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Le 7 décembre 2020, l’eau a fait son entrée à la Bourse de Chicago à l’initiative du fonds d’investissement spéculatif le plus puissant du monde, le Black Rock, provoquant de fortes réactions d’opposition et de critique dans le monde entier.

Dans cette même lignée, le 25 octobre dernier, la Bourse de New York a ouvert une classe d’actifs financiers dont la gestion est assurée par une catégorie nouvelle de sociétés appelées « Natural Assets Companies » (NAC). Nous assistons aujourd’hui à une véritable monétisation de la nature sous la protection de la Bourse permettant de vendre et acheter des morceaux de la planète pour en extraire des profits.

L’entrée en bourse et la monétisation de l’eau va à l’encontre de la résolution de l’Assemblée générale des Nations-unies de 2010 qui reconnaît l’eau comme un bien commun et un droit universel humain. Comment peut-on laisser des sociétés privées s’approprier une ressource commune au détriment d’un accès universel reconnu et adopté par les Nations Unies ?

La financiarisation qui se nourrit à même les pénuries !

Loin de réduire le gaspillage et d’assurer une gestion responsable de l’eau dans les endroits où elle manque cruellement, la financiarisation creusera les inégalités entre les riches pouvant se payer la ressource et les pauvres qui n’y auront plus accès. La rareté pour les uns est la richesse pour les autres, selon le dogme libéral. À l’heure où 2,2 milliards de personnes n’ont toujours pas l’accès minimum vital à l’eau potable et 3,4 milliards ne disposent pas d’un assainissement de base, que fait la finance ? Elle intervient massivement pour « gouverner » la pénurie d’eau et garantir ainsi, par le biais d’un prix spéculatif, que l’eau soit disponible pour les entreprises privées qui sont de grands utilisateurs et réalisent des profits. La financiarisation de l’eau est un grand pas en arrière pour vaincre ce fléau !

Comme la rareté de l’eau en augmente sa valeur et que la conservation des milieux naturels ne rapporte pas de bénéfices économiques directs, les financiers iront jusqu’à vendre la dernière goutte d’eau; pour quelques dollars supplémentaires, ils laisseront les communautés locales et les écosystèmes à sec comme c’est déjà le cas pour le Delta du fleuve Colorado au Mexique.

Cette main basse sur nos ressources naturelles et vitales doit s’arrêter ici et maintenant, avant que l’eau, l’air et le vivant en entier servent à étancher la soif d’argent de quelques financiers en laissant nos gorges arides.

Afin de prendre conscience de la pente glissante sur laquelle s’engage les gouvernements qui tolèrent que leur ressource en eau se transige à la bourse, l’association internationale Agora des Habitants de la Terre a lancé la campagne Libérons l’eau de la Bourse en Belgique, en Argentine, au Brésil, au Chili, en France, en Italie et au Québec simultanément le 7 décembre 2021.

Considérant que:

  • le gouvernement du Canada a appuyé, en 2012, la motion présentée au Nations Unies reconnaissant l’eau comme un droit humain et un bien commun;
  • la financiarisation est en opposition directe au droit commun à la ressource;
  • le Canada est propriétaire de 20% de la ressource en eau et est responsable d’en assurer la conservation pour les générations futures;
  • le gouvernement du Canada n’a toujours pas mis fin aux problèmes d’approvisionnement d’eau potable dans les communautés autochtones;

 

Nous exigeons du Gouvernement du Canada qu’il :

  1. s’oppose ouvertement au marché boursier de l’eau dans ses relations internationales et signature d’accords;
  2. propose l’adoption d’une loi fédérale interdisant la spéculation sur des contrats à terme sur l’eau du Canada ou d’ailleurs;
  3. interdise la cotation en bourse des entreprises de services d’eau tel le traitement de l’eau potable et l’assainissement des eaux usées;
  4. interdise l’exportation de l’eau embouteillée;
  5. refuse la monétisation de la nature et reconnaisse le droit des rivières, des mers, des lacs, des glaciers et de leurs écosystèmes à exister en tant que tels, en tant que communs naturels universels de la vie.

 

La campagne internationale est promue par l’Agora des Habitants de la Terre, en étroite collaboration au Québec avec Eau Secours et appuyée par le Conseil central du Montréal Métropolitain-CSN, les Artistes pour la Paix et le Réseau québécois des groupes écologistes (RQGE).

Pour signer la pétition, cliquez ici.