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Il y a dix ans, jour pour jour, l’Artiste pour la Paix de l’année, Dominic Champagne, prenait une sabbatique afin de se consacrer corps et âme à organiser un événement écologique : cela allait s’avérer davantage qu’une répétition réussie, avant l’immense manifestation écologique de septembre 2019 de Greta Thunberg à Montréal, en appui au GIEC.

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C’était lors de la traditionnelle conférence de presse APLP de l’année

Dominic invitait Frédéric Back à planter un arbre le 22 avril sur le Mont-Royal en conviant la population, en particulier les étudiants en grève et les artistes, à participer à un happening festif.

D’abord rassemblée autour de la Place des Arts, une foule qui sera évaluée à un quart de million marcha ensuite vers le Mont Royal, où déjà un millier de manifestants se rassemblaient pour former un arbre à cinq branches; ou serait-ce une main, interprétée comme un solidaire stop à la pollution, à la militarisation et à la corruption ?

Rappelons que le gouvernement Charest, dans un des gestes anti-démocratiques qui allaient provoquer sa chute quatre mois plus tard, refusait toujours de rencontrer ou même de discuter avec les représentants syndiqués étudiants Martine Desjardins, Léo Bureau-Blouin, Gabriel Nadeau-Dubois et Jeanne Reynolds, cette dernière et non la moindre même si elle est toujours « oubliée », représentant la CLASSE.

Les étudiants ne pouvaient compter que sur l’appui déclaré des Artistes pour la Paix (alors présidés par le sculpteur Daniel-Jean Primeau) et des professeurs de l’UQAM (SPUQ – présidente Michèle Nevert, assistée de l’infatigable André Breton).

S’y joignait avec panache la figure légendaire de Guy Rocher, sociologue membre-fondateur de la Commission Parent prônant la gratuité scolaire, et ce avec le poète Fernand Ouellette qui, toujours actif, écrivait hier « avancer vers ses 92 ans » en communication avec le secrétaire-général des APLP, Pierre Jasmin.

Six actions concertées

» 2010-11 Le Mouvement Sortons le Québec du Nucléaire

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Michel Duguay, Karel Mayrand, Gordon Edwards, Dr Éric Notebaert, Pierre Jasmin, Laure Waridel, Diane Dufresne, Ugo Lapointe et Christian Simard de Nature Québec. Notons que Louise Vandelac (colloque écocides de février 2008) avait contribué, ainsi qu’Amir Khadir avec sa pétition de mars 2010. Une pensée pour le coordonnateur Philippe Giroul qui vient de décéder.

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» La grève étudiante la plus importante de l’histoire du Québec

En février, la colère étudiante éclate par des mandats de grève :

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John Charest, visé pour corruption, notamment à Laval avec deux ministres successives de l’Éducation Beauchamp et Courchesne qui refusent le dialogue avec les étudiants.

» 22 avril : le Jour de la Terre avec Frédéric Back

Le legs de Pierre Dansereau avec Laure Waridel et Dominic Champagne s’exprime ainsi :

« Nous,
Hommes, femmes et enfants de bonne volonté
Nous nous rassemblons pour dire au monde que nous avons à cœur
La Terre riche, généreuse et fragile que nous habitons
Et la défense du bien commun en ce pays.

Nous nous rassemblons pour dénoncer le désengagement du Protocole de Kyoto, les dégradations dues à l’exploitation des sables bitumineux, les modèles actuels de développement minier et forestier, les risques liés à l’exploitation du gaz de schiste, du pétrole, de l’uranium et à l’utilisation de l’énergie nucléaire sur notre territoire… »

» Le 1er mai, les travailleurs syndiqués entrent dans la danse

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Les APLP chantent le Printemps érable avec Raoûl Duguay et dénoncent la loi 78 décrétée par le parti libéral le 24 mai; contrevenant aux deux Chartes des droits et libertés, tant du Québec que du Canada, elle est dénoncée par le Barreau (marche de jeunes avocats dans la rue), par Amnistie internationale, par des manifestations jusqu’à Paris et Washington et même par les carrés rouges portés à Cannes.

» Mai : révolution féministe LGB (TQ+ s’ajouteront plus tard)

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Deux chansons d’Ariane Moffatt s’emparent des réseaux sociaux, Je veux tout, composée deux ans auparavant et recomposée en une nuit :

« Le Québec se réveille dans la peur.
Il y a un frisson qui passe entre mes pieds et mon cœur.
Ce 17 mai au matin je m’oppose à cette loi spéciale.
Le registre des armes à feu est réduit en poussières, Line Beauchamp enchaîne les mojitos. Je n’invente rien, ce 17 mai au matin, je m’oppose à Jean Charest. »

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Manifestation sans vêtement pour exiger un gouvernement transparent !

