas mettre de pied à terre durant toute la durée du feu rouge, il faudrait le défendre, le défendre ! s’il n’était pas à Montréal PQ, mais derrière ces nuages de kérosène si opaques, si noirs, que personne ne peut les voir d’ici.
Voilà comment je marchais : incliné par en-dedans, à la pensée que la vie ne résiste pas au métal, que le moindre bourgeon a besoin qu’on lui fiche la paix. La paix, cette petite chose terriblement naïve et faible qui n’a pas les muscles de Rambo, mais ceux d’un enfant qui court vers des bras ouverts, je me réjouissais qu’elle existe encore ici, entrelacée à des lambeaux de vérité.
La vérité se reconnait à la joie qu’elle donne. Il n’y a pas un mensonge qui va m’enlever ça.
Je marchais en me demandant comment j’allais dire à la fois la paix et la guerre, la joie et la tristesse. Ainsi, peut-être :
J’éprouvais la nostalgie de ce que j’avais sous les yeux.
(1) La lettre Z peinte sur les blindés et les hélicoptères militaires engagés dans l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, absente de l’alphabet cyrillique, désignerait le district militaire de l’Ouest (Zapadny). Pour un Occidental, elle évoque la lettre V pour victoire, mais victoire de l’agresseur, de la désinformation. Pour André-Guy Robert, ce Z rappelle les Zogmes, ces prédateurs qu’il a décrits en 1992 dans un texte prémonitoire publié l’année suivante dans la revue Le Sabord : https://andreguyrobert.com/2018/05/22/les-zogmes/.
Liliana Escanes
La claridad del ocaso…
« Vuelve, vuelve, vuelve, vida, que la noche tiene un fin.
Vuelve, vuelve, mi alegría, que me niego a morir ».
Del tema: « Vuelve, vida ». Alex Campos.
La claridad del ocaso contrasta con la lentitud de mis días…
Lentitud y cercanía… Lentitud y alegría…
Lentitud y oración… Y fe… Y esperanza… Y canto… Y Poesía…
Lentitud del alma, en realidad…
La actividad física me sobra… La actividad mental me sobra…
La plegaria, el crecimiento espiritual, me invaden…
Me sobran, también, me alcanzan y me sobran…
Creciendo, siempre creciendo… En lo emocional y en lo espiritual…
En lo profundo… En lo hondo, en lo que verdaderamente vale e importa…
Sí: hoy la claridad transparente del ocaso me asombra…
Me admira y me asombra… Me alcanza… Me atrapa… Me inunda…
Encinas, juncos, capulis…
Mirtos, cipreses, pinos, eucaliptos… Aromos, retamas…
Tilos, girasoles, lavandas y claveles…
Frescos aromas a flores silvestres…
Racimos, ramos multicolores… Fragantes…
Anaranjados, celestes, rosados, blancos, verdes, amarillos…
Azulados, violáceos, dorados…
Todos los colores caben en mi jardín bellamente cuidado… Todos…
Sólo la claridad impertinente del ocaso los acaba…
Los oculta… Los cubre… Los envuelve… Los abarca…
Hasta volver a encontrarlos en las primeras horas del alba…
Sí: la claridad insólita e inesperada del ocaso…
Las aves, huidizas, fugaces, esquivas, lejanas… pasaron
temprano hoy, por la tarde… Veloces, velocísimas…
Como huyendo hacia remotos lugares…
La claridad insolente del ocaso no las alcanzó…
Huyeron antes, como atemorizadas, como espantadas…
Seguramente, de la crueldad del humano…
Seguramente, por no encontrar LA PAZ
que anhelarían descubrir en su vuelo…
Sí: seguramente las aves desearían hallar LA PAZ
que aún no logran vislumbrar en su vuelo…
¡Lástima!… ¡Si se quedaran… anidarían para siempre
en la claridad inusitada del ocaso!…
¡¡¡Claro, si LA PAZ encontraran en su vuelo!!!…
* LILIANA ESCANES, desde mi humilde rincón de « LA CASA AZUL DE LA
POESÍA », 8/5/2022, Bahía Blanca, Argentina *
André Jacob
Pour la paix… le regard de l’enfant
J’ai peur des tremblements du monde
Je me terre
Dans les bras de minashkuat
Comme au temps
De mon innocence
Natasha Kanapé-Fontaine. N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures.
