Quand bien même il ne s’agirait que d’une simple B.A. pacifiste, des artistes éminents du Québec ont planifié et travaillé très fort pour produire trois œuvres vocales exigeantes. On doit les féliciter chaleureusement pour avoir dénoncé les guerres et le militarisme d’ :

Il y a 100 ans : l’OSM et son chef Kent Nagano, la soprano Catherine Naglestad, le ténor Ian Bostridge et le baryton canadien Russell Braun, en remplacement de Thomas Hampson, indisposé, seront appuyés par le Chœur de l’OSM augmenté par le Princeton High School Women’s Choir (la préparation des chœurs est confiée à Andrew Megill) présentent le War Requiem. Les vers du poète Wilfred Owen, témoin et victime de la Première Guerre mondiale, ont inspiré à Benjamin Britten un manifeste de résistance contre l’absurdité de la guerre, un grand chef-d’œuvre du 20e siècle, que l’excellent critique Christopher Huss présentera à 19h les 25 et 28 mai et à 13h 30 le 29 mai. On espère qu’il soulignera les liens d’amitié du courageux compositeur Benjamin Britten avec le compositeur russe Dimitri Chostakovitch, dont plusieurs œuvres (entre autres, la symphonie Babi Yar, en commémoration d’un massacre de Juifs) ont été souvent censurées par le pouvoir soviétique. Et parlera-t-il de son combat pour l’acceptation de l’homosexualité, ne censurant jamais sa relation exemplaire avec le ténor Peter Pears ?

Il y a 70 ans : on se souvient aussi que l’Orchestre Métropolitain a produit en novembre dernier un programme intitulé 70 ans plus tard, avec entre autres œuvres poignantes, la célèbre Symphonie no 3 de Henryk Górecki, dite symphonie des chants plaintifs, commémorant les 70 ans de la fin de la Deuxième Guerre mondiale avec la découverte du camp de concentration d’Auschwitz. Présentée le 6 novembre 2015 à Montréal, en contribution au Jour du Souvenir, basée sur des chants liturgiques profondément enracinés dans le passé chrétien de la Pologne, évoquant en particulier l’amour de Marie, l’œuvre fut interprétée par la soprano québécoise Marianne Fiset, sous la direction du chef roumain Cristian Măcelaru.

Il y a 40 ans: The trials of Patricia Isasa. Voici une belle initiative plus susceptible d’être controversée, par l’évocation de faits plus récents et par une écriture musicale portée par une femme, Kristin Norderval, qui y interprète également le rôle de Patricia Isasa. Sur un livret de Naomi Wallace, la première de The Trials of Patricia Isasa était jeudi le 19 mai placée sous le signe de l’émotion. Patricia Isasa, qui assistait à la représentation, a rejoint l’équipe de l’opéra sur scène sous les vifs applaudissements du public. L’opéra évoque sa détention à l’âge de seize ans comme militante étudiante et sa torture pendant de longs mois aux mains de la police d’un gouvernement fasciste militaire d’Argentine, alors appuyé par la CIA.

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Opéra – Création
Monument National, les 20 et 21 mai 2016 à 20h
Salle Ludger-Duvernay – 1182, Saint-Laurent, Quartier des spectacles, Montréal

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Photos Mathieu Dupuis

Encore une représentation ce soir. À ne surtout pas manquer !
Dernière chance de découvrir The Trials of Patricia Isasa et l’histoire de Patricia Isasa, militante des droits humains en Argentine.

Photos Mathieu Dupuis

Photos Mathieu Dupuis

Réservations : 514.871.2224
monumentnational.com
Tarifs : Régulier : 50 $ | Étudiant : 35 $

Photos Mathieu Dupuis

Photos Mathieu Dupuis

Alors qu’avons-nous à dire sur la censure ?

Pas grand-chose. D’abord regretter qu’à cause de la censure qui plombe nos efforts pacifistes, aucun membre des trois organismes que nous félicitons ait pensé faire le moindre appel à nos services ne serait-ce que pour publiciser leurs efforts (ni nous offrir de billet à prix réduit, vu nos efforts quotidiens, sans être le moindrement rémunérés, pour porter les enjeux ACTUELS de guerres et de paix…).

