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Manifs à Teheran dénonçant la mort de Seleimani.

La situation en Iran-Iraq devient critique parce que l’assassinat du général iranien Qassem Soleimani vendredi dernier s’avère une décision irréfléchie qui risque d’entraîner des répercussions graves non seulement au Moyen-Orient, mais dans plusieurs régions du monde si d’autres acteurs décidaient d’entrer dans la ronde, pensons à Israël, l’Arabie Saoudite, la Russie, la Chine, etc.

Le président Trump évoque la prise de 52 otages américains en 1979 lorsque le gouvernement islamiste a pris le pouvoir pour libérer l’Iran du gouvernement fantoche du shah, marionnette des Américains. Le général iranien Qassem Soleimani n’était pas un ange, mais en défiant toutes les règles du droit international pour agir selon leurs intérêts immédiats en l’assassinant comme dans un film de cowboys, les Trump et Pompeo jettent une allumette dans la poudrière du Moyen-Orient. Le général, selon certaines sources, était en Iraq pour une visite diplomatique avec les Saoudiens, et donc sous drapeau blanc.

Soleimani était une icône pour le peuple iranien, et il faut se rappeler que la génération qui a subi les exactions sous le shah est presque éteinte – les manifestants iraniens sont de celle qui est née après la révolution. Les américains semblent croire que l’Irak et l’Iran sont similaires, mais l’Iraq sous Saddam Hussein était une mosaïque de peuples et tribus hétéroclites. La société iranienne, bien que divisée face au régime, est beaucoup plus homogène et nul doute que les iraniens se rallieront en masse en cas de conflit.

Devant cette situation, toutes les forces progressistes aux États-Unis organisent une riposte à Trump. Samedi dernier, il y eut des manifestations de protestation dans une cinquantaine de villes américaines. Depuis, Trump en a rajouté une couche en menaçant de bombarder des « sites culturels » en Iran, ce qui est formellement interdit par les Conventions de Genève et de La Haye.

Les alliés des États-Unis s’agitent, tout au moins pour sauver la face, et demandent un réalignement des planètes en proposant des démarches diplomatiques timides, mais non moins réelles. Le secrétaire d’État Pompeo s’est dit déçu de la tiédeur de ces appuis.

Ça ne serait pas la première fois qu’un président U.S. déclenche une guerre pour détourner l’attention à la veille d’une élection (cf. Clinton et Bush jr.). C’est tellement évident que la presse américaine fait la comparaison avec le film Wag the dog (1997). Le seul moyen d’enrayer une telle opération de propagande est d’appeler au blocus total par la population, puisque les politiciens, sous couvert de patriotisme, n’oseront pas vraiment s’opposer à une guerre contre l’Iran – sauf Sanders et quelques autres.

La position des APLP est donc la suivante; nous demandons que :

  • les États-Unis et l’OTAN respectent le vote des parlementaires iraqiens et retirent leurs troupes d’Iraq (ceci concerne le Canada).
  • l’ONU vote une résolution interdisant une intervention unilatérale des États-Unis en Iran ET en Irak.
  • les États-Unis lèvent les sanctions économiques contre l’Iran et laissent l’Iran retourner au programme nucléaire prévu par le Joint Comprehensive Plan of Action.
  • le Congrès américain vote en masse une loi empêchant le président Trump de déclencher des opérations unilatérales, qui violent le droit international.

 

D’autre part, nous en appelons au gouvernement du Canada et aux partis politiques sur la scène fédérale afin que les actions suivantes soient entreprises :

  • Inviter fermement le gouvernement du Canada à prendre position contre l’escalade envisagée tant par les États-Unis que par l’Iran;
  • Le Canada pourrait appuyer une demande urgente du Conseil de sécurité de l’ONU;
  • Le Canada pourrait proposer aux deux parties de se rencontrer pour négocier une sortie de crise diplomatique.