Poème de type japonais (haïsha)
À l’horizon
Blindés à l’horizon
vers le point de fuite
sans retour
L’horreur s’estompe
crépuscule
Aspasia Worlitzky
En quête de paix
J’erre
non pas de mon propre gré
mais parce qu’on m’a montré la porte
me fueron* dirait ce pèlerin
écorchant l’espagnol.
Expatriée dans un oiseau argenté
méfiant sinistre
jusqu’à me déverser
sur de vastes étendues blanches
sans les étroitesses du terroir sacré.
Je suis demeurée immobile muette
même mon crayon s’est figé
mes élans se sont épuisés.
Dans une de ces soirées poétiques
que nous reproduisons ici les sans-frontières
sur une scène dangereusement bien mise
nous parlons Neruda nous parlons Miron.
Gabriela Mistral et ses sonnets
je continue dans la brèche
j’écris.
Le condor traverse les hauteurs
depuis les temps immémoriaux.
* Expression populaire signifiant que l’on s’est débarrassé de quelqu’un.
Livre (2020) : Quand votre guerre a-t-elle pris fin ? (p.54)
Poésie japonisante sous la direction de Maxianne Berger
Ukraine
André Jacob
convoi de blindés
la vie s’agrippe
aux racines du cep
André Jacob
sifflements d’obus
le fanion blanc
inutile
Monique Pagé
abri minuscule
que cet espoir entre deux
bombardements
Luce Pelletier
antagonistes
chacun blanc comme neige
chacun rouge sang
je me demande
comment naissent les monstres
Louise Vachon
ciel de printemps
rempli d’oiseaux – en Ukraine
les oiseaux d’acier
Louise Vachon
résistance à Kharkiv
un mariage sous les bombes
au milieu des ruines
Marie Beaulieu
une mère de Marioupol
en silence trémule
un drap blanc à ses pieds
Maxianne Berger
jeune famille
réfugiée au Québec
l’important, c’est
le bambin au bord de l’eau
riant des bernaches (1)
(1) Adaptation d’un tanka paru en anglais dans Red Lights 16:1 (janvier 2020) p. 11.
Monique Pagé
Un oiseau
Le regard tourné vers les oiseaux du matin, les oiseaux de l’hiver, les oiseaux querelleurs, les oiseaux solitaires, j’avais plongé les mains dans la terre humide. J’avais utilisé peu d’outils : les ongles, les doigts, une mirette et un linge mouillé pour recouvrir l’œuvre en ébauche.
À sa sortie du four, j’ai posé mon oiseau de grès près du petit ampli qui reçoit les nouvelles nationales et internationales. Pour qu’il écoute les misères du monde.
Pierre Keable
Un printemps contrasté
Le fond de l’air est frais
Un peu de glace persiste encore
Dans des recoins ombragés
Mais le printemps m’appelle
Les deux mains dans la noire terre
En arrachant racines de l’an d’avant
Pour que de nouvelles prennent pied
Je prépare la verte saison
À genou devant la nature
Mon horizon est infini
J’anticipe les semis à venir
Et les récoltes qui suivront
Pendant ce temps là-bas
On sème la mort et la désolation
Les grandes plaines sont dévastées
Les petits potagers désertés
Des jardiniers se terrent
Ou meurent pour la nation
Certains cultiveront des terres ailleurs
Tout en pleurant longtemps la leur
Aspasia Worlitzky
Le chant qui respire
Je me demande
s’il en sera toujours ainsi
ton image douloureuse qui ressurgit
avec ce vent coriace pénétrant.
Une larme solitaire se mêle à la brume
à la fumée
dans ton lit des imprécations et des présages.
J’endure ta souffrance
le jour où nous espérions sans répit
je te lie aux fusils
que nous n’avons jamais eus
te pousse vers les gémissements du peuple abasourdi.
