Le docteur François Lamontagne

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Le professeur François Lamontagne de l’Université de Sherbrooke. Photo : Robert Dumont – UdeS

Il y a un bon Dieu pour un chercheur comme moi qui s’apprêtait à signer un article pour défendre en solo l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Voici que le professeur-chercheur François Lamontagne, membre de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke et du Centre de recherche du CHUS, vient de présider aux plus récentes recommandations émises par l’OMS dans le traitement des formes graves de la COVID-19 par son recours aux corticostéroïdes, une classe de médicaments peu coûteuse et facile d’accès par la plupart des systèmes de santé à travers le monde !

Pour diriger une équipe composée d’une trentaine de spécialistes provenant des quatre coins du monde, l’OMS a fait appel à l’intensiviste-interniste au CIUSSS de l’Estrie – CHUS. Les résultats de la méta-analyse de ses études démontrent que les corticostéroïdes réduisent de 20 % les risques de décès chez les personnes atteintes d’une forme sévère de la COVID-19, car ce médicament aurait un effet bénéfique sur l’inflammation potentiellement mortelle qui sévit au cours du stade avancé de la maladie : sont réduits les risques de décès et le besoin de ventilation mécanique invasive, et donc les séquelles physiques pouvant en découler !

Très fier à juste titre, le jeune chercheur déclare : « C’est la première recommandation de l’OMS qui n’est pas qualifiée “d’intérimaire”. C’est aussi la première fois que l’OMS confie ce genre de responsabilité à des experts externes. Normalement, ça prend beaucoup plus de temps pour faire ce qu’on a fait en un été, mais la situation l’exigeait. Cette réalisation marque une nouvelle culture de collaboration internationale qui fait beaucoup de bien par les temps qui courent. »

Hostilité médiatique conservatrice envers l’OMS

Face aux manifestations locales anti-masques des Covidiots, cette nouvelle fait l’effet d’un baume dont avaient bien besoin nos dirigeants qui devraient admettre le rôle positif de nos caricaturistes et de nos journalistes : par leurs questions assidues aux conférences de presse régulières de MM Trudeau et Legault qui ont pris de l’assurance dans leurs communications, ils ont contribué à rendre plus transparentes leurs décisions sanitaires, fortement appuyées par la population, selon les sondages.

Mais nous espérons que la nouvelle du grand succès du docteur Lamontagne fasse cesser l’hostilité générale invraisemblable de nos médias canadiens à l’égard de l’Organisation mondiale de la santé. Ne travaille-t-elle pas pour l’intérêt général de l’humanité, en prévenant qu’un futur vaccin ne serve ni les intérêts des BIG PHARMAS, ni d’étroites politiques nationales (Russie ?), ni surtout la réélection de Donald Trump qui a coupé en avril dernier la contribution des États-Unis à l’OMS ?

À titre d’exemple de prise de position hypocrite, voyons comment la correspondante de la droite conservatrice, Nathalie Elgrably-Lévy, discrédite l’OMS dans le Journal de Montréal (opinion du 4 septembre, dont je mets les nombreux termes dénigrants en italiques) : « De son propre aveu, l’OMS surveille scrupuleusement les réseaux sociaux et a conçu plusieurs programmes afin de contrôler le narratif. Le lecteur jugera par lui-même si la stratégie de l’OMS constitue un effort légitime pour informer la population ou s’il s’agit d’une propagande visant une quelconque manipulation sociale. En revanche, dans un cas comme dans l’autre, si l’OMS recourt à de pareils moyens, c’est certainement qu’elle sent que sa crédibilité s’est fortement érodée. Réaction tardive à la crise, complaisance envers la Chine, dépendance financière à des intérêts privés qui l’expose à des conflits d’intérêts : voilà autant de griefs qui nuisent à l’image de l’organisation et qui expliquent probablement que les populations la boudent. Or, plus les gens se méfieront de l’OMS, plus elle voudra contrôler le narratif. Et plus elle le contrôlera, plus les gens se méfieront d’elle. Pour redorer son blason, l’OMS doit se réformer et se refaire une réputation. Il ne tient qu’à elle de briser le cercle vicieux! » Ces deux derniers mots résument l’intention malveillante de l’autrice…

Engagement généreux de la docteure Joanne Liu

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Docteure Joanne Liu

En contrepartie, félicitons le Journal de Montréal d’avoir lancé l’alarme contre le boycott par le gouvernement québécois de l’urgentologue Joanne Liu ayant grandi à Charlesbourg et ex-présidente des Médecins sans Frontières. Mais pourquoi fait-il si peu de cas de sa nomination au comité indépendant d’enquête sur la gestion mondiale de la pandémie mis sur pied par l’OMS ? « Son expertise ajoute de la crédibilité à cet exercice», déclare mon collègue Jean-Yves Proulx, cosignataire de notre article du début du mois.

Vendredi 4 septembre au 24/60, Radio-Canada faisait une entrevue malaisée dont l’animatrice Julie Drolet cachait mal la tendance de son employeur à dénigrer l’OMS et l’ONU, forçant ainsi la docteure Liu à se retrancher sur sa défensive, alors que le Québec et le Canada devraient publiquement et unanimement exprimer leur reconnaissance pour son travail humanitaire complexe au cours des ans.

Au lieu de quoi Le Devoir [1] la boude, comme il ne semble guère en voie de publiciser les 75 ans de l’Organisation des Nations-Unies, justement érigée pour remplacer les bombes par la diplomatie : voir notre article Défendons la paix !


[1] Les 4 et 5 avril, Le Devoir de 66 pages consacrait sa seule référence à l’ONU à un article de Mylène Crête en page B3 qui dénigrait l’Organisation Mondiale de la Santé.