Nous présentons ce texte issu du collectif Échec à la Guerre, signé par plusieurs membres des Artistes pour la Paix.

Cette année, la Journée internationale de la paix (21 septembre) coïncide avec l’annonce par le gouvernement Trudeau du retour du Canada aux opérations onusiennes de maintien de la paix. Promesse électorale oblige avec un budget de 450 millions de dollars sur trois ans et une contribution en effectifs de 600 soldats et de 150 policiers !

Pourtant, le monde a bien changé et s’est dangereusement militarisé depuis Lester B. Pearson, diplomate canadien à l’origine des forces de maintien de la paix sous l’égide des Nations Unies. Aujourd’hui, le commerce des armes supplante les missions de paix, les dépenses militaires mondiales atteignant la somme colossale de 1 676 milliards de dollars en 2015, alors que les opérations de maintien de la paix coûtent annuellement 8 milliards de dollars. Se retrouvant aujourd’hui au 67e rang des pays contributeurs de Casques bleus et par ailleurs au 2e rang des exportateurs d’armes au Moyen-Orient, le Canada n’a pas à pavoiser, ni sur son engagement dans les missions de paix, ni sur leur efficacité pour résoudre les conflits.

Le gouvernement Trudeau a plutôt choisi, malgré une vive opposition citoyenne, de maintenir le contrat de vente de « véhicules blindés légers » pour plus de 15 milliards de dollars à l’Arabie saoudite, un des grands violateurs des droits de la personne. Ce pays se retrouve à la tête d’une coalition qui bombarde le Yémen depuis des mois. Résultats : plus de trois millions de personnes déplacées, majoritairement à l’intérieur des frontières du pays, 7 000 personnes tuées et 30 000 autres blessées. En janvier 2016, l’ONU confirmait que l’Arabie saoudite était la principale destination des exportations militaires canadiennes. Ce faisant, le Canada alimente honteusement la guerre au Yémen et se fait complice de l’une des pires crises humanitaires sévissant actuellement dans le monde.

Vers une nouvelle politique canadienne de défense

En avril dernier, le gouvernement Trudeau a lancé une consultation publique en vue d’élaborer une nouvelle politique de « défense ». Se déroulant en bonne partie pendant la pause estivale, cette consultation qui s’adressait avant tout aux soi-disant « experts » en matière de défense n’était pas publique. La participation citoyenne était envisagée strictement sur une base individuelle et aucune organisation de la société civile n’a été formellement consultée.

Plusieurs aspects du document de consultation sur la politique canadienne de défense contrastent étrangement avec l’annonce récente des engagements du Canada en faveur des opérations onusiennes de paix. Le document soulève la possibilité d’un réexamen de la décision prise par le Canada en 2005 de ne pas participer au bouclier antimissile des États-Unis et envisage de doter les forces canadiennes de drones armés pour des missions offensives. De plus, ce document de consultation ne remet nullement en question l’implication Canadienne dans la guerre d’agression menée en Afghanistan durant treize ans, ni dans les déploiements militaires en Ukraine, en Libye ou ailleurs. Au contraire, ces interventions sont présentées comme des contributions « à la paix et à la sécurité internationales » qui protègent les Canadiennes et les Canadiens et qui défendent les intérêts nationaux sans plus de précision.

Appel à nos concitoyen.ne.s

Il est illusoire de faire la promotion de missions de paix sans s’opposer aux missions offensives menées au sein de l’OTAN. Il est tout aussi vain de prôner la paix sans dénoncer la participation du Canada au commerce mondial de l’armement et sans exiger maintenant un débat public sur sa nouvelle politique de défense.

Jusqu’au Jour du Souvenir, pour signifier l’opposition citoyenne aux visées militaristes du gouvernement Trudeau, nous porterons le coquelicot blanc. Nous invitons chaleureusement ceux et celles qui aspirent à un monde sans guerre à le porter en mémoire de toutes les victimes, majoritairement civiles, des conflits armés.

Paul Ahmarani, acteur
Omar Aktouf, professeur titulaire HEC Montréal
François Avard, auteur
Émilie Beauchesne, militante féministe
Luc Benoit, chargé de cours, Université du Québec à Trois-Rivières
France Bourgault, pour L’R des centres de femmes du Québec
Serge Bruneau, écrivain
Raphaël Canet, professeur, École de développement international et mondialisation, Université d’Ottawa
Dominic Champagne, auteur et metteur en scène
Collectif de Québec pour la paix
Denise Couture, professeure titulaire, Faculté de théologie et de sciences des religions, Université de Montréal
Donald Cuccioletta, historien, spécialiste de la politique américaine
Dominique Daigneault, présidente, Conseil central du Montréal métropolitain-CSN
Françoise David, députée de Gouin, Québec solidaire
Ferdinand Djayerombe Vaweka, président, Antennes de paix
domlebo, artiste
Martin Duckworth, cinéaste
Ariane Émond, journaliste indépendante et animatrice
Aziz Fall, président, CIRFA
Andrés Fontecilla, président, Québec solidaire
Jimmy Forgues, coordonnateur, Solidarité populaire Estrie
Élisabeth Garant, directrice, Centre Justice et Foi
Lorraine Guay, citoyenne
André Jacob, professeur associé, Université du Québec à Montréal
Pierre Jasmin, Artistes pour la Paix
Robert Jasmin, juriste et écrivain
Marc-Édouard Joubert, président, Conseil régional FTQ Montréal métropolitain
Molly Kane, coordonnatrice, L’Entraide Missionnaire
Jooneed Khan, journaliste, écrivain et militant de droits humains
Kelly Krauter, membre du CA, Conscience Canada
Danièle Lacourse, réalisatrice
Ève Lamont, réalisatrice
Régine Laurent, présidente, Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec−FIQ
Abby Lippman, professeure émérite, Université McGill
Suzanne Loiselle, répondante, Sœurs Auxiliatrices
Alain Long, président, Syndicat du personnel enseignant du Collège Ahuntsic (SPECA)
Alain Marois, vice-président à la vie politique, Fédération autonome de l’enseignement (FAE)
Gilles Marsolais, homme de théâtre
Serge Mongeau, écrivain et éditeur
Christian Nadeau, président, Ligue des droits et libertés
Ed Napier, Project Ploughshares Montréal
Amélie Nguyen, militante en solidarité internationale
Mike Palecek, président, Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes
Maude Prud’homme, présidente, Réseau québécois des groupes écologistes (RQGE)
Mercédez Roberge, militante pacifiste
Louis Rousseau, professeur associé, sciences des religions, UQAM
Guy Roy, Parti communiste du Québec
François Saillant, coordonnateur, FRAPRU
Isabelle Samson, coordonnatrice, Solidarité Nord-Sud des Bois-Francs
Mélanie Sarazin, présidente, Fédération des femmes du Québec (également au nom de la Marche mondiale des femmes au Québec)
Caroline Senneville, présidente, Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ-CSN)
Caroline Toupin, coordonnatrice, Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire du Québec (MÉPACQ)
Carmina Tremblay, La collective des femmes féministes et chrétiennes, L’autre Parole