guilbeault

Quelques jours avant les élections, la cofondatrice des radicales et courageuses Mères au front Laure Waridel, qui avait démarré Équiterre il y a vingt-six ans avec Guilbeault alors que les Artistes pour la Paix travaillaient de concert avec le pionnier écologiste Pierre Dansereau, publiait une lettre controversée d’appui à son ancien camarade. La plus secouée fut la candidate du NPD qui affrontait les Libéraux dans Laurier-Ste-Marie, madame Nimâ Machouf, épouse d’Amir Khadir, jouissant d’un certain appui de Québec Solidaire.

Si Karel Mayrand, ancien jeune lieutenant de David Suzuki, se réjouit aujourd’hui de la nomination du jeune député à la tête du ministère de l’Environnement en nourrissant un grand espoir, bien d’autres écologistes, dont nous-mêmes, ont perdu foi en les Libéraux pour redresser la situation environnementale du Canada, qu’ils ont irrémédiablement dégradée par l’achat du pipeline Transmountain et leurs promesses de l’agrandir. Si certains font miroiter une détermination libérale environnementale dans leur intention de contrer le 3e lien autoroutier de la CAQ entre Lévis et Québec – terriblement onéreux et absurde, même après avoir retiré le tronçon destiné à aboutir au cœur de la capitale -, d’autres plus réalistes pointent vers les milliards de $ de subventions encore accordées dans les six années du gouvernement libéral aux pétrolières, un secteur qui avait autrefois enrichi le grand-père Trudeau et la fortune familiale dont jouit Justin, héritée de Pierre Elliott.

Le suspense à savoir si Guilbeault est environnementaliste ou carriériste ne devrait pas durer des mois, puisque le nouveau ministre de l’Environnement et du Changement climatique se dirigera en fin de semaine vers la Conférence de Glasgow sur les changements climatiques (COP26) : peu de spécialistes espèrent un résultat respectant un tant soit peu l’atténuation des sévères pronostics du GIEC-ONU qui prédisent un accroissement de la température globale dépassant bientôt le seuil critique du 1.5 degré de réchauffement, avec chez nous ses conséquences désastreuses de fonte de l’Arctique.

Pour contrer cette évolution en marche inéluctable, on ne peut compter sur les liens de Trudeau avec Biden, décevants, et on ne peut compter ni sur Macron ni sur Johnson pour adopter une ligne de progrès respectable, d’autant moins que la Première ministre Merkel, la plus écologique de tous, a tiré sa révérence après un mandat exceptionnel de vingt ans.

À moins d’une révolution climatique que nul ne prévoit de la part de la Chine, de l’Inde et de la Russie, COP 26 devrait représenter un autre échec retentissant. On ne pourra changer la donne dans l’avenir que si par miracle l’ONU réussissait à forcer les industries militaires et les armées à calculer le coût environnemental de leurs machines infernales gobeuses de pétrole. Bref, tant que les payeurs de taxes américains continueront à verser 80 millions US$ de l’heure au Pentagone, tant que les États-Unis continueront à opérer plus de 700 bases militaires en 70 pays au prix de 160 milliards de $ annuels (chiffres de CODEPINK), les conditions pour une solution commune des problèmes de la planète ne seront pas réunies et un élément politique aussi ténu que Steven Guilbeault sera englouti par le cynisme destructeur des Jason Kenney et Erin O’Toole.

On sent bien à écrire (ou à lire) cela notre cœur romantique consommateur de films d’aventure espérer une fin hollywoodienne inespérée…