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Les Artistes pour la Paix remettent cette année le Prix Ami de la Paix au professeur Daniel Turp, qui vient de prendre sa retraite de l’Université de Montréal. Il fut député du Bloc Québécois à la Chambre des communes et du Parti Québécois à l’Assemblée nationale, ayant présenté et fait adopter par cette dernière assemblée en 2007 – en sa qualité de député de Mercier – la Loi proclamant la Journée internationale de la paix.

Par un article sur notre site web dès février 2014, les APLP avaient inauguré les protestations contre le gouvernement canadien de Stephen Harper et de son ministre John Baird : ils venaient de signer le contrat d’exportation pour 15 milliards de $ de blindés ontariens, qu’on croyait destinés par l’Arabie saoudite contre des civils au Bahreïn et au Yémen. Très vite, Daniel Turp lance son Opération Droits blindés qui motive ses étudiantes et étudiants en droit à protester en présentant une demande de contrôle judicaire visant à faire annuler les licences autorisant l’exportation de véhicules blindés (qui sont loin d’être légers) vers l’Arabie saoudite devant la Cour fédérale du Canada.

Aujourd’hui, il persiste et signe et a saisi la Cour fédérale d’un nouveau recours qui invoque cette fois-ci le Traité de Commerce des Armes adopté en 2013 et auquel 130 États sont maintenant parties. Le Canada est lié par cette convention internationale depuis le 17 septembre 2019 et ses exportations continues vers l’Arabie saoudite constituent, selon lui, des violations flagrantes de ce traité.

D’ailleurs, avec 39 autres groupes dont l’immense Alliance de la Fonction Publique et Pugwash, les APLP ont signé une lettre le 17 septembre 2020, pour souligner le premier anniversaire de l’entrée en vigueur pour le Canada, du Traité sur le commerce des arme, une forte admonestation auprès du Premier ministre Trudeau de mettre fin aux exportations d’armes en Arabie Saoudite qui représentent 75% des exportations d’armes canadiennes, si on exclut celles aux États-Unis d’Amérique. Elles sont en complète contradiction avec l’intention que nous avons appuyée du gouvernement de procéder à une politique étrangère d’inspiration féministe. Justin Mohammed d’Amnistie internationale a envoyé il y a moins d’une semaine notre lettre commune à M. Trudeau (cliquez ici, format PDF) avec le message suivant :

« Nos correspondances antérieures sur ce sujet sont restées sans réponse et de votre part et de la part de vos ministres, pendant que la situation humanitaire au Yémen se détériore gravement. Le Groupe des Nations Unies d’éminents experts internationaux et régionaux sur le Yémen (UNHCR), dans son troisième rapport intitulé Yémen: une pandémie d’impunité sur une terre torturée, accuse le Canada de perpétuer le conflit par ses transferts d’armes en trahissant son adhésion au Traité sur le commerce des armes. »

François Avard en 2007 a bien résumé nos prises de position pour la paix, y compris notre lettre de plus de 150 signataires à M. Trudeau, par sa déclaration-choc : « Et si, au lieu de s’empêtrer dans des engagements internationaux qui nous obligent à jouer à la pute des Américains, le Canada mettait ses énergies à œuvrer pour la paix ? »

Daniel Turp poursuit actuellement une maîtrise en musicologie à la Faculté de musique de l’Université de Montréal sur un projet de recherche intitulé Étude pour une politique de la musique au Québec : très pertinent, au moment où notre milieu musical est extrêmement affecté par la pandémie. Sa nomination comme « Ami de la Paix » ne l’empêchera donc pas de devenir éventuellement candidat à la distinction « APLP de l’année » !