L’Association québécoise des critiques de théâtre (AQCT) a le bonheur de souligner, après les deux années ardues que le milieu théâtral a héroïquement traversées, l’excellence de la saison 2021-2022. Voici donc les noms des lauréates et lauréats montréalais·es des Prix de la critique. Nos plus sincères félicitations à toutes et à tous !

Dans la catégorie « Meilleur spectacle », le gagnant est :

PAS PERDUS | DOCUMENTAIRES SCÉNIQUES, d’Anaïs Barbeau-Lavalette et Émile Proulx-Cloutier, dans une mise en scène d’Émile Proulx-Cloutier, une coproduction d’Anaïs Barbeau-Lavalette, d’Émile Proulx-Cloutier et du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui.

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Ce spectacle, qui a profondément touché la critique, a su conjuguer des portraits d’individus d’une délicatesse achevée à celui d’une communauté qui en ressort auréolée d’une aura d’ouverture et de solidarité inspirante. Les mouvements et la danse, grâce à une mise en scène d’une grande finesse, s’y révélaient d’une éloquence remarquable. Rarissimes sont les pièces de théâtre documentaires qui s’avèrent aussi émouvantes. Il ne fait pas de doute, aux yeux des membres montréalais·es de l’AQCT, qu’il s’agit là d’une création exceptionnelle.

Rappelons que les autres finalistes étaient :

ULSTER AMERICAN, de David Ireland, traduit par François Archambault, dans une mise en scène de Maxime Denommée, une production de La Manufacture ;

VERNON SUBUTEX 1, d’Angela Konrad, d’après Virginie Despentes, dans une mise en scène d’Angela Konrad, une coproduction de La Fabrik et de l’Usine C.

Dans la catégorie « Meilleur texte original », le gagnant est :

JE SUIS UN PRODUIT, de Simon Boudreault, une production de Simoniaques Théâtre, en codiffusion avec La Manufacture.

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Ce texte d’une causticité délectable abordait des thèmes d’une actualité criante, liés au sein d’une trame riche où ceux-ci se croisaient et se nourrissaient. Le sujet de la diversité culturelle, en particulier, y était traité sous un angle inusité. L’auteur réitérait dans cette pièce, où évoluaient des personnages archétypaux et pourtant empreints d’humanité et de véracité, la faculté de la comédie d’offrir une critique sociale incisive et prégnante.

Rappelons que les autres finalistes étaient :

NASSARA, de Carole Fréchette, une coproduction du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui et du Théâtre des Récréâtrales (Ouagadougou) ;

ROSE ET LA MACHINE, de Maude Laurendeau, une production de Porte Parole.

Dans la catégorie « Meilleure mise en scène », la gagnante est :

ANGELA KONRAD, pour Vernon Subutex 1, d’Angela Konrad, d’après Virginie Despentes, une coproduction de La Fabrik et de l’Usine C.

Vernon_Subutex

La metteuse en scène a proposé une transposition éclairée et incarnée d’une œuvre littéraire culte en imprégnant l’espace scénique d’une ambiance survoltée et complexe. Sa direction d’acteurs éblouissante a permis de révéler les multiples strates psychologiques et émotives sur lesquelles sont érigés les personnages. La pertinence de la trame sonore, qu’elle a superposée à leurs péripéties à la fois tragiques et comiques, et son exploitation brillante de l’aire de jeu participaient aussi de son orchestration omnisciente et magistrale d’une fresque épique offrant un portrait troublant d’une modernité avilissante et déliquescente.

Rappelons que les autres finalistes étaient :

ÉMILE PROULX-CLOUTIER, pour Pas perdus | documentaires scéniques d’Anaïs Barbeau-Lavalette et Émile Proulx-Cloutier, une coproduction d’Anaïs Barbeau-Lavalette, d’Émile Proulx-Cloutier et du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui ;

JEAN-SIMON TRAVERSY, pour Manuel de la vie sauvage, de Jean-Philippe Baril Guérard, une production de Duceppe.

Dans la catégorie « Meilleur concepteur ou meilleure conceptrice », le gagnant est :

PIERRE-ÉTIENNE LOCAS, pour sa conception du décor de La Métamorphose, de Claude Poissant, d’après Franz Kafka, une production du Théâtre Denise-Pelletier

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Ce décor ingénieux et élégant proposait une scission symbolique entre deux parties, l’une ouverte et l’autre fermée, de même qu’une réinterprétation intéressante de l’univers stylistique des années 1960. Son concepteur s’est aussi démarqué par son usage inusité et éloquent des lignes et des angles, de même que par ses déclinaisons habiles du leitmotiv visuel de la transparence.

