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Mouvement de protestation contre l’obligation vaccinale anti-Covid-19 imposée aux personnes entrant au Canada par voie terrestre et réintroduite le 15 janvier 2022 par le gouvernement du Canada, la manif des camionneurs a occupé le centre d’Ottawa pendant plus de trois semaines chaotiques : ils ont intimidé les citoyens dans les rues de la capitale, en harcelant surtout ceux qui portaient un masque sanitaire, et entretenu une atmosphère d’insurrection ponctuée de klaxons de camions, même la nuit, avec mouvements quotidiens de foule menaçante à proximité du parlement, non sans parallèle avec l’insurrection du 6 décembre 2021 à Washington par des adeptes de Q Anon et d’autres conspirationnistes armés proches du président Trump.

Ce convoi a même séduit des égarés comme Ann Farrell, collaboratrice régulière à Pressenza.com qui a endommagé nos relations avec ce journal avec qui nous avons plusieurs causes en commun, parce que dès le départ, nous dénoncions ces manifs fascistes, contrairement à ses articles complaisants qui ont même corrompu des groupes européens à se méprendre sur cette insurrection, à qui ils ont prêté des vertus libertaires réelles.

Comme secrétaire général des Artistes pour la Paix, j’ai exprimé haut et fort le danger que représentait cette rébellion fondée sur des motifs complotistes incapables de considérer les avertissements par l’Organisation Mondiale de la Santé (ONU) comme essentiels à la protection de la santé de tous les Canadiens. J’ai averti « de ne surtout pas tenir pour seulement ridicules les prises de position populistes, car elles sont avant tout dangereuses et appuyées par des dons de l’extrême-droite à GoFundMe. »

