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Le président Trump en pleine allocution le 8 janvier, flanqué de Pompeo, Pence et Esper. Photo NY Times

Le président Trump, dans son discours de ce jour, 8 janvier, joue ses cartes néocolonialistes et électoralistes. Après avoir provoqué l’Iran par l’assassinat du général et héros iranien, Qassem Soleimani, alors que les États-Unis le connaissent depuis fort longtemps comme un de leurs ennemis (et ils sont nombreux), le président Trump se présente comme un héros de la paix.

En ce 8 janvier, il a tenté d’enluminer ses arguments d’une volonté de paix, mais en laissant planer une menace militaire constante et le maintien d’une stratégie d’étouffement sur le plan économique. En même temps, il a adressé quelques mots au peuple iranien avec un ton et un discours paternaliste digne d’un porte-parole d’un pays colonialiste du XIXe siècle; avec arrogance, il a proposé au peuple iranien de se prendre en main en dehors des perspectives du gouvernement islamiste, régime qui avait remplacé le Shah, dictateur et valet des Américains dans les années 70. Les États-Unis n’ont jamais pardonné ni oublié l’affront infligé par les religieux iraniens en 1979 en chassant le shah du pouvoir. Évidemment, en prêchant pour des changements en Iran, il ne dit pas ouvertement que les États-Unis cherchent à contrôler la région d’une manière de plus en plus étroite, enjeu majeur pour les intérêts américains. Cette visée se traduit par une très forte présence des États-Unis dans la région, surtout sur le plan militaire depuis le déclenchement de la guerre en Irak (2003) avec l’établissement de nombreuses bases militaires en Irak et dans d’autres pays limitrophes.

Il ne faut pas perdre de vue non plus que les États-Unis se sont retirés de l’accord sur le contrôle du développement des armes nucléaires en Iran. Par ailleurs, l’Amérique de Trump soutient le développement des armes nucléaires en Israël. Politique de deux poids deux mesures. C’est là un intérêt fondamental du gouvernement américain.

La volonté de mettre l’Iran au pas vise aussi à rassurer les ennemis traditionnels de ce pays, Israël et l’Arabie Saoudite, alliés inconditionnels des États-Unis. Le président Trump dénonce ce qu’il nomme le terrorisme iranien alors qu’il ne parle jamais du rôle fort connu de l’Arabie Saoudite dans le soutien au terrorisme de l’État armé islamique d’obédience wahhabite et la colonisation directe et militarisée d’Israël de la Palestine.

En un mot, le président Trump cherche actuellement à renforcer l’influence américaine au Moyen-Orient et à laisser croire à sa base qu’il est l’homme fort de la situation capable de contrôler tous les pays. En fait, les États-Unis s’avèrent de plus en plus isolés. Dans sa visée de l’élection présidentielle au cours de l’année 2020, il lui importe de se faire voir comme un héros consacré à la conquête du monde. Tout en manipulant la relation américaine avec l’Iran, son discours tente de convaincre que son leadership est le facteur qui contribue à faire en sorte que l’Amérique se porte bien sur le plan économique… Tout est dans tout dans le monde de Trump. Make America Great Again ! N’oublions pas cette visée qui sous-tend son discours !

En ce moment, à court terme, il y a au moins un gain pour la paix, car la menace d’un conflit majeur semble baisser d’un cran.