Rappelons que les autres finalistes étaient :

PATRICE CHARBONNEAU-BRUNELLE, pour sa conception du décor de Rose et la machine, de Maude Laurendeau, une production de Duceppe ;

L’ÉQUIPE DE CONCEPTION DE RACONTARS ARCTIQUES, pour sa conception du décor, des accessoires, des marionnettes, de l’environnement sonore et des éclairages de Racontars arctiques, de Jørn Riel, traduit par Susanne Juul et Bernard Saint Bonnet, et adapté par Anne Lalancette (avec la collaboration de Francis Monty, Jérémie Desbiens, Simon Landry-Desy et Alexandre Harvey), une coproduction de La ruée vers l’or et du Théâtre de la Pire Espèce.

Dans la catégorie « Meilleure interprétation féminine », la gagnante est :

JULIE LE BRETON, pour son rôle dans Les Dix Commandements de Dorothy Dix, de Stéphanie Jasmin, dans une mise en scène de Denis Marleau, une coproduction d’Ubu compagnie de création, d’Espace Go et de La Colline – Théâtre national, Paris.

Dorothy-Dix

Cette brillante comédienne a offert une incarnation des plus probantes d’un personnage qui traverse plusieurs décennies, en s’appuyant sur un jeu à la fois subtil, vibrant et d’une précision méticuleuse. Elle a su rendre bouleversante la quête aveugle de bonheur d’une femme intelligente, mais engoncée dans des normes irréalistes dont elle ne peut s’extirper, et lui a insufflé une lucidité désarmante qui portait le public à l’introspection.

Rappelons que les autres finalistes étaient :

KATHLEEN FORTIN, pour son rôle dans Toutes choses, de Fanny Britt, dans une mise en scène d’Alexia Bürger, une production du Théâtre de Quat’Sous ;

EMMANUELLE LUSSIER-MARTINEZ, pour son rôle dans Les Sorcières de Salem, d’Arthur Miller, traduit et adapté par Sarah Berthiaume, dans une mise en scène d’Édith Patenaude, une production du Théâtre Denise-Pelletier.

Dans la catégorie « Meilleure interprétation masculine », le gagnant est :

ROGER LA RUE, pour son rôle dans Rita au désert, d’Isabelle Leblanc, dans une mise en scène d’Isabelle Leblanc, une coproduction du Théâtre de l’Opsis et de La Colline – Théâtre national, Paris, en codiffusion avec le Théâtre de Quat’Sous.

Rita_au_désert

Ce comédien chevronné a su livrer une performance unique et complexe en passant avec aisance, doigté et conviction du rôle d’un écrivaillon à la petite semaine à celui d’un grand reporter exalté sans jamais créer de ruptures dissonantes. Son interprétation sensible et nuancée a su convaincre l’auditoire du pouvoir salvateur de la création et véhiculer efficacement les autres thèmes de la pièce.

Rappelons que les autres finalistes étaient :

ALEX BERGERON, pour son rôle dans La Métamorphose, de Claude Poissant, d’après Franz Kafka, dans une mise en scène de Claude Poissant, une production du Théâtre Denise-Pelletier ;

ÉRIC BERNIER, pour son rôle dans Je suis un produit, de Simon Boudreault, dans une mise en scène de Simon Boudreault, une production de Simoniaques Théâtre, en codiffusion avec La Manufacture.

Dans la catégorie « Meilleur spectacle jeune public », le gagnant est :

BOIS, de Csaba Raduly et Pavla Mano, dans une mise en scène de Csaba Raduly et Pavla Mano, une production de Puzzle Théâtre.

bois

Ce spectacle a marqué la critique par sa créativité débridée, par la manipulation d’une grande habileté de ses marionnettes en matériau brut, par son humour imparable, par sa trame sonore ainsi que par l’inventivité déployée, qui permet au duo d’artistes de raconter une histoire cohérente et captivante avec des personnages – faits de branches de bois – aux caractéristiques et aux traits distinctifs, et ce, sans recourir à un texte.

Rappelons que les autres finalistes étaient :

CHANSONS POUR LE MUSÉE, de Karine Sauvé et David Paquet, dans une mise en scène de Karine Sauvé et Anne-Marie Guilmaine, une production de Mammifères ;

IL N’Y AURA PLUS D’ÉLÉPHANT, de Fabien Fauteux, dans une mise en scène de Fabien Fauteux, une production de Tortue Berlue.

Les Prix de la critique remis par l’AQCT

Les Prix de la critique sont remis annuellement depuis 1985, à Québec et à Montréal, à la suite d’un vote des membres de l’Association québécoise des critiques de théâtre suivi d’une discussion. L’AQCT compte près d’une quarantaine de membres œuvrant dans une quinzaine de médias à Montréal et à Québec.