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Parmi toutes les institutions culturelles relevant du ministère de la Culture, BAnQ demeure le parent pauvre et a écopé de plusieurs vagues de compressions budgétaires au fil des ans. Photo: Guillaume Levasseur – Le Devoir

Jacques Kirouac
Directeur général, Science pour tous

Nous avons appris récemment l’abolition du service des expositions à Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ). Ce tout petit groupe d’employés était responsable de l’élaboration et de la présentation d’expositions à la Grande Bibliothèque, mais aussi dans les autres édifices et centres d’archives de BAnQ. Cette annonce est passée totalement sous silence et n’a été faite qu’aux employés par l’entremise d’un communiqué interne diffusé le 16 mai dernier. La nouvelle, pourtant d’une grande importance, était glissée dans l’annonce de la création de la direction des services éducatifs, présentée comme faisant partie des grands objectifs de la nouvelle planification stratégique de l’institution.

Il y est précisé que : « […] BAnQ ne présentera plus d’expositions, à compter de novembre 2019. Un poste de chargée de projets aux expositions est réaffecté à la programmation et deviendra un poste de chargée de projets à la programmation. Un poste de technicienne principale en muséologie est aboli et son occupante sera réassignée dans un poste de technicienne en muséologie à la Direction générale de la Bibliothèque nationale. »

Parmi toutes les institutions culturelles relevant du ministère de la Culture, BAnQ demeure le parent pauvre et a écopé de plusieurs vagues de compressions budgétaires au fil des ans. La pression que le gouvernement actuel met sur ses ministères et organismes pour insérer l’éducation et le numérique au coeur de leurs priorités se fait au détriment d’autres missions essentielles telles que l’éducation par l’entremise des expositions de qualité que présentait BAnQ.

Ces expositions étaient, sont, très appréciées des visiteurs, bien qu’elles n’aient jamais fait l’objet de beaucoup de promotion. BAnQ, la plus grande détentrice de collections patrimoniales québécoises, n’a pas qu’un rôle d’archivage et de conservation de nos collections, mais aussi d’éducation, de mise en valeur et de présentation d’expositions accessibles à tous. Supprimer ces expositions présentées gratuitement porte atteinte à la démocratisation de notre culture et à la connaissance de notre patrimoine pour tous les Québécoises et Québécois, jeunes et adultes. Sur le site de BAnQ, on peut encore trouver, mais pour combien de temps (?) la Politique culturelle qui encadre, notamment, la conception et la présentation d’expositions. On y lit que « BAnQ conçoit et réalise un programme d’expositions qui est présenté dans son réseau. Ces expositions peuvent également circuler dans d’autres lieux et réseaux comme les bibliothèques, les maisons de la culture, les musées ou les centres d’expositions ».

Science pour tous est préoccupé par cette situation. Nous avons maintes fois défendu la place de la culture scientifique dans le grand écosystème de la culture générale, et BAnQ a un rôle essentiel à jouer en ce sens par la mise en valeur et la diffusion des documents et artéfacts, souvent uniques, auxquelles contribuent évidemment les expositions thématiques, historiques, patrimoniales et de nature scientifique et technique.

Par la présente, nous demandons au président-directeur général de BAnQ, M. Jean-Louis Roy, et à son conseil d’administration de reconsidérer cette décision d’abolir le service des expositions, de réintégrer ces activités à son futur plan stratégique et d’obtenir de la part du gouvernement les budgets nécessaires pour s’acquitter de son essentielle mission d’éducation et de mise en valeur de nos collections patrimoniales au moyen d’expositions professionnelles tant à Montréal qu’en itinérance à travers le Québec.

Pierre Jasmin
Artiste pour la Paix

Une mission essentielle supprimée

C’est par une exposition de la BAnQ que j’avais rencontré M. René Derouin dont les œuvres étaient exposées, avec de brillants commentaires muséologiques qui m’ont persuadé de le proposer au conseil d’administration des Artistes pour la Paix comme APLP2017.

Ce qui fut accepté. On voit par son exposition actuelle à Baie Saint-Paul, avec comme thème LES RAPACES, combien l’artiste a bien identifié les ennemis de la paix… et de son pays de prédilection, le pauvre Mexique emmuré par Trump.

René Derouin
Artiste multi-disciplinaire, APLP de l’année 207

C’est incroyable cette décision et inexplicable par le silence de la BANQ ;  j’ai travaillé avec une équipe extraordinaire lors  de  mon exposition FLEUVE en 2013; cette exposition a reçu le plus grand nombre de  visiteurs dont beaucoup de latinos  qui découvraient la BANQ.

Cette équipe a quitté la BANQ,  un après l’autre,  une expertise  de 10 ans  de connaissances  disparue. Alors pourquoi ces collections si nous ne pouvons les montrer  aux publics ? À Paris à la  Bibliothèque Francois-Mitterrand il y des salles d’expositions pour leurs collections et les importantes donations  qu’ils reçoivent des artistes  ou des collectionneurs.