guterres-erdogan-treve

Guterres et Erdogan, assis, applaudissent le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou (debout, à gauche), et le ministre turc de la défense, Hulusi Akar (à droite), au palais de Dolmabahçe, à Istanbul, le 22 juillet 2022. Photo : Vadim Savitsky / AP

Une « lueur d’espoir » pour Guterres

Àl’instar du Secrétaire général des Nations-Unies, les APLP se sont réjouis le 21 juillet de la trêve conclue entre l’Ukraine et la Russie pour permettre l’exportation de céréales, via la Mer Noire, à des pays d’Afrique de l’Est et du Moyen-Orient, accablés par une famine exceptionnelle. Cette trêve permet aussi un espoir fragile de voir un terme possible à la guerre Ukraine-Russie qui fait rage depuis 150 jours.

En un article consacré au début, royauté oblige, aux insultes russophobes de Justin Trudeau, Radio-Canada s’est gardé une petite gêne de son habituelle propagande guerrière en publiant bravement à la fin le paragraphe suivant:

« António Guterres a relevé le caractère « sans précédent » de cet accord conclu entre deux pays en guerre. Il a évoqué « une balise d’espoir, une balise de possibilité, une balise de secours dans un monde qui en a plus que jamais besoin. Vous avez surmonté les obstacles et mis de côté les différences pour ouvrir la voie à une initiative qui servira les intérêts communs de tous», a-t-il ajouté en s’adressant aux représentants russes et ukrainiens. L’accord prévoit aussi la création d’un centre de contrôle à Istanbul, qui sera composé de responsables onusiens, turcs, russes et ukrainiens, pour diriger et coordonner le processus, ont déclaré des responsables turcs. Les navires seront soumis à des inspections pour s’assurer qu’ils ne transportent pas d’armes.

Réactions négatives de Trudeau et de Liz Truss

Trudeau a déclaré le 21 ne faire nullement confiance en Poutine et comme de fait, le lendemain de sa déclaration de toute évidence navrée par la possibilité d’une paix [1] entrouverte par la trêve, un bombardement « épouvantable » du port d’Odessa est survenu, condamné par Londres et par les médias canadiens qui l’attribuent unanimement à « l’irresponsable Poutine », après une enquête approfondie… de quelques minutes [2]. Nos doutes procèdent d’une simple question « à qui profite le crime », avec néanmoins la certitude de la bêtise des militaires russes en ignorance du symbole qui ont confirmé la présence de cibles militaires…

L’ancienne ministre des Affaires étrangères britannique, Liz Truss [3], malgré les dénégations officielles de Poutine, a déclaré: « Cela montre que l’on ne peut pas se fier à un mot de ce qu’il dit. Nous devons travailler urgemment avec nos partenaires internationaux pour trouver un autre moyen de faire sortir les céréales d’Ukraine sans impliquer la Russie et ses promesses non tenues ».

Des militants antinucléaires avancent une solution

pnnd-logo

alyn_ware

Alyn Ware

Je ne suis apparemment pas le seul à souffrir d’un léger trouble du spectre autiste (nouvelle version d’il y en a qui en ont fumé du bon) qui me fait béatement ignorer la vénalité des politiciens. Mon ami néozélandais Alyn Ware, auparavant instituteur d’une maternelle puis devenu par ses initiatives sensées Coordonnateur des Parlementaires mondiaux pour la Nonprolifération nucléaire et le Désarmement depuis leur fondation en 2002, a partagé l’idée audacieuse conjointe de Jonathan Granoff, Président de l’Institut de Sécurité Globale et d’Oscar Arias prix Nobel de la Paix et ex-président du Costa Rica, à savoir que les États-Unis puissent retirer toutes leurs armes nucléaires stationnées en Europe (Allemagne, Turquie…) en un geste de conciliation pro-paix. L’initiative, jugée suffisamment sérieuse pour qu’une membre du Congrès américain Pramila Jayapal et que les Washington Physicians for Social Responsibility la présentent en requérant l’appui de leurs concitoyens américains, a pour but de donner à Vladimir Poutine un argument à ses électeurs pour justifier sa guerre et surtout son retrait avec un tel résultat. Il va sans dire que les Artistes pour la Paix veulent le plus tôt possible la fin des souffrances des Ukrainiens et des Kurdes, victimes collatérales de cette guerre, cela nous empêchant de chanter les louanges d’Erdogan comme médiateur.


[1] Le Canada de Trudeau a cosigné et approuvé le concept stratégique guerrier de l’OTAN : voir notre article http://www.artistespourlapaix.org/notre-choix-suicide-collectif-ou-action-solidaire/. Trudeau préfère donc la guerre, surtout quand elle est menée par des soldats ukrainiens ou par des volontaires idéalistes canadiens leurrés par ses discours ? On lira en page 3 du Journal de Montréal d’aujourd’hui la tragique histoire racontée par Olivier Faucher d’un Québécois parti faire la guerre : « Maman, avait-il dit, je ne peux pas rester les bras croisés : il y a des enfants qui meurent ». Il les a hélas rejoints. Paix à son âme. Malgré des études en philosophie, il a été trompé par la propagande guerrière médiatique, inondée de fiers drapeaux turquoise et jaune, qui n’a reproduit aucun de nos articles documentant la présence nazie chez les combattants ukrainiens depuis Maidan 2014.

[2] Semblable à la portion internationale des enquêtes de la Chambre des Communes du Canada, qui s’est basée sur deux rapports – évidemment très objectifs de la CIA – pour déclarer, à l’unanimité des partis (ambiguïté des Verts?), la Russie et la Chine coupables de « génocide ».

[3] Détentrice d’un diplôme de maîtrise en arts, Truss est la favorite dans la course à la succession de Boris Johnson démissionnaire. Selon John Pilger (19 février) : « Liz Truss, qui a dépensé près de $900 000 en argent public pour un avion privé vers l’Australie afin d’avertir le gouvernement de Canberra que et la Russie et la Chine étaient sur le point de bondir sur leurs proies [Ukraine et Taiwan], n’a offert aucune preuve de son assertion. Les têtes antipodiennes hochèrent la tête devant ce « récit » non contesté. Une rare exception : l’ancien Premier ministre Paul Keating a qualifié le bellicisme de Truss de « dément ». Truss avait allègrement confondu les pays de la mer Baltique avec ceux de la mer Noire en disant à Moscou, au ministre russe des Affaires étrangères, que la Grande-Bretagne n’accepterait jamais la souveraineté russe sur Rostov et Voronezh – jusqu’à ce qu’on lui fasse remarquer que ces localités se trouvent en territoire russe et non en Ukraine. La presse russe s’est régalée de la bouffonnerie de cette prétendante au 10 Downing Street ».