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La belle naïveté d’Amsterdam s’illustre par un Robert de Niro interprétant à nouveau un rôle de combattant sans peur et sans reproche sur lequel sa gloire s’est construite, de manière ambigüe dans 1900, frappant film de 317 minutes du communiste Bertolucci (1976) et dans Raging bull de l’anarchiste Scorsese (1980), puis résolument sans reproche dans The Mission, du juif d’inspiration catholique Roland Jaffé (1986). Tout important soit-il historiquement, son nouveau rôle de général n’est que second, introduit à la fin du film.

Il ne faut toutefois pas bouder son plaisir, car Amsterdam fait référence à la ville où, après la Première Guerre mondiale dénoncée par les premières violentes secondes du film, se réfugient trois amis, dont les beaux amoureux interraciaux Margot Robbie et John David Washington, et l’inséparable docteur borgne interprété par Christian Bale (qui ne trouvera l’amour que très tard dans les bras de Zoe Saldaña). Amsterdam est montré comme un lieu d’art avant-gardiste, d’autant plus riche d’inventivité que le personnage féministe, joué par madame Robbie, marque le film de ses présences un peu incongrues, car elle y reste impeccablement maquillée, même au sortir d’une clinique psychiatrique.

À leur retour en Amérique dans les années 1930, malgré eux témoins du meurtre – inventé pour aider les Américains à échapper aux confusions politiques qui les auraient amenés à trop réfléchir -, du sénateur américain fictif Bill Meekins, interprété par Ed Begley Jr., acteur et militant écologiste, les deux vétérans sont désignés comme suspects du crime : seules pourront les innocenter leurs preuves colligées à grand peine d’un des plus grands complots par la mouvance d’extrême-droite de l’histoire des États-Unis, lui non-fictif et appelé the Business Plot ou Wall-Street Putsch [1]. Il s’agissait d’un petit groupe de très riches hommes d’affaires projetant d’assassiner (ou de remplacer, comme ils plaidèrent pour échapper à la justice) « l’infirme » président américain. Tout juste élu à l’époque, Franklin D. Roosevelt, dont la femme Eleonor luttera pour les droits civiques des Noirs toute sa vie, fut réellement menacé par l’extrême-droite qui approcha avec un million de dollars le général de division à la retraite du Corps des Marines Smedley Butler pour le persuader de prendre la tête de vétérans armés qui le considéraient avec la plus haute estime afin d’installer une présidence fasciste, débarrassée de ses encombrants Congrès et Sénat, vestiges d’une démocratie dysfonctionnelle (!).

Les complotistes tenteront de « discréditer » Roosevelt en voulant prouver qu’il était juif, par des falsifications sophistiquées d’actes de naissance qui ne sont pas sans évoquer les tentatives républicaines récentes par Trump de prouver qu’Obama n’était pas né aux États-Unis. Leur but : installer un dictateur fasciste, seul capable de résoudre les inquiétudes économiques consécutives à la grande dépression de 1929 au profit de la classe d’affaires en contrant les « solutions » nazies et communistes proposées lors des violentes manifestations qui secouaient le pays.

Mais contrairement à Sacco et Vanzetti condamnés à la chaise électrique sans preuves et chantés par Moustaki dans une chanson mythique reprise par Joan Baez, ces grands financiers publiquement dénoncés par le général Butler qui refusa leurs millions ne seront même pas appelés à témoigner et resteront impunis… pour ne pas entraver la marche écrasante du capitalisme.

Les crédits génériques du film étoffent ce parallèle avec la juxtaposition du discours filmé du général Butler en 1933 et celui de Dillenbeck-De Niro.

Avatar

James Cameron sera malmené par l’influence militariste s’assurant que son film Avatar, qui reste à ce jour le film ayant engrangé le plus gros revenu de l’histoire, sera détrôné de l’Oscar du meilleur film qui lui revenait à l’aide d’une œuvre médiocre de sa femme, Démineurs, à la gloire d’une profession qui n’aurait plus besoin d’exister si les USA endossaient le Traité d’Ottawa 1997 ONU. Bref, on s’était dit en 2009 que les spectateurs n’oseraient pas chiâler contre la première femme couronnée par un Oscar; et on donnera le prix British Awards à un film par le fils de Bowie, question d’empêcher les hippies adorateurs d’Avatar de trop protester. Ouf, on a ainsi empêché la réédition du scandale pacifiste de la générosité des Golden Globes !

Il apparaît juste d’ajouter qu’avec Nomadland, Chloé Zhao succédera, comme deuxième femme réalisatrice (en 94 cérémonies des Oscars) à Kathryn Bigelow dont le suspense Détroit aurait dû lui mériter un vrai oscar huit ans après Démineurs, n’eut été d’une cabale également complotiste, mais cette fois d’extrême-gauche, lui reprochant de s’attaquer à un sujet que seuls des Noirs auraient dû traiter.

Comme pour Amsterdam, l’histoire d’Avatar est marquée par un membre du Corps des marines, qui sabote, ô infamie antimilitariste, sa tâche d’espion pro-extractiviste, en convertissant ses collègues Sigourney Weaver et Michelle Rodriguez et en se laissant adopter par Zoe Saldana, membre d’une tribu écologique surnommée navie dans un monde fantastique dont la créativité vaut la peine d’être vue et revue en trois D. Que nous réserve Avatar II aquatique qui paraîtra dans deux mois, toujours sous la direction du canadien James Cameron ?


[1] Mes recherches sur cet épisode méconnu ont été facilitées par The Plots Against the President: FDR, a Nation in Crisis, and the Rise of the American Right, de l’autrice Sally Denton, qui nous plonge dans une atmosphère très semblable à celle d’aujourd’hui, empoisonnée par l’extrême-droite trumpiste et celle de l’OTAN. Les Américains d’alors étaient désorientés par une presse soucieuse avant tout de leur faire craindre une insurrection anarchiste par Sacco et Venzetti réhabilités 50 ans plus tard par le sénateur démocrate Dukakis. Fait troublant : Mussolini intercédait en leur faveur, ses racines fascistes étant mêlées à celles anarchistes dans ses premières manifestations politiques (un peu comme en Italie des fascistes au nouveau gouvernement ont fait leurs premières armes dans des manifs de rues).