Augustin disait que le mal est l’absence du bien, peut-on dire que la guerre soit l’absence de la paix ? Siddharta, ancien prince guerrier, en était convaincu, ce serait même l’essence du bouddhisme : fomenter la paix pour qu’il n’y ait plus de place pour la guerre. Mon roman Sur la route des grandes sagesses nous introduit charnellement à cette recherche d’homéostasie et de dépassement de soi qu’est la paix.

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Aquarelle de Maryse Gagnon

Ici je voudrais me concentrer uniquement sur le paradoxe de la paix conçu comme une sorte d’inondation des moteurs de la guerre qui les rend inopérant. Dans les blogues subséquents, nous tenterons de dénouer ce paradoxe.

  • Faire entrer la paix en soi jusqu’à la quiétude parfaite produit un tel bonheur que la personne atteinte de paix risque d’abandonner le monde politique et économique aux rapports de forces (le samsara : cycle des existences conditionnées soumises au malheur et aux conflits par éloignement de soi et de la nature).
  • Tenter de faire entrer la paix dans une collectivité hyper-conditionnée est un tel défi qu’il n’est presque pas possible de s’y consacrer sans perdre la paix intérieure. Le malheur du « pacifiste agressif ».

 

Malgré ce paradoxe, et peut-être à cause de lui, peut-on appeler « sage » un être qui a échoué à réconcilier ces deux dimensions de la paix :  intérieure et extérieure?

La difficulté de conciliation ne vient pas de ce que la paix intérieure diffère de la paix extérieure (collective), au contraire les deux partagent les mêmes exigences :

  • faire en sorte que la vie et la conscience des êtres ainsi que leur libération soient la finalité de la vie sur terre et non un moyen pour répondre à un moyen dans une roue de conditionnements sans fin;
  • faire en sorte que les besoins essentiels (au contraire des besoins et des désirs conditionnés) soient répondus dans un équilibre évolutif et lorsque c’est impossible, qu’ils soient sublimés dans le dépassement de soi, la compassion et l’amour.

 

Pour cela, tous les besoins vitaux de toutes les consciences doivent être entendus et pris en compte dans la participation de chacun à la paix de tout le monde, bref : la justice et la démocratie véritable.

L’éducation à la libération des conditionnements et à l’exercice responsable de la liberté personnelle et collective est évidemment la clé de cette « démocratie » intérieure et extérieure.

La paix ne serait rien d’autre que l’accomplissement (dans le sens de combler) de la conscience personnelle dans la vie collective partagée.