Ce midi à la télévision de Radio-Canada, les trois intervenants de l’émission Mordus de politique se moquaient sans réserve de la réaction insignifiante du Premier ministre Trudeau, à la suite du rapport dévastateur de l’Ombudsman de la Défense nationale et des Forces Canadiennes. Ce rapport accuse la politique libérale de non-intervention de favoriser des haut-gradés accusés d’agressions sexuelles contre des victimes à qui on nie les possibilités de se voir accorder des mesures de justice.

Nous réclamons donc encore une fois la démission du ministre de la Défense Harjit S. Sajjan et aussi une réaction immédiate de la juge Louise Arbour qui par son silence donne raison aux contrevenants et mine le travail accompli par la juge Marie Deschamps.

Pierre Jasmin,
au nom du Conseil d’Administration des Artistes pour la Paix

sajjan

Harjit S. Sajjan

En 2016, nous avions produit un document réclamant que le ministère de la Défense soit remplacé par Un Ministère de la Paix et de la Sécurité, conformément à la recommandation unanime de l’Enquête populaire sur la paix et la sécurité d’avril 1992, dont une grande partie des audiences avait été organisée dans nos locaux à Montréal.

Quant au mémoire de 2016, il s’intitulait :

À l’heure des grands changements dans le monde, pour une nouvelle conception de la sécurité

Mémoire des Artistes pour la Paix
à l’intention du Ministère de la Défense

À l’occasion de ses consultations pour une nouvelle politique de défense du Canada
3 août 2016

Ottawa – Défense nationale / Forces armées canadiennes

Le ministre de la Défense Harjit S. Sajjan a annoncé le 6 avril 2016 « le lancement de consultations publiques dans le cadre d’un dialogue ouvert et transparent avec les Canadiens et d’autres intervenants clés visant à éclairer l’élaboration d’une nouvelle politique de défense pour le Canada. Il s’agit de la première consultation publique … en plus de vingt ans. »

Plusieurs doutes se sont exprimés publiquement sur la transparence de cette démarche, la décrivant plutôt comme une manœuvre politicienne biaisée, avec l’intention d’écarter autant que possible toute critique de la Défense [1]. Cette impression ne s’est pas dissipée en recevant une lettre du secrétaire à la Défense bizarrement libellée suite à une bévue qui montrait le mépris dans lequel nous tient le ministère : « Permettez-moi d’abord de vous présenter mes excuses pour la regrettable erreur commise dans l’accusé de réception que vous a envoyé l’Unité de la correspondance du ministre. »

Ce mépris ne s’est pas démenti et depuis août 2016, le ministère de la Défense par ses décisions aberrantes nous a offert l’occasion de réclamer une trentaine de fois la démission du ministre de la Défense Harjit S. Sajjan. Le nouveau rapport de l’ombudsman des Forces Armées nous en offre aujourd’hui 22 juin une trente-et-unième.

Rappelons que notre rapport débutait avec quatorze recommandations dont les trois suivantes, jugées applicables dans l’immédiat, étaient jugées prioritaires à nos yeux :

11- Abroger les cours martiales (vu le jugement par la Cour Suprême du 22 juillet 2016), instaurer une politique de justice selon les recommandations du colonel Drapeau [rédacteur en chef de la revue Esprit de corps] et surtout protéger les femmes et les membres LGBT, avec comme priorité des politiques internes de l’Armée canadienne, l’application rigoureuse des recommandations du rapport Marie Deschamps;

13- Respecter inconditionnellement les recommandations de l’ombudsman (…);

14– Augmenter de façon significative la présence de femmes et de membres des Premières Nations à l’emploi de l’armée et du ministère.

Cinq ans presque jour pour jour après que nous ayons écrit ces recommandations pressantes, RIEN N’A ÉTÉ FAIT et là-dessus, il ne peut pas accuser les conservateurs d’obstruction. Il y a une limite à l’incompétence quand elle brise des vies.


[1] “Conservative defence critic James Bezan said voters he has spoken with expressed concern that the Liberal government will ignore responses from the ongoing public consultations on defence policy that run counter to its stated views, while his NDP counterpart Randall Garrison worries that the Trudeau government used the process to make it easier to selectively choose responses that suit its needs. Hill TIMES, Ottawa, 27th of July