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Donald Trump aux côtés du général Mark A. Milley.

Le président appose son veto au budget de la défense

Un budget de 740,5 milliards de dollars pour le Pentagone a été adopté début décembre à des majorités écrasantes par la Chambre des Représentants, à majorité démocrate, et par le Sénat, pourtant encore contrôlé par les Républicains. Il prévoit une hausse de 3 % (de plus que les hausses annuelles prévues) du salaire du personnel de défense.

Le 23 décembre, à la surprise générale, le président, encore en exercice jusqu’au 20 janvier, a décidé d’apporter son veto à un budget qui selon lui « place les intérêts de l’establishment de Washington au-dessus de ceux du peuple américain ». On ne peut qu’approuver Donald Trump de rejeter aussi des dispositions qui vont à l’encontre de ses « efforts pour ramener les troupes à la maison depuis l’Afghanistan, l’Allemagne et la Corée du Sud ».

Mais il reste incohérent et raciste en accusant le budget d’être trop favorable à la Chine et à la Russie et de contenir des mesures comme celle de renommer des bases militaires nommées en l’honneur de généraux sudistes combattant pour garder l’esclavage jugé par eux moteur indispensable de l’économie des états dépendant des champs de coton, notamment, d’où la Guerre de Sécession qui s’ensuivit.

Il a aussi réitéré son opposition à l’article 230 protégeant le statut juridique des plateformes Web des réseaux sociaux, qu’il accuse de « faciliter la propagation de la désinformation étrangère en ligne, ce qui constitue une menace grave pour notre sécurité nationale et l’intégrité de nos élections » et qui aurait dû, selon lui, faire l’objet d’une section du budget. Mais ses accusations proviendraient surtout de sa rancune d’avoir vu dans les derniers mois de sa campagne les GAFAs commenter ses fausses insinuations contre les frauduleux votes par la poste en les qualifiant de potentially misleading et en insérant des avertissements Get the facts…  qui retournèrent sa tactique de faked news contre lui.

Enfin, après des jours d’opposition, il a fini par approuver dimanche soir, loin des caméras, un projet de loi devant assurer le financement du gouvernement fédéral jusqu’en septembre 2021 en injectant 900 milliards de dollars dans l’économie américaine, alors que les prestations de chômage risquaient d’être supprimées par son obstination.

Le Sénat suivra-t-il le Congrès dans le contournement du veto présidentiel ?

D’après notre analyse, oui, car tous les bras de fer entre le complexe militaro-industriel et les hommes politiques se terminent par la victoire du premier. Élodie Cuzin avec Jérôme Cartillier de l’Agence France-Presse écrivent : la Chambre des représentants a rejeté le veto du président américain, ouvrant la voie à un vote final au Sénat qui pourrait permettre au Congrès de contourner pour la première fois un veto de Donald Trump. « Pour la première fois durant le mandat de Donald Trump, le Congrès est en passe de contourner un véto présidentiel, après le vote de la Chambre des représentants, le 28 décembre, à Washington, par 212 voix démocrates mais aussi 109 républicaines.» Le budget sera plus tard cette semaine soumis au vote du Sénat qui l’avait adopté par 84 voix contre 13 : le milliardaire aura donc une mission quasi-impossible (alors qu’il passe le plus clair de son temps en Floride) pour rallier plus d’un tiers des voix de la Chambre Haute qui permettraient à son veto de survivre.

Confusion du côté démocrate

La Presse du 28 décembre écrit pourtant qu’ « en parallèle, le président élu Joe Biden s’est entretenu lundi avec les prochains responsables de la diplomatie et de la sécurité de son administration. Lors d’une brève allocution à l’issue de de cette rencontre, il a déploré l’obstruction de certains responsables du Pentagone dans la transition en cours. Nous n’avons tout simplement pas toute l’information dont nous avons besoin, a-t-il affirmé, dénonçant une attitude irresponsable. Le Pentagone a rejeté ces accusations. »

CODEPINK juge inquiétante la nomination par Biden comme Secrétaire à la Défense de l’ancien général Lloyd Austin qui pendant un intérim comme civil, s’est lié au conseil d’administration de Raytheon, fabricant d’armes nucléaires et d’armes offensives en particulier destinées à l’Arabie saoudite qui les utilise pour infliger de nombreuses pertes humaines et des souffrances indicibles à la population civile du Yémen.