Auteurs :
Dr Éric Notebaert
, Association Québécoise des Médecins pour l’Environnement.
Pascale Frémont, présidente des Religions pour la Paix (Canada).
Ginette Charbonneau, physicienne, et Lucie Massé, toutes deux du Ralliement contre la pollution radioactive.
Michel Duguay, docteur en physique nucléaire de l’Université Yale, membre de Science for Peace et professeur en génie électrique Université Laval.
Pierre Jasmin, président d’honneur Mouvement Québécois pour la Paix, Artiste pour la Paix, membre Pugwash Canada et Réseau canadien pour l’abolition de l’arme nucléaire.
Nancy K. Brown, membre Mouvement Québécois pour la Paix, Amnistie internationale, LEAP Montréal et Échec à la guerre (traductrice de ce document en anglais).
Philippe Giroul, Eau-Secours, membre du PQ à Trois-Rivières, co-coordonnateur du Mouvement Sortons le Québec du Nucléaire (2008-2013).
Stone Iwaasa, émissaire du Conseil Traditionnel Mohawk de Kahnawake (Clan du loup).
Nadia Alexan, Action Citoyenne – organisation altermondialiste et militante laïque.
Phyllis Creighton, Ordre de l’Ontario, conseillère spéciale au Bureau International de la Paix (fondé en 1891).
Pascale Camirand, philosophe éthicienne féministe.

Chrystia Freeland, Justin Trudeau et Harjit Sajjan (ministre de la Défense) arrivent au sommet de l’OTAN le 12 juillet 2018. (Photo Tatyana ZENKOVICH/AFP/Getty)

À 48 heures de sa formation d’un nouveau conseil de ministres, douze justes ont jugé urgent d’interpeller M. Trudeau. ENTRÉE LIBRE, revue communautaire de jeunes de Sherbrooke, a dès la fin octobre imprimé cet article et ses deux photos, mais AUCUN DES MÉDIAS DE MASSE. Sont-ils corrompus par les GAFAM et influencés par les pétrolières et les gouvernements provinciaux de droite qui ont cherché dans les jours suivant l’élection à imposer à Trudeau leur agenda corporatiste ? Museler la gauche critique ne conduit-il pas inéluctablement à des gouvernements de droite corporatistes, comme on le constate hélas dans l’ouest canadien, aux États-Unis et en Amérique du Sud ? On ne compte plus les articles où l’Alberta et la Saskatchewan menacent de Wexit-er. Le Premier ministre Trudeau a indiqué le 29 octobre 2019 qu’il consulterait Isabelle Hudon pour la composition de son prochain gouvernement. Cette ambassadrice du Canada en France dirigea Sun Life Financial, au moment où cette institution se signalait, selon PAX en Hollande, dontbankonthebomb.com, comme le plus grand investisseur canadien (en milliards de $) chez des compagnies américaines produisant des armes nucléaires ! Elle était aussi présidente du Conseil d’Administration de l’UQAM, durant les dernières années honteuses du gouvernement John Charest : suite à la rébellion étudiante du Printemps érable, les deux ont été évincés. Lise Bissonnette vint à la rescousse de l’université et Pauline Marois ferma Gentilly 2 et la mine d’amiante Jeffrey que Charest voulait garder en opération au coût de centaines de millions de $. La nomination de madame Hudon va donc à l’encontre de nos vœux pourtant acheminés au premier ministre dès la fin octobre. Reportez-vous à deux semaines avant, date de l’article, pour juger de sa pertinence. PJ.

 

Écrit avant que le NPD n’adopte le slogan «progressiste», un article [1] des APLP lançait à ses membres un appel réaliste à un résultat d’élections reportant au pouvoir un parti libéral, mais MINORITAIRE ET PROGRESSISTE. Depuis le 21 octobre, les provinces aux gouvernements dominés par des intérêts commerciaux mortifères (pétrole, uranium, chantier de navires de guerre…) ont pressé Trudeau de continuer ses politiques nuisibles à la planète, sous l’influence corporative implacablement documentée par Martin Lukacs[2].

Les signataires de cet article veulent plutôt un gouvernement :

1- moins pétrolier

Plusieurs candidatEs de valeur, tant verts que NPD, s’ils avaient été unis [3], auraient remporté un grand nombre de sièges, par exemple Nimâ Machouf arrivée deuxième derrière l’ancien chef d’Équiterre. La victoire contre elle du Libéral Steven Guilbault s’est néanmoins distinguée par son opposition affirmée au projet – encore suspendu par les tribunaux – de tripler au coût de $7 à $10 milliards la capacité du pipeline TransMountain de transporter le pétrole des sables bitumineux, aux gaz à effets de serres particulièrement toxique. En s’y opposant aussi, outre la bénédiction symbolique de Greta Thunberg en tête de trois grands rassemblements écologistes à Montréal, Edmonton et Vancouver en moins d’un mois, le gouvernement Trudeau recevrait l’appui en Chambre de 32 députés Québécois gonflés… à Bloc, de 24 néo-démocrates tels Jagmeet Singh et Alexandre Boulerice, de trois députés verts dont la jeune et brillante recrue de Frédéricton et paradoxalement, de Jody Wilson-Raybould, réélue comme indépendante.

2- dénucléarisé

De cette courageuse autochtone, ancienne ministre de la Justice libérale, on connaît l’opposition de principe à SNC-Lavalin. On sait moins que cette firme n’a pas seulement « acheté » des despotes étrangers pour ses transactions outre-mer, elle est aussi la compagnie à qui Harper et Trudeau ont confié la gestion partielle du nucléaire civil, notamment un controversé projet d’entreposage de déchets nucléaires à Chalk River qui menace les sources d’eaux potables d’Ottawa et de Montréal.

D’autre part, selon l’expert canadien en non-prolifération nucléaire Tariq Rauf [4], la Saskatchewan, seule province productrice et exportatrice d’uranium canadien et fief d’Andrew Scheer, a exporté son uranium, (ir)responsable des bombes nucléaires en Inde et au Pakistan (et peut-être en Corée), en contravention de règlements du Traité de non-prolifération nucléaire (ONU 1970).

3- pour la paix mondiale

Le nouveau gouvernement élu pourrait mériter une étiquette internationale progressiste en appuyant l’ONU d’Antonio Guterres, plutôt que l’OTAN pro-bombes nucléaires qui impose au Canada un budget militaire extravagant et nuisible; la campagne électorale n’a jamais [5] ouvert de discussion démocratique sur ce sujet, vu nos médias (GAFAM) acoquinés avec le complexe militaro-industriel [6]: le déficit canadien est aggravé de $70 milliards par les seuls navires Irving équipés d’armes guerrières par la filiale canadienne de Lockheed Martin, célèbre pour ses armes nucléaires américaines menaçant la planète.

TRUDEAU A LE CHOIX d’écouter plutôt la déclaration de la Conférence des Évêques Catholiques Canadiens du 26 septembre [7] et de bâtir une coalition progressiste : le pape François et la militante féministe Ray Acheson [8] l’enjoignent de ratifier le Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires avancé par un Costa Rica sans armée, appuyé en juillet 2017 à l’ONU par les 2/3 des nations, mais scandaleusement boycotté par Trudeau[9].


[1] http://www.artistespourlapaix.org/?p=17400

[2] http://lautjournal.info/20190909/martin-lukacs-lecture-incontournable

[3] En 2007, P. Jasmin avait échangé de nombreux courriels avec sa collègue de Pugwash Élizabeth May et l’ex-ministre de l’Environnement québécois et candidat du NPