Aujourd’hui, il faut dire bravo à ICAN.org (Beatrice Fihn et Setsuko Thurlow) et à l’ambassadrice Elayne Whyte-Gomes du Costa-Rica qui ont obtenu d’un 50e pays la ratification du Traité d’Interdiction des Armes nucléaires qui entrera en janvier en vigueur à l’ONU ! Trois partis au Canada (merci à A. Wagner) Bloc Québécois, NPD et Parti Vert l’approuvent. Le 19 novembre, montrant que la campagne anti-nucléaire des Parlementaires mondiaux n’a pas été vaine, les députés Hedy Fry (Libérale), Alexis Brunelle-Duceppe (Bloc Québécois), Heather McPherson (NPD), Elizabeth May (Parti Vert), de même que Setsuko Thurlow, survivante du bombardement atomique sur Hiroshima, qui a accepté le Prix Nobel de la Paix 2017 au nom de la Campagne Internationale pour l’Abolition des Armes Nucléaires, participeront à un débat organisé par L’Institut canadien de politique étrangère et la Coalition torontoise pour commémorer Hiroshima-Nagasaki, avec l’aide des Artistes pour la Paix.

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24 octobre 2020 : Le Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires est ratifié par un 50e pays, donc selon les règles de l’ONU, prêt à entrer en vigueur dans trois mois, alors que les États-Unis avaient affirmé que cela n’arriverait jamais.

Décembre 2017 : La directrice d’ICAN.org, à Oslo, Beatrice Fihn, aux côtés de Setsuko Thurlow qui prépare dans sa tête son vibrant discours, attend de recevoir le Prix Nobel de la Paix 2017 des mains du roi de Norvège.

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Beatrice Fihn, aux côtés de Setsuko Thurlow.

17 juillet 2017 : L’ambassadrice du Costa-Rica Elayne Whyte-Gomez réussit, après des années de démarches, à faire adopter par 122 pays à l’ONU son Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN). Elle vient à Ottawa le 22 septembre – photo où elle est entourée de gauche à droite par Pierre Jasmin (APLP), Debbie Grisdale (CNANW) et Steven Staples (Peace Quest), mais aucun politicien n’était là pour la féliciter.

Pierre Jasmin (APLP et Pugwash Canada), Debbie Grisdale (Réseau canadien pour l’abolition de l’arme nucléaire) et Steven Staples (Institut Rideau et ceasefire.ca) encadrent l’ambassadrice Elayne Whyte du Costa Rica, le 25 septembre 2017, à Ottawa.

Pierre Jasmin (APLP et Pugwash Canada), Debbie Grisdale (Réseau canadien pour l’abolition de l’arme nucléaire) et Steven Staples (Institut Rideau et ceasefire.ca) encadrent l’ambassadrice Elayne Whyte du Costa Rica, le 25 septembre 2017, à Ottawa.

Voici un texte paru dans Pressenza pour l’occasion historique du 24 octobre.

  • 50 pays (…) ont déclaré les armes nucléaires illégales.
  • Les armes nucléaires seront interdites tout comme les armes chimiques et biologiques.
  • Les Nations Unies activeront le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires en janvier 2021.

Le 24 octobre, grâce à l’incorporation du Honduras, le nombre de 50 pays ayant ratifié le Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN) promu par les Nations Unies a été atteint. Dans trois mois, le TIAN entrera en vigueur au niveau international lors d’un événement au siège des Nations Unies à New York.

Ensuite, le TIAN continuera sur la voie d’une interdiction totale des armes nucléaires. Ces 50 pays seront rejoints par les 34 qui ont déjà signé le TIAN et attendent sa ratification ainsi que par les 38 autres qui ont travaillé et soutenu sa création à l’ONU. Il est possible que des tensions apparaissent dans les pays restants en raison de la pression exercée par les puissances nucléaires pour faire taire la volonté du peuple, mais dans tous les cas, ce sont les citoyens qui devront élever la voix et faire pression sur nos gouvernements pour qu’ils se joignent à la clameur générale contre les armes nucléaires. Nous devons faire en sorte que ce tollé continue de s’amplifier jusqu’à ce que les puissances nucléaires soient de plus en plus isolées, tandis que leurs propres citoyens exigent de se joindre à la dynamique de préservation de la paix afin de ne pas favoriser un désastre.

L’entrée en vigueur du TIAN est une étape importante qui ouvre des possibilités qui étaient inimaginables jusqu’à récemment. Nous considérons qu’il s’agit de la première brique retirée du mur qu’il faut démolir, et le fait d’y être parvenu est un signe que de nouveaux progrès peuvent être réalisés. C’est peut-être la nouvelle la plus importante de ces dernières décennies au niveau international. Bien qu’il n’y ait pas d’informations dans les médias officiels, nous prévoyons que cette dynamique va s’étendre, et plus rapidement lorsque ces actions, aujourd’hui ignorées et/ou déformées par les puissances dominantes, pourront être rendues visibles.

Le grand protagoniste de cette réalisation a été la Campagne Internationale pour l’Abolition des Armes Nucléaires (ICAN), lauréate du prix Nobel de la paix en 2017, qui a souligné dans son compte-rendu sur twitter l’importance de l’événement, avec l’entrée en vigueur du Traité à partir du 22 janvier 2021.

Lors de la récente Marche Mondiale, nous avons constaté que même dans les pays dont les gouvernements soutiennent le TIAN, la majorité des citoyens n’en sont pas conscients. Étant donnée la situation internationale de conflits et d’incertitudes sur l’avenir, au milieu de la pandémie qui nous touche, il y a une saturation de signaux négatifs et de « mauvaises nouvelles ». C’est pourquoi, afin de soutenir plus efficacement ce Traité, nous proposons de ne pas mettre l’accent sur la peur d’une catastrophe nucléaire comme facteur de mobilisation mais, au contraire, de souligner les raisons de célébrer l’interdiction.

Cyber-Célébration

Monde Sans Guerres et Sans Violence (MSGSV), membre d’ICAN se propose d’organiser une grande fête le 23 janvier 2021 pour célébrer cette étape historique. Cela aura le format virtuel d’un cyber-festival. Il s’agit d’une proposition ouverte à tous les collectifs, acteurs culturels et citoyens intéressés. Il y aura un parcours virtuel de toute l’histoire de la lutte contre les armes nucléaires : mobilisations, concerts, marches, forums, manifestations, déclarations, activités éducatives, colloques scientifiques, etc. De plus, pour cette journée de célébration planétaire, il y aura bien sûr diverses activités musicales, culturelles et artistiques avec une large participation citoyenne.

Aujourd’hui, nous nous joignons aux déclarations de Carlos Umaña (coordonateur ICAN pour l’Amérique latine et les Caraïbes), qui a déclaré avec émotion :

« Aujourd’hui est un jour historique, qui marque un jalon dans le droit international en faveur du désarmement nucléaire… Dans 3 mois, lorsque le TIAN sera officiel, l’interdiction sera du droit international. Ainsi commence une nouvelle ère… Aujourd’hui est un jour d’espoir ».

Nous saisissons également cette occasion pour remercier et féliciter les pays qui ont ratifié le TIAN et toutes les organisations, collectifs et militants qui ont travaillé et continuent de travailler pour que l’humanité et la planète puissent commencer à suivre le chemin qui mène à l’élimination totale des armes nucléaires. C’est quelque chose que nous réalisons ensemble. Nous voulons faire une mention spéciale à l’organisation Peace Boat qui, depuis le Japon, le jour de la célébration, a rappelé et reconnu le travail que MSGetSV avait réalisé pour la campagne ICAN durant tout le parcours de la 2ème Marche Mondiale.

