Cette lettre émane du conseil d’administration de PDF Québec (Pour les droits des femmes du Québec).

Le 16 janvier 2016

Philippe Couillard, Premier ministre du Québec,
Madame Kathleen Weil, ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion

Monsieur le Premier ministre, Madame la ministre,

Toute la planète ressent les contrecoups des événements survenus à Cologne le 31 décembre 2015. L’indignation est d’autant plus forte qu’on a découvert que ces agressions sexuelles de masse avaient d’abord été cachées puis que des événements similaires étaient également survenus, et cachés, en Suède, en Finlande et dans d’autres villes allemandes.

Comme on dit, l’enfer est pavé de bonnes intentions et si on peut comprendre que les autorités veuillent éviter de susciter la xénophobie et le racisme, on doit bien constater que la vérité, même si elle est déplaisante, doit être dite. Et la vérité, c’est que des immigrants et des réfugiés ont attaqué des femmes, les ont intimidées. Si les agressions sexuelles sont une plaie universelle, les agressions de Cologne sont différentes par leur caractère organisé qui vise à semer la peur et à renvoyer les femmes dans leurs chaumières. C’est un modus operandi privilégié des islamistes, – on pense par exemple à des événements semblables survenus au Caire et à Tunis – et donc clairement un geste politique et terroriste que nous dénonçons fortement.

Les femmes sont toujours les premières à subir les retombées des problèmes sociaux quels qu’ils soient – et en temps de guerre plus que jamais : viols, mauvais traitements, etc. Le silence complice de la police et des autorités est par conséquent une trahison de leur devoir de protection à l’endroit des femmes qui fait craindre à beaucoup d’entre nous que ces agressions, ces «taharrush gamea», le nom qu’on donne à ce harcèlement sexuel collectif dans les pays arabes, se reproduisent un peu partout, aidées par ce silence complice des bien-pensants.

Au Canada et au Québec, pays des accommodements religieux et du multiculturalisme, les femmes risquent là encore de faire les frais de cette complaisance des autorités à l’endroit des immigrants qui commettent des agressions. Parce que le silence autour des agressions quotidiennes, «ordinaires », pourrait être encore plus tonitruant si les agresseurs sont des immigrants, toujours au nom de la compassion.

Au moment où le Québec revoit sa Loi sur l’immigration (PL77), nous demandons au gouvernement de s’engager à prendre toutes les mesures pour garantir la protection des femmes et pour cela, il doit notamment informer et former les nouveaux arrivants sur le droit à l’égalité des femmes au Québec et au Canada.

Ce n’est pas faire injure aux réfugiés et aux immigrants que de prendre acte de ces différences culturelles et de mettre en place les moyens de les informer adéquatement de ce que l’égalité entre les hommes et les femmes signifie dans le concret. Bien au contraire, un discours clair et cohérent sur le droit à l’égalité ne pourra que favoriser leur intégration à la société d’accueil et ce, pour le plus grand bien de tous et de toutes. Merci de votre attention,

Les membres du conseil d’administration de PDF Québec (Pour les droits des femmes du Québec)
Michèle Sirois, présidente
Diane Guilbault, vice-présidente
Lyne Jubinville, trésorière
Ghislaine Gendron, secrétaire
Fernanda Bonatti-Fidelis, Leila Lesbet, Salimata Sall, Sophie Stanké et Andrée Yanacopoulo


 

Pierre Jasmin, vice-président des Artistes pour la Paix, a ajouté son nom à cette lettre le 21 janvier et l’a soumise pour publication à l’Aut’Journal.

J’invite les membres des Artistes pour la Paix et les lecteurs de l’Aut’Journal à signer cette prise de position féministe en solidarité.

À la demande de Micheline Carrier (du site web Sisyphe.org), signer svp avec nom, lieu de résidence et métier en envoyant un courriel, en spécifiant « J’appuie » dans le sujet, à l’adresse sisyphe.info@yahoo.fr ou en utilisant le formulaire de commentaire sur cette page web.

PS On m’a avec justesse signalé que le problème signalé par cette lettre risquait guère de se produire au Québec : « l’Allemagne a reçu en un an un million de réfugiés non-sélectionnés, de toutes origines, à travers des frontières plus ou moins sécurisées, alors qu’au Québec, il y aura 6 000 réfugiés (ça reste à voir) triés sur le volet, par-dessus un océan. Si on craint des agressions de la part d’islamistes, ça tombe sous le sens qu’elles seront le fait de gens déjà installés ici, pas de réfugiés ».

En effet, on admire Angela Merkell de tenir le cap d’ouverture des réfugiés dans son parti de droite, alors que l’Allemagne a très peu fait partie de la création du problème principalement causé, selon les APLP, par les bombardements occidentaux concentrés sur l’Afghanistan, l’Irak, la Syrie, la Libye et le Pakistan.

Cette lettre de femmes qui luttent pour la sauvegarde de leurs droits fait preuve de retenue, en ne mentionnant qu’une fois le mot islamistes. La liste de ses signataires rassure aussi : il ne s’agit vraiment pas d’adeptes racistes de Donald Trump!  Et n’est-ce pas le devoir moral des APLP d’informer et de prévenir ? Évitons d’être, une fois de trop, accusés d’angélisme ou de complicité béate avec les « sunny ways », quoique cette accusation est loin de me déplaire…

Pour connaître un avis d’un artiste pour la paix respecté sur le problème de la fanatisation, lire le texte de Hervé Fischer L’archaïsme des religions ou le mien Vaincre l’É.I sans bombes.