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Philosophe-enseignant à l’Université de Montréal pendant près de trente ans, Michel Seymour a appuyé notre demande de négociations pour arrêter le massacre des Ukrainiens et vient tout juste d’appuyer notre texte sur Haïti en écrivant : La situation haïtienne est fort complexe. Je ne parviens pas à en démêler tous les fils, mais le texte proposé a le mérite de prendre le taureau par les cornes. Il a aussi l’indéniable mérite de nous aider à comprendre davantage les tenants et aboutissants de la conjoncture actuelle.

Sans compter que Michel est un mélomane averti à qui on doit maintes réflexions sur la musique et qui vient de vivement déplorer avoir manqué le concert d’I Musici animé par Caroline Monnet. Pour mieux le connaître, on vous propose :

 

« Il est effrayant de constater l’histoire imaginaire que les chroniqueurs et journalistes occidentaux ont concocté de toute pièce. Une Russie perdante, une armée incompétente, l’Ukraine qui reprend les territoires, sans tenir compte des dizaines de milliers de soldats ukrainiens morts. Cette narration est basée sur des faits alternatifs. On suppose que la Russie a cherché à conquérir l’Ukraine, qu’elle a échoué et qu’elle perd maintenant contre l’Ukraine. On omet non seulement les multiples provocations américaines à l’origine du conflit, mais aussi le fait que l’invasion initiale était un moyen d’obtenir vite une négociation, que les Russes étaient jusqu’à présent deux fois moins nombreux que les Ukrainiens sur le territoire et qu’ils se sont efforcés jusqu’à présent, malgré les médias et mensonges occidentaux, de ne pas affecter les infrastructures civiles. Avec le bombardement du pont de Crimée, les Ukrainiens poursuivent l’escalade avec l’appui des États-Unis. Les Russes vont commencer à mettre le pied sur l’accélérateur.

Les politologues maison comme Dominique Arel et Justin Massie peuvent s’encourager mutuellement et maintenir leur discours illusoire. Ils peuvent d’autant plus le faire qu’ils sont appuyés par des chroniqueurs politiques partisans farouches et idéologues convaincus qui prennent leurs états irrationnels pour de la lucidité alors qu’ils sont en réalité aveuglés par une haine russophobe, qui est le produit depuis plusieurs décennies d’esprits formatés par les Néo-Cons néolibéraux des États-Unis qui rêvent encore d’un monde unipolaire et d’une hégémonie américaine planétaire.

Après avoir foutu le bordel au Moyen-Orient, les USA cherchent maintenant à dominer la Russie en se servant de l’Ukraine, tout comme ils se servent de Taiwan pour dominer la Chine. Ils sont les vrais fauteurs de trouble. Ils nourrissent des ambitions complètement folles et démesurées alimentées par l’islamophobie, la russophobie et la sinophobie. De voir les journalistes tomber dans le panneau et se soumettre à cette vision manichéenne cherchant à provoquer un choc des civilisations est désolant. C’est aussi déplorable et attristant de constater l’ignorance géopolitique crasse dans laquelle ils sont plongés. »

Le seul point où notre accord n’est pas complet semble sa réticence, comme beaucoup d’activistes de gauche, à appuyer l’ONU et à admirer les efforts de son Secrétaire général Antonio Guterres qui a pourtant affirmé :

NÉGOCIER EST POSSIBLE ET SURTOUT NÉCESSAIRE.

D’autres Américains que Chomsky, tel Jeffrey Sachs, ancien directeur à l’Université Columbia du Earth Institute et économiste keynésien comme mon regretté collègue Gilles Dostaler, s’emploient aussi à attaquer l’idéologie pro-guerre américaine (Démocrates et Républicains confondus) qui jouit chez nous d’un déplorable consensus médiatique.