Nous continuerons à travailler avec tous en faveur de la paix et la nonviolence. Parmi les nouvelles actions prévues, MSGetSV organisera un webinar pour les étudiants et les professeurs de diverses universités dans le cadre d’une série d’activités que le secrétariat permanent du Sommet des Prix Nobel de la Paix a programmées dans les prochains mois. Le thème sera : « Les actions à la base sociale et leur projection à échelle internationale ». Sous l’impulsion de ces actions et de nombreuses autres à venir, nous renforçons l’annonce faite le 2 octobre dernier de la réalisation de la 3ème Marche Mondiale pour la Paix et la Nonviolence en 2024.

Rafael de la Rubia
Coordonateur de la Marche Mondiale pour la Paix et la Nonviolence

Liste des pays (11% de la population mondiale) qui ont ratifié le TIAN

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Logo créé à l’occasion de la 50e ratification par le Honduras

Antigua-et-Barbuda, Autriche, Bangladesh, Belize, Bolivie, Botswana, îles Cook, Costa Rica, Cuba, Dominique, Équateur, El Salvador, Fidji, Gambie, Guyane, Honduras, Irlande, Jamaïque, Kazakhstan, Kiribati, Laos, Lesotho, Malaisie, Maldives, Malte, Mexique, Namibie, Nauru, Nouvelle-Zélande, Nicaragua, Nigeria, Niue, Palau, Palestine, Panama, Paraguay, Saint-Christophe-et-Nevis, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Samoa, Saint-Marin, Afrique du Sud, Thaïlande, Trinidad-et-Tobago, Tuvalu, Uruguay, Vanuatu, Cité du Vatican, Venezuela, Vietnam.

Il y a trente ans, la Guerre froide s’est terminée sur des réductions importantes des arsenaux nucléaires et une montée d’espoir que cette folie d’aspirer à la sécurité par l’assurance d’une destruction mutuelle serait bientôt reléguée à l’histoire. Mais les relations entre l’Occident et la Russie se sont de nouveau envenimées. L’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR dont Trudeau a coupé les subventions canadiennes) déclare que le risque du recours aux armes nucléaires n’a jamais été aussi élevé depuis la Seconde Guerre mondiale, tandis que le Bulletin des Savants Atomistes règle son horloge fatidique à 100 secondes avant minuit.

Les puissances nucléarisées dépensent annuellement environ une centaine de milliards de dollars à la «modernisation » de leurs arsenaux. Cette course renouvelée aux armes nucléaires se déroule dans un contexte qui ne cesse de se détériorer sur le plan de la sécurité mondiale et dans lequel on assiste à l’écroulement des institutions et des accords voués à l’avancement du contrôle des armes et du désarmement. Cet écroulement est rendu au point que, si l’accord New START américano-russe de 2010 n’est pas renouvelé avant son échéance de février 2021, il ne restera plus un seul traité international susceptible d’imposer des limites précises sur les arsenaux nucléaires.

Car depuis l’an 2000, une série de traités clés ont été abandonnés : le Traité sur les missiles antimissiles balistiques Traité ABM de 2001, le Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe de 2007, le pacte nucléaire iranien (Joint Comprehensive Plan of Action ou JCPoA déchiré par les USA en 2018) et le Traité de limitation des armes nucléaires à moyenne portée en 2019. L’Administration Trump s’est retirée également du Traité « Ciel ouvert » de 2002, cet accord qui permet aux membres, y compris la Russie et les États-Unis, de survoler leurs territoires réciproques, suivant le conseil célèbre de Ronald Reagan de « faire confiance tout en vérifiant » (le Canada a joué un rôle clé dans l’élaboration de ce traité et est un des États dépositaires). Le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires de 1996 n’est toujours pas entré en vigueur, car pendant plus de deux décennies, le forum désigné par l’ONU pour la négociation des traités, à savoir la Conférence sur le désarmement à Genève, est resté dans une impasse et n’a fait aucun progrès vers ce traité mineur, dont le Canada s’est fait le champion, visant à stopper la production de matière fissile aux fins d’armement.