Lève-toi et regarde tes mains
pour grandir, tends-les à ton frère.
nous irons ensemble, unis dans le sang,
aujourd’hui est le temps qui peut être demain*.
Dans l’écran cathodique
des hymnes martiaux
le dernier discours du président.
Sans défense
nos camarades se sont rendus
à l’appel souverain absolu.
Parfois j’entends
le chant qui respire
lointain tel un murmure.
Me séduira-t-il indéfiniment ?
Livre (2020) : Quand votre guerre a-t-elle pris fin ? (p.28 et 29)
* Victor Jara, auteur-compositeur-interprète chilien, Plegaria a un labrador, 1969.
Paule Tremblay
Le général
Paroles et musique : Paule Tremblay
Tant de morts dans la mare
Spirale de désespoir
Tant de nœuds dans mon coeur
Ma mission a échoué
Basculé dans l’horreur
Et mes hantises me suivent
Me font peur
La terre paradisiaque
N’est plus que cendre et feu
Les enfants n’ont pas d’âge
Ils ont fermé les yeux
Quel carnage inutile
Des cadavres en série
Qui s’empilent sous les cieux
Déposez vos prières au tombeau
Du soldat inconnu
Mes blessures se fracassent
Au fond de ma poitrine
Que des oiseaux voraces
Qui me picorent l’âme
Sous les ruines
J’ai peur, j’ai peur
Abandonner ma vie
N’est pas la solution
Le mal me ronge la nuit
Et je perds la raison
Ma mission a failli dans la dévastation
Abandonner ma vie
N’est pas la solution
Je combats mon esprit
Et la désolation
Je reviens pour la vie
Loin de la mort
Je combats mon esprit
Et toutes les ombres aussi
Je reviens pour la vie, loin de la mort Loin de la mort
Je reviens pour la vie
Pour la vie
Pierre Keable
Futur réfugié
Tu ressens la ville qui gronde
Barricadé dans ton abri
Tu reconnais le son des bombes
Comme un orage dans la nuit
Par beaux discours grandiloquents
Ils se donnent consciences
En fourbissant leur armement
C’est toujours l’autre qui commence
Tu ne sais même pas si demain
Sera encore là ta maison
Hier sont morts quatre voisins
Une mère sa fille ses deux garçons
On parlait de la der des der [1]
Bien avant que tu sois enfant
Mais toujours se rejoue la guerre
Déracinant plein d’innocents
Si tu survis il te faudra
Te refaire un espoir ailleurs
Il y a peu d’avenir pour toi
Dans ce pays cher à ton cœur
[1] Nom donné par certains à la première guerre mondiale
Anna Louise E. Fontaine
En ce nouveau matin
Ceci n’est pas un poème, ni un manifeste, ni rien qui se complairait dans sa forme ou dans sa visée. C’est juste pour dire, avec les mots trop étroits ce qui jaillit de mon cœur. Découvrir les manœuvres de la peur qui nous retient amarrés au quai. Sinon, ne partirions-nous pas à la nage ou, sans bagage, sur des chemins inconnus ? Qu’est-ce qui nous écrase au sol, quel poids, quelle croix portée sur nos épaules ? Quel plaisir usé ou quel rêve désabusé ?
Il nous faut des preuves, des garanties, des guides pour la plus petite aventure. Au retour, nous regardons les photos pour nous rappeler que nous avons vécu sans chaîne pendant le court répit qu’on nous a accordé. Et, sur cet aperçu de liberté, nous soupirons jusqu’à l’année prochaine.
N’entendons-nous pas notre cœur pleurer ? Qui se languit d’un plus grand festin ? Ne voyons-nous pas que nos jours sont volés ? Notre force sucée par des vampires qui n’ont jamais assez de zéros dans leur compte en banque ? Que leur importe, pour satisfaire leur boulimie, s’il faut tuer, saccager la beauté, trahir la parole donnée.
Qui s’étonnera que nous voulions changer de jeu ? Nous nous sommes trop longtemps pliés à vos règles. Alors, vous qui avez été si gourmands, ne soyez pas mauvais perdants.
