Le Conseil de sécurité de l’ONU. (AP Photo/Seth Wenig)

Un article dans La Presse du 30 novembre signé Mélanie Marquis et titré Malaise autour d’un vote du Canada CONTRE Israël aux Nations Unies alimente le malaise des Libéraux Anthony Housefather et Rachel Bendayan de confession juive en leur posant la question sous cette forme biaisée (qui fait la joie du député conservateur sioniste Erin O’Toole). Mais sachant que les titres sont le plus souvent donnés par des responsables autres que les auteurs des articles, je les invite à faire preuve de prudence diplomatique avant de synthétiser ou clarifier au point d’aggraver les problématiques.

Car à l’ONU, on vote des résolutions, on ne vote pas « contre » ceux peu nombreux qui s’y objectent, une poignée de micro-pays et les États-Unis, d’un côté, 163 votes de l’autre dont celui du Canada et quelques abstentions de pays qui veulent bien se faire voir par Trump.

L’article nous informe que le politologue Sami Aoun estime qu’Ottawa vient de « rééquilibrer » sa position. « On peut considérer cela comme un virage important », soutient le professeur titulaire à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke. En empruntant ce virage dans la dernière ligne droite de cette campagne pour le siège au Conseil de sécurité, le Canada se retrouve dans le même camp que ses alliés européens, qui appuient traditionnellement ces résolutions – y compris la plus récente. « Il y a cette course en trame de fond. Le Canada n’est pas favorisé comparativement à ses deux concurrents, l’Irlande et la Norvège, et il a des froids diplomatiques avec des pays arabes importants », observe le professeur Aoun.

Comme le professeur Aoun, nos commentaires sur le changement de ministre des Affaires étrangères en notre article du 22 novembre [1] se demandaient si on assistait à une hypocrisie diplomatique momentanée ou à un vrai retour (Canada is back !) aux idées de Stéphane Dion ou de feu Gérard Pelletier.

Face à ces points de stratégie politique, le fond à soulever, c’est pourquoi les Artistes pour la Paix, par exemple, ont souvent refusé d’appuyer des résolutions palestiniennes qui ne faisaient pas la différence entre Israël et le gouvernement de Netanyahou (d’ailleurs présentement inculpé). Il est vrai que ses succès électoraux favorisent au détriment d’Israël ce genre d’amalgame qui, comme le titre de La Presse, condamne des pays pour la prise de position de leurs leaders : CELA N’AIDE EN RIEN LA PAIX. Notre prise de position du 23 février 2016 [2] a marqué le début de nos différends avec les positions de plus en plus conservatrices du gouvernement Trudeau, ne faisant pas cette élémentaire part des choses diplomatiques.


[1] http://lautjournal.info/20191122/le-cabinet-trudeau-un-verre-moitie-vide-greve-par-lotan

[2] http://www.artistespourlapaix.org/?p=9947