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Le ministre en plein discours. Notons que les slogans sur le décors diffèrent légèrement en anglais et en français.

La déception et la réprobation populaires devraient être générales face à cette partition vantant l’effort militaire du gouvernement. Pendant qu’une panoplie de commentateurs reprennent la même note discordante, Les Artistes pour la paix tiennent la note de l’harmonie. Le Canada ne va pas dans la bonne direction. Au lieu de se réjouir, il faudrait plutôt recevoir la proclamation de cette nouvelle comme du grand guignol, car elle poursuit la même logique traditionnelle soit l’augmentation sans fin des armes et s’inscrit dans la stratégie guerrière de l’OTAN et de NORAD.

Pour faire avaler la pilule, le gouvernement maquille sa position militariste par un discours ampoulé de soutien au personnel militaire aux plans physique, psychologique et social. Ne soyons pas dupes, le plat de résistance reste la croissance de l’inventaire en armements d’attaque, dans un budget passant de 18,9 milliards de dollars en 2016-2017 à 32,7 milliards de dollars en 2026-2027. Et la caisse sautera à l’avenir, soit jusqu’à 553 milliards de dollars d’ici 20 ans. Malgré une mise en scène impeccable lors de la présentation de cette politique, il ne faut pas perdre de vue sa portée réelle. Des dépenses aussi fabuleuses qu’extravagantes laissent filtrer plusieurs significations politiques :

  1. le gouvernement Trudeau adapte de plus en plus la politique guerrière canadienne aux exigences du président Trump, lequel réclame que les pays membres de l’OTAN augmentent leurs dépenses militaires jusqu’à 2 % du produit intérieur brut (PIB);
  2. le gouvernement suit aussi la logique américaine en affirmant « qu’il faut répondre activement aux menaces à l’étranger pour assurer la stabilité du pays » et « se doter de capacités perfectionnées afin de suivre le rythme des alliés et de conserver l’avantage par rapport aux adversaires éventuels »;
  3. le gouvernement suit la tendance dominante sur le plan international à savoir de toujours créer un ennemi pour justifier la fabrication d’armes de plus en plus sophistiquées en grande quantité (depuis quelques années, on justifie l’obésité militaire morbide de l’OTAN par la supposée menace russe, par exemple);
  4. le gouvernement canadien n’envisage pas d’alternatives à la logique guerrière;
  5. le ministre de la Défense, M. Harjit S. Sajjan, n’a d’autre argumentation que le saut fataliste quantitatif vers le haut de l’inventaire des forces armées. Même les stratégies reposant sur l’intervention des Casques bleus dans les situations conflictuelles semblent devenir une autre promesse électorale libérale oubliée;
  6. la politique laisse entendre que la population canadienne vivra dans un pays de plus en plus sécuritaire parce qu’il sera mieux armé. C’est plutôt le contraire. En ayant une force de frappe meurtrière de plus en plus puissante sur divers terrains dans le monde, notamment au Moyen-Orient, le Canada va se retrouver associé à tous les pays dominants qui contribuent au chaos dans cette région et ceci ne va pas enrayer les risques de représailles de la part des forces djihadistes. Bien au contraire.
  7. Les sommes immenses consacrées à la défense pourraient contribuer avantageusement au développement du pays dans bien d’autres secteurs, notamment dans le soutien aux communautés autochtones, aux secteurs défavorisés, à l’éducation, à la santé, aux services sociaux, aux petites et moyennes entreprises, aux régions rurales, etc;
  8. la nouvelle politique est celle d’un gouvernement ultra-conservateur;
  9. les fabricants d’armes doivent se frotter les mains d’aise, car leur cote dans les bourses va augmenter aussi vite que les profits faramineux qu’ils tireront de cette nouvelle manne offerte par l’État canadien.

 

Nous nous inscrivons en faux contre la logique militariste, d’autant plus qu’en même temps que le Canada augmente sa capacité meurtrière, il fait croître aussi ses ventes d’armes à des pays étrangers.

Les Artistes pour la paix