C’est la tendance qui exprime la possibilité en tant qu’elle est devenue la spontanéité de notre personne. La tendance est :

■ notre passé accumulé qui, par sa seule force sollicite, appelle déjà notre avenir ;

■ nos impulsions naturelles qui reflètent l’aventure génique de notre espèce, l’histoire primitive de la genèse de l’être humain;

■ nos facilités et nos talents génétiques, épigénétiques et développés dans notre enfance;

■ les conditionnements sociaux que nous avons intériorisés qui nous inhibent ou nous poussent dans certaines directions.

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C’est par la tendance que la vie nous traverse et nous porte, que le passé tend à définir notre avenir. Le propre de la conscience doit être de pénétrer les tendances pour les rendre siennes plutôt que de les refouler pour s’en imaginer libre. La liberté ne se passe pas des tendances ; elle en a besoin pour agir, et même, elle a d’autant plus d’efficacité qu’elle aura réuni plus de tendances qui lui fourniront à la fois la matière et l’énergie de sa propre opération.

Néanmoins, nous ne pouvons pas nous y abandonner aveuglément, car les tendances sont pleines de contradictions. Notre tâche est de les découvrir, de les sélectionner, de les choisir et de les embarquer dans notre aventure. Dans le passage du possible à l’action libre, la tendance joue le rôle de catalyseur et de médiateur.

Évidemment, le propre de la valeur, c’est de tenter de briser nos liens avec la nécessité, le conditionnement et l’habitude, de chercher dans l’intemporel ou même dans l’absolu, la source d’une création qui nous donnerait une satisfaction pleine. Mais, c’est seulement un idéal limite, car la liberté est toujours engagée dans une nature qui la borne et une société qui la conditionne tout en lui donnant les moyens pour agir. La conscience ne peut s’en séparer qu’afin de retrouver en elle une signification qui la contente et une force qui la soutient, mais ensuite, la conscience ne peut imaginer seule, elle doit composer avec les autres, et toute l’écosphère.