  1. Le 28 janvier, aux États-Unis, les téléspectateurs du réseau Fox News ont entendu l’annonce exaltée de « 1,4 million de manifestants à Ottawa! En ce moment, au Canada, il y a l’une des plus grandes révolutions. [Les camionneurs] vont rester jusqu’à ce que [Justin] Trudeau démissionne ou qu’il nous redonne nos droits et libertés », clame un ex-hockeyeur canadien à l’animatrice Laura Ingraham. Donald Trump Jr. qualifie de « patriotes » les participants au convoi contre la « discrimination médicale », tandis que le milliardaire Elon Musk félicite les camionneurs canadiens sur Twitter. Un membre d’un des nombreux groupes opposés aux mesures sanitaires « espère que Trudeau est en train de faire dans ses culottes », applaudi par Steeve Charland, figure bien connue du mouvement antimasque et ex-dirigeant du groupe identitaire La Meute, bien mieux connu que les Artistes pour la Paix grâce à nos médias sensationnalistes. (…) Nous écrivons : « Le Service de police d’Ottawa sur un pied d’alerte, de même que le Service canadien du renseignement de sécurité, Michel Juneau-Katsuya, sont catégoriques: « faire le lien avec ce qui s’est passé au Capitole le 6 janvier 2021 n’est pas du tout tiré par les cheveux. Si la plupart des gens du cortège sont raisonnables, le danger provient de têtes brûlées », armées », ajoute-t-on. L’autre problème selon nous serait que les moyens des polices montées et secrètes sont dirigés principalement contre la gauche, les pacifistes, les écologistes, la Russie, la Chine et les autochtones, par exemple, les Wet’suwet’en. La police reste hélas encore majoritairement raciste. Et l’argent va toujours à la droite : la plateforme GoFundMe a récolté 7 millions de $, dont la plupart est fort heureusement retenue en cas de manif non pacifique, précaution utile face au témoignage suivant : « Je pense que ce qu’ils veulent, c’est carrément prendre le contrôle d’Ottawa, bloquer toutes les entrées, toutes les sorties », a exposé Sylvain Allard, un camionneur interviewé par le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime qui vit alors sa première béate heure de gloire parmi les complotistes.
  2. Le 11 février, nous citons Gérard Bronner, spécialiste des croyances collectives et auteur de Crédulité et rumeurs (Le Lombard, 2018) cité dans Tintin et l’aventure : « On assiste à l’apparition de (…) théories du complot qui apportent des réponses, comme la religion (…) [La] méfiance vis-à-vis de la science a toujours existé en démocratie, mais elle atteint un niveau inquiétant. Pendant le confinement, tout le monde s’est rué sur les réseaux sociaux et les sites d’information. Le besoin de s’informer est louable, encore faut-il puiser aux bonnes sources…C’EST PLUS L’IMPRESSION DE SAVOIR que l’ignorance elle-même qui est un obstacle à la connaissance. »
  3. Après l’encouragement initial de Pierre Poilièvre, les conservateurs en ont appelé à la levée du siège, constatant avec stupeur qu’ils ont contribué, comme le père de Frankenstein,  à créer un monstre dont ils ont perdu le contrôle (écrit L’Aut’Journal).
  4. La télévision de Radio-Canada jeudi le 10 février dénonce « d’anciens agents de la GRC et d’anciens militaires parmi les organisateurs des convois de camionneurs ». Porteurs de red insigns canadiens, de svastikas nazies et de pancartes FUCK TRUDEAU, une journée après l’appel de (presque) tous les démocratiquement élus de la Chambre des Communes (à l’exception du méprisable Pierre Poilièvre albertain versant l’huile sur le feu), ces nationaleux bloquent al encore les frontières de l’Alberta, du Manitoba et de Windsor, malgré les admonestations du Président Biden et des démocrates américains au Sénat, malgré l’état d’urgence proclamé par le conservateur Ford premier ministre de l’Ontario, tandis que le pitoyable maire d’Ottawa s’époumone encore à menacer d’amendes sévères ceux qui depuis plus de deux semaines paralysent sa ville et que ses propres policiers protègent manifestement (des photos les montrent tenant, souriants, les drapeaux et oriflammes des manifestants).
  5. Le premier ministre Trudeau refuse de faire intervenir l’armée pour mettre fin au siège d’Ottawa et rouvrir le pont Ambassador en déclarant : « On n’envoie pas l’armée contre son peuple ». Son père l’avait pourtant fait en octobre 1970. Mais les quelques milliers de complotistes ne constituent pas et ne représentent pas le peuple, lui répond Pierre Dubuc : « Le peuple, Monsieur Trudeau, c’est mon garagiste qui, la veille de l’opération qu’il devait subir pour sa hanche, a reçu un appel de son hôpital pour reporter sine die l’opération. Le peuple, Monsieur Trudeau, c’est toutes celles et ceux qui, par suite de l’entêtement des non-vaccinés, voient leur chirurgie reportée, renoncent à leur traitement ou n’osent tout simplement pas se présenter à l’urgence, de crainte d’attraper la COVID ou de « déranger » le personnel hospitalier dont on lui répète, avec raison, qu’il est « au bout du rouleau ».
  6. Le 18, nous reproduisons l’opinion d’André Binette dans l’Aut’Journal : Une manifestation ou une assemblée n’est pas pacifique si on y retrouve des armes, des actes d’agression envers des policiers ou des journalistes ou si on y exprime l’intention de renverser par la force un gouvernement élu démocratiquement. Dès le départ, certains camionneurs se sont exclus du cadre de la Charte canadienne des droits et libertés.
  7. Le 22 février, Emmanuelle Latraverse dans le Journal de Montréal dénonce le NewYork Times, qui prêtait foi à des manifestants jurant avoir vu des policiers armés tirer sur la foule et une femme piétinée à mort par un cheval de la gendarmerie royale.
  8. Les APLP ont publié la caricature de Phaneuf :convoi-2
  9. Puis nous avons publié la caricature de Chapleau :convoi-3

Et présentement, dénoncer les complotistes est la chose à faire, comme la journaliste Josée Boileau l’a fait sans équivoque à l’émission Gravel du 15 octobre à Radio-Canada qui couvrait la Commission sur l’état d’urgence à Ottawa.

La responsabilité de ces violentes confusions incombe en très grande majorité aux manifestants eux-mêmes, mais on peut se poser la question si elles seraient survenues, si le gouvernement Freeland-Trudeau qui a préféré écouter Trump, plutôt que le docteur Ghebreyesus de l’OMS, avec une incertitude raciste chinoise via la politique internationale de Trudeau qui a emprisonné Meng Wanzhou sous l’ordre de Trump.

Heureusement, la politique sanitaire canadienne entre les mains de la compétente docteure Tam, née à Hong Kong, nous a guidés efficacement, en révélant même les origines du virus attribuées à un marché de Wuhan. La docteure Joanne Liu, sommité internationale en matière de lutte contre les épidémies, était cependant écartée par Québec, pour des motifs futiles selon Sophie Langlois, non étrangers selon nous à ses prises de position anti-OTAN comme présidente des Médecins sans Frontières.

Bref santé et politique n’ont pas fait bon ménage.