Vue d'ensemble

La manifestation de novembre. Photo QMI

Voici deux ministres consécutifs de la CAQ qui apprennent à quel point le Québec est devenu exceptionnellement vert, grâce à l’engagement d’un quart de million de personnes conscientes de l’enjeu climatique : il y a à peine deux mois, nous étions cinquante mille braves à marcher dans le froid hivernal, mouvement collectif exceptionnel, répétons-le ! Sachons nous en réjouir, ce sera plus productif que de ressasser les erreurs de la ministre de l’Environnement renvoyée par François Legault et du ministre de l’Agriculture sommé de faire un sévère mea culpa, parce qu’il avait entériné le renvoi de l’agronome lanceur d’alerte Louis Robert; ce dernier, toujours pas réintégré à son poste, dénonça à bon droit les pesticides endossés en douce par des lobbyistes jouissant de postes décisifs au sein du CEROM. Un ménage semble en train de s’y faire.

Concentrons-nous plutôt sur le fait que le gouvernement n’a que quelques mois d’existence, que ses ministres sont néophytes et qu’appuyés par presque les deux tiers de la population, ils sont souriants et influençables, car désireux d’apprendre avec ouverture d’esprit. On est loin de madame « pet-de-vache » Normandeau et du tandem Heurtel-Charest proposant pour seul règlement que TransCanada Pipeline finance une chaire de recherche universitaire sur le béluga! Leur volonté d’implanter un relais pétrolier à Cacouna, aire de reproduction du dit béluga, a été défaite par une marche légendaire, qui a regroupé les forces vives de l’opposition politique du Québec (relatée sous forme lyrique par l’écrivain Yvon Rivard dans le dernier chalet).

Le pari que prend positivement Dominic Champagne est de lancer un appel pour que tous et toutes, nous ne laissions pas passer ce moment d’ouverture exceptionnel : il nous demande d’inonder nos députés et ministres de courriels pour les inciter à prendre leurs décisions en faveur du bien commun, loin des intérêts délétères des pétrolières et autres richissimes lobbys, dénoncés par Marwah Rizqy; cette nouvelle députée libérale, militante anti-paradis fiscaux, est la preuve vivante que le Québec a fait pas mal de millage écologiste !

Une exception verte reconnue internationalement

Grâce à de nombreux outils de mobilisation, les efforts remarquables du Québec sont maintenant reconnus internationalement. Il y a eu la marche La planète s’invite au parlement et la déclaration d’urgence climatique (DUC) dont les militants ont pris contact avec l’organisme international Climate Emergency (Email info@cedamia.org). Résultat : les responsables de la campagne internationale s’excusent auprès de nous pour ne pas pouvoir positionner TOUTES NOS MUNICIPALITÉS QUI ONT ENDOSSÉ LA DUC sur la carte mondiale et ont résolu de nous récompenser par une étoile verte que je vous invite à aller contempler sur leur site ! De quoi se péter les bretelles !

Plusieurs de nos représentants ont essaimé en décembre à partir de la 24e Conférence de l’ONU sur le Climat à Katowice en Pologne. Même si c’était un échec, en particulier pour Trudeau et la ministre McKenna, la conférence s’imposait. La mission 100 tonnes, qui s’attaque aux déchets de plastique, écrit : « on est là, aux deux extrémités du monde, Jimmy Vigneux à Bali à travailler sur le terrain, Dr. Lyne Morissette au Québec à travailler avec les plus éminents spécialistes du problème, séparés par des océans malades. On voit aller le cirque médiatique autour du Pacte pour la transition lancé par Dominic Champagne, soutenu par des centaines d’artistes, de personnalités publiques et de scientifiques québécois ainsi que par des centaines de milliers de citoyens, de plus en plus nombreux chaque minute. Pourquoi laisse-t-on quelques chroniqueurs qui ont la chance d’être payés pour créer des polémiques dans l’espace public et dévier l’attention ? On critique Dominic Champagne, on accuse les artistes d’en faire un spectacle d’ego sur les réseaux sociaux et, finalement, au lieu d’avoir un débat sur comment changer le monde, on perd notre temps en potinage ». C’est pourquoi on est privilégiés d’avoir une revue d’idées comme l’Aut’Journal qui soutient notre lutte pour une planète verte et augmente notre fierté qu’au Québec, notre économie roule plus verte que chez nos voisins.

Diane Dufresne et Juliette Binoche avaient lancé un appel qu’on peut résumer ainsi : «Donnez-moi de l’oxygène!». Ayons aussi confiance en Christine Beaulieu qui a rencontré le Premier ministre Legault pour lui dire quelques vérités sur Hydro-Québec. Bien d’autres militants non artistes ont travaillé d’arrache-pied pour faire avancer le Québec dans la bonne direction, professeurs de l’Institut des Sciences de l’Environnement à l’UQAM (Louise Vandelac) ainsi que Lucie Sauvé. La journaliste Aurélie Lanctôt (LE DEVOIR) nous informe que même aux États-Unis, Alexandria Ocasio-Cortez s’est jointe au Sunrise Movement réclamant un Green New Deal, pour réduire les inégalités sociales tout en finançant les industries vertes et en écartant les pétrolières (plan économique rejeté par Nancy Pelosi comme trop radical). Enfin, est-ce du English Canada bashing que de mentionner que CEDAMIA a écrit aux responsables de la DUC en mentionnant leur vif étonnement que nos efforts n’aient été à peu près pas relayés par des articles en anglais à Toronto et ailleurs? Comme je l’ai mentionné à mes alliés anglophones de Pugwash Canada qui sont aussi censurés, les protestations du Québec et des Premières Nations sont souvent dénigrées comme de l’égoïsme envers la sacro-sainte économie de pétrole que le ROC voudrait imposer à nos cours d’eau par des pipelines dangereux. On a beaucoup critiqué l’expression «énergie sale» de la part du premier ministre François Legault, mais ELLE EST RIGOUREUSEMENT EXACTE, surtout s’appliquant au dilbit.


NDLR : Le plan du Green New Deal avancé par Mme Occasio-Cortez est extrêmement ambitieux avec sa cible de 2030, beaucoup diront irréaliste. Mais son but premier est visiblement de forcer le débat en poussant les opposants à parler du problème si souvent qu’ils ne pourront plus en nier l’existence. Brillant.