Ensuite voir que le terme censure sera maintenant controversé vu la monopolisation de ce terme envers des humoristes tel Dieudonné : je suis plutôt d’opinion qu’on aurait dû le laisser donner son spectacle, quitte à le voir se caler lui-même, avec pour conséquences d’autres procès ruineux à se défendre en vain contre les accusations méritées d’antisémitisme. Mais voulait-on au fond l’empêcher de dire certaines vérités sur le sort des Africains rarement évoqué ?

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Guy Nantel est plus digne d’attention que Mike Ward, vu la nature politique de ses propos d’humoriste pour lesquels la censure révèle davantage la frilosité de notre société. Mais le contenu de son petit sketch prévu pour la soirée des Olivier méritait-il la levée de boucliers contre la censure? Pas sûr. Mais chose certaine, on ne regrette nullement la pétarade d’humour qui a inauguré la soirée avec François Morency, s’amusant pince sans rire à dénoncer la political correctness ambiante.

Voici en guise de conclusion un texte écrit le 19 mai par Stéphanie Nolin :

Dire que Mike Ward a eu une grosse semaine relèverait de l’euphémisme.

Lorsqu’il dit avoir eu « une semaine rempli d’émotion », il n’a certainement pas tout faux. Cela a commencé avec la controverse qu’on connaît entourant le numéro censuré au gala des Olivier. Puis, l’humoriste a été témoin d’une solidarité sans précédent à son égard de la part de ses confrères et consoeurs humoristes et du public, remportant du coup l’Olivier de l’humoriste de l’année.

Pour conclure sa semaine de bas et de hauts, Mike Ward a accepté l’invitation de l’émission Les échangistes, pour aller soutenir François Morency qui y participait aussi. Malheureusement pour lui, les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. L’humoriste a donc senti le besoin (encore!) de s’excuser pour ses propos, tenus lors de l’émission. On se rappellera qu’il s’est aussi excusé auprès d’Ariane Moffatt qui faisait l’objet d’une blague dans le sketch censuré.

Mike Ward s’exprime ainsi :

« J’avais décidé de faire le show de Pénélope (Les Échangistes) pour montrer mon soutien à François Morency. J’avais pas vu la nouvelle mouture du show, mais je me suis dit; c’est un show d’été, ça doit être léger. Ils vont me donner mes trophées, je vais montrer aux gens comment j’aime et respecte François. Je vais pouvoir montrer mon côté zen et relaxe (que mes fans connaissent) mais que le grand public voit rarement.

En rentrant en ondes j’ai réalisé que c’était pas un show d’été conventionnel, mais plus un genre de Tout le monde en parle (mais en même temps). T’sais le genre de show que tu ne devrais absolument pas faire quand t’as le goût de boire du rosé et pleurer dans le bain.

J’ai été zen pendant 15 secondes, et après… je m’en suis pris à Radio-Can, à l’APIH, aux avocats, aux compagnies d’assurances, à La soirée est encore jeune et à Martin Matte.

Je ne regrette pas d’avoir insulté les 4 premiers, mais je n’aurais pas dû m’en prendre aux gars de La soirée et à Martin Matte. »

Il poursuit : « J’allais là pour soutenir un humoriste, finalement j’en ai insulté pleins d’autres. Et pour ce, je suis désolé. »

À propos de Martin Matte et des animateurs de La soirée est encore jeune, Mike Ward a critiqué le fait qu’ils ont dit, en allant cueillir leur prix aux Olivier, n’avoir jamais vécu de censure. Quant à ICI Radio-Canada et l’APIH, Ward a indiqué que ceux-ci avaient manqué de colonne dans toute cette histoire. Finalement, l’humoriste a indiqué son souhait de vouloir parler directement à l’avocat qui a pris la décision d’annuler le numéro et a dit vouloir boycotter à son tour la compagnie d’assurances qui était en charge du gala.