Dans les années 1990, Michaïl Gorbatchev cherchait à sauver l’URSS de la faillite par des traités économiques et de désarmement avec l’Europe et les États-Unis. Ronald Reagan en a profité pour le faire danser, le mettre à genoux juste pour le plaisir d’amuser son électorat. L’URSS s’est disloquée au grand plaisir d’une certaine Amérique qui en a abusé sans la moindre honte. Durant ce même temps, la Chine ouvrait son marché aux investisseurs étrangers et partait à la conquête économique du monde avec son immense bassin de petits salariés. Aussi bien dire que le capitalisme perdait toute opposition et devenait le modèle unique. Mais quel « capitalisme »?

esprit sain-bedard

Ce « capitalisme » est aussi loin des principes du libre marché que le communisme russe et chinois peut l’être des principes du communisme. En réalité, il n’y a, actuellement, qu’un seul système : le « capitalisme » des oligarques qui se développe à l’infini sans opposition. On dirait un rouleau compresseur écrasant la substance humaine et terrestre pour la convertir en énergie dévastatrice.

Aujourd’hui, après la révolution industrielle et la révolution russe, on peut dire que ni le communisme ni le capitalisme n’ont vraiment existé. Partout, les multimilliardaires prennent le contrôle des armes, des banques et des médias. Ils capturent l’imaginaire populaire pour maîtriser totalement les démocraties aussi bien que les dictatures.

Dans ces conditions, comment redresser la « machine »? C’est la fuite en avant : s’il ne pleut pas, on cherche à voler la pluie qui irait tomber sur le pays voisin; s’il fait trop chaud pour respirer, on ajoute des climatiseurs; si les automobiles polluent trop par kilomètre de route, on les remplace par des voitures qui feront plus de kilomètres pour arriver au même résultat. Toujours des solutions qui grossissent le problème.

Pourtant, le 21 janvier 1990, stimulée par la présence de Gorbatchev au Kremlin, la population ukrainienne a formé une chaîne humaine de 500 kilomètres reliant Kiev à Lvov, un chaîne souvent large de trois rangs : une protestation contre l’emprise des oligarques sur la vie de leur pays. Aujourd’hui, cette chaîne humaine devrait faire au moins quatre fois le tour de la terre. Nous devons reprendre la route de la justice. Il nous faut cesser de consacrer notre vie à élever au-dessus de nos têtes des milliardaires qui sont fous d’eux-mêmes. En réalité, malgré leur orgueil, ils ne font que jouer du système pour s’engloutir dans son absurdité.

Mais il y a un Gorbatchev, encore plus visionnaire celui-là. En 1994, avec Maurice Strong (président du Sommet de la Terre), il a relancé le processus d’élaboration de la Charte de la Terre des Nations-Unies, en tant qu’initiative de la société civile. Cette charte est au fondement de notre ferme écologique Sageterre.

C’est un héritage inestimable dont voici les principaux principes :

I. Respect et protection de la communauté des vivants

Respecter la Terre et toute forme de vie. Prendre soin de la communauté des êtres vivants avec compréhension, compassion et amour. Bâtir des sociétés démocratiques, justes, participatives et pacifiques. Préserver la richesse et la beauté de la Terre pour les générations présentes et futures.

II. Intégrité écologique

Protéger et rétablir l’intégrité des écosystèmes de la Terre. Empêcher les dommages causés à l’environnement. Adopter des modes de production et de consommation qui préservent les capacités régénératrices de la Terre, les droits de l’homme et le bien-être commun.

III. Justice sociale et économique

Éradiquer la pauvreté économique, sociale et environnementale. S’assurer que les activités économiques et les institutions à tous les niveaux favorisent le développement humain. Affirmer l’égalité et l’équité des genres comme condition préalable au développement. Défendre le droit de tous les êtres humains, sans discrimination, à un environnement naturel et social favorisant la dignité humaine, la santé physique et le bien-être spirituel, en portant une attention particulière aux droits des peuples indigènes et des minorités.

IV. Démocratie, non-violence, et paix

Renforcer les institutions démocratiques à tous les niveaux. Intégrer au système d’éducation formelle et à la formation continue les connaissances, les valeurs et les compétences nécessaires à un mode de vie écologique. Promouvoir une culture de tolérance, de non-violence et de paix.