La grenouille qui veut se faire plus grosse que le boeuf

 

STEVEN STAPLES  traduit par Pierre Jasmin

24 FÉVR. 2024

“ Pierre Poilievre wants to look tough but bows to Donald Trump “

Poilièvre roule des mécaniques, mais plie devant Donald Trump

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Dans le Toronto Star du 22 février, la chroniqueuse Linda McQuaig se déclare perplexe face au positionnement du politicien canadien et chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre.

« Alors laissez-moi mettre les choses au clair. Pierre Poilievre veut rendre la vie plus abordable pour les Canadiens. Pourtant, il va augmenter considérablement nos dépenses militaires, comme l’exige Donald Trump », écrit-elle.

Malgré ses affirmations en faveur de prix abordables pour les Canadiens, l’alignement de Poilievre sur les exigences militaristes de Donald Trump fait sourciller. Poilievre, potentiellement futur premier ministre du Canada, semble prêt à répondre à l’appel d’un Trump, aux prises à des contestations judiciaires [d’ordre budgétaire, pour utiliser un euphémisme !] en faveur d’une augmentation significative des dépenses militaires.

McQuaig souligne la contradiction dans l’image projetée par Poilievre : alors qu’il se présente comme un ardent défenseur de « l’abordabilité », sa volonté de se conformer au programme militariste de Trump suggère le contraire. L’approbation par Poilievre d’une augmentation substantielle des dépenses militaires, faisant écho aux directives de Trump, entraînerait une augmentation annuelle de 25 milliards de dollars, une décision en contradiction avec la notion d’amélioration de l’accessibilité financière des Canadiens.

Mise à niveau

Le Canada se classe au sixième rang des pays membres de l’OTAN qui dépensent le plus en matière militaire, mais certains commentateurs [en fait la plupart, quand on lit La Presse, la Tribune ou Le Devoir, ou quand on écoute Radio-Canada et TVA] le décrivent comme un petit pays en termes de dépenses militaires parce que, comme Trump, ils mesurent les dépenses militaires en pourcentage du PIB, plutôt qu’en dollars réels.

Madame McQuaig cite [notre ami] rédacteur de PeaceQuest :

« Cela fait paraître nos dépenses militaires plus réduites », explique Steven Staples, analyste et rédacteur pour PeaceQuest. « Car lorsque nous évaluons les dépenses militaires de nos ennemis, nous avons tendance à utiliser des montants réels en dollars, ce qui fait paraître leurs dépenses plus importantes et donc plus menaçantes, une menace qu’on doit contrer par des dépenses militaires plus élevées de notre part.

Staples insiste sur le fait que les montants en dollars sont la meilleure mesure de la puissance de feu d’un pays et, selon cette mesure, les dépenses militaires annuelles de 29 milliards de dollars du Canada nous placent parmi les plus gros dépensiers de l’OTAN, juste derrière les pays qui possèdent des armes nucléaires ou les accueillent [Turquie, Belgique, Espagne… liste difficile à obtenir].

McQuaig appelle à abandonner la focalisation exclusive sur les indicateurs de pourcentage du PIB et à se tourner vers une prise en compte plus élargie des véritables besoins de sécurité et des défis mondiaux. En réorientant les ressources du renforcement militaire vers des initiatives telles que les objectifs de développement durable des Nations Unies, le Canada pourrait apporter une contribution potentiellement plus significative à la stabilité et au bien-être mondiaux. »