» La politique suit, d’abord avec fermeté, puis cahin-caha

Pauline Marois, Dr Réjean Hébert, Martine Ouellet, Véronique Hivon, Élaine Zakaib, Pascal Bérubé, Daniel Breton, Léo Bureau-Blouin dans Laval (!) débarquent Charest qui en une manœuvre électorale désespérée avait offert des subventions de dizaines de millions de $ de dernière minute dans les comtés de l’amiante et de la centrale nucléaire (qui revoteront en 2014 pour les Libéraux du docteur Couillard ou pour la CAQ).

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Documentaire-choc par Éric Ruel et Guylaine Maroist, nommée présidente des APLP à l’automne 2012 .

Les Cowboys Fringants représentent le mieux l’esprit du Printemps érable par leurs spectacles qui s’exportent très bien en France, en Belgique et en Suisse. Notons l’engagement exceptionnel de son bassiste, professeur au Département des sciences naturelles à l’Université du Québec en Outaouais, Jérôme Dupras, aussi chercheur à l’Institut des sciences de la forêt tempérée (ISFORT) et à la tête de la Chaire de recherche du Canada en économie écologique.

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Les Artistes pour la Paix comptent avec fierté sur la solidarité agissante de la professeure émérite Lucie Sauvé de l’UQAM :

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En conclusion : à suivre !!!

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Serge Lavoie, alias Jos Guitare, reçoit le prix APLP de l’année, photographié devant une œuvre de Dominique Blain.

Le 7 avril 2014, les APLP nomment Serge Lavoie pour sa réaction pacifiste essentiellement musicale à l’agression qu’il a subie aux mains de la matricule 728. C’était une de deux cents agressions policières, en particulier à Victoriaville où les manifestants visaient le Conseil général du PLQ où siégeait Jean Charest. Ces violences regrettables n’approcheront pas le niveau observé en France lors de la crise des Gilets Jaunes 2018-19.

L’ex-ministre de la Justice et de la Sécurité publique, M. Serge Ménard, est mandaté par le ministre Stéphane Bergeron maintenant député au Bloc Québécois pour présider une commission d’enquête sur les débordements policiers et citoyens dans les manifestations du printemps 2012. Se réconciliant avec sa co-présidente Claudette Carbonneau (CSN) et le juge Grenier, il nous écrit ceci en 2014 :

Cher monsieur Jasmin, personnellement et au nom de mes collègues membres de la commission, je tiens à vous remercier chaleureusement pour votre contribution aux travaux de notre Commission. Votre témoignage volontaire a enrichi notre réflexion sur les événements qui se sont déroulés lors du printemps 2012, un printemps allongé et intense. Vous avez cru comme nous qu’il fallait tirer les leçons de ces événements exceptionnels sans chercher à condamner ni à juger quiconque, mais dans le but de mieux préparer l’avenir. Dans le contexte difficile où notre Commission a vu le jour, votre collaboration mérite des félicitations autant que notre gratitude. Veuillez agréer, monsieur Jasmin, l’expression sincère de notre reconnaissance.

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Commissaires Serge Ménard, Claudette Carbonneau et le juge Bernard Grenier.

Ce rapport sera vite tabletté par les libéraux et torpillé par les médias comme La Presse.

Nous écrivons avec l’aide d’Anita de Carvalho un autre document en mémoire du professeur Marcel Saint-Pierre, dont les travaux sur le Refus Global inspirent tous les artistes du Québec et d’ailleurs et qui a dialogué, parfois en exprimant son désaccord, avec son collègue de l’UQAM et ami Pierre Jasmin, fier d’avoir dans sa collection un de ses tableaux intitulés carrés rouges.

Un membre des APLP, Guy Demers, co-fonde TÊTES BLANCHES-CARRÉS-ROUGES. L’ATSA d’Annie Roy et feu Pierre Allard manifestent en faveur des itinérants :

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Les APLP fêtent avec les cinéastes Jocelyne Clarke et Martin Duckworth, avec Chloé Sainte-Marie et l’École de la Montagne Rouge (étudiants engagés 2012 de l’École de Design de l’UQAM) l’APLP 2013 Anaïs Barbeau-Lavalette, dont la mère Manon anime le Wakiponi mobile engagé avec les autochtones.

plume_fond_rougeNotre Alanis Obomsawin à qui nous rendons hommage, filme le courage du mouvement Idle no more ou, selon notre traduction, FINIE L’INERTIE.

La conclusion lyrique (légèrement abrégée ici) du professeur et créateur Hervé Fischer, membre du conseil d’administration des APLP au cours des années 2013-14, prône :

« Une conscience planétaire augmentée, un hyper-humanisme, l’idée qu’il y a un futur, un progrès humain, une possibilité de créer une éthique planétaire.

Si le numérique est un instrument de néo-impérialisme, il est aussi un instrument de solidarité, qui convoque et rassemble les manifestants ».

Résumé dont son auteur Pierre Jasmin s’excuse,
le trouvant trop sommaire (22 avril 2022).