Nous revenons à la case départ. Les instructions sont changées du tout au tout. Ce sont maintenant les enfants qui mènent le jeu et quelques aînés devenus sages au cours de leur long voyage. Il s’agit de répandre l’amour, de le respirer, de s’en enivrer, de le cultiver. La terre devient un immense jardin et plus personne n’a faim. On y console tous les chagrins. Et le message s’étend jusqu’aux confins : le temps est venu enfin de nous aimer les uns, les unes, les autres, en toute liberté. L’ancien monde s’éteint. Comme un cauchemar. Et il fait bon en ce nouveau matin.
Francine Allard
Poème pour la Paix
Je n’attendrai pas les explications lustrales
pour reprendre mon exode
j’ai quitté ma fœtale caverne
pour marcher en tête du peloton
brandir le poing
piétiner le terroir
je ne cesserai pas d’invoquer les stryges affolées
et les fantômes évanescents
je serai chevalière de la Paix
tant que soufflera la brise d’octobre
tant que persistera la lumière
nul ne peut éteindre ma voix
personne
tant que le bonheur l’équilibre la Paix
ne seront pas révélés
à l’œil du Monde
in Vocalises sur un sanglot, éditions TROIS, 2003
Pierre Keable
Printemps 2022
5 Haïkus
Y a un beau soleil
Malgré le froid qui s’étire
Près de ma demeure
Autour de chez moi
Mon petit monde est en paix
Mais je sais qu’ailleurs
Dans d’autres contrées
Le printemps qui se profile
Est chargés de pleurs
Trop de gens se lèvent
Dans le fracas de la guerre
Et dans ses horreurs
Viendra-t ’il un temps
Où au canon des fusils
Pousseront des fleurs
Raôul Duguay
Pour l’amour de la vie
Depuis que le monde est monde
Y’a même pas eu cent jours de paix
Et à toutes les cent secondes
Pendant qu’on se beurre le portrait
Ailleurs des milliers d’enfants
Impatients d’accoucher d’la mort
Ailleurs au bout de leurs seins
Des mamans font du lait de leur sang
Mais ici maman la Nature
A les seins en crême un peu sûre
Et pour le Tiers-Monde nos ordures
Feraient encore de la bonne confiture
Ailleurs des milliers d’enfants
Se font putains pour un peu de pain
Ailleurs des petits conquérants
Tirent du fusil dans des vagins
Mais ici à peine 200 humains
Assistés de 500,000 savants
Font du pain dont nous sommes le levain
Et leur vin est le fleuve de notre sang
Deux milliards de dollars par jour
Pour faire manger la mort à l’amour
Trente millions de militaires
Avec leurs gueules en canons sur la Terre
Paix ! La seule victoire c’est la paix
Pour l’amour de nous pour l’amour de la vie
Assez de morts et de blessés
L’arme suprême c’est l’amour
La force d’aimer est une force désarmée
Mais que puis-je faire pour la paix
Je me sens bien souvent impuissant
Devant les missiles des puissants
Mon arme n’est qu’une chanson d’amour
Que peuvent changer les mots
Même les plus forts même les plus beaux
Quand d’autres disent que la paix
Ce n’est que mort qu’on la connaît
La mort commence par l’indifférence
Mais l’espoir c’est toute la différence
J’entends toutes les nations de la Terre
Chanter chacune son hymne à la paix
À l’oreille des actionnaires de la guerre
La voix des peuples
Plus forte que leurs canons
Six milliards de voix
Dans un grand cri du cœur
Chantant en chœur
Pour l’amour de la vie sur Terre
Paix ! Paix ! Paix !
La seule victoire c’est la paix
Pour l’amour de nous pour l’amour de la vie
Assez de morts et de blessés
L’arme suprême c’est l’amour
La force d’aimer est une force désarmée
Paix ! Paix ! Paix !
La seule victoire c’est la paix
Si je rêve seul de paix la paix ne sera qu’un rêve
Paix ! Paix ! Paix !
La seule victoire c’est la paix
Si Toulmond rêve de paix elle deviendra vraie
Paroles et musique : Raôul Duguay, membre honoraire des Artistes pour la paix
In Kébèk à la porte, Éditions Stanké, p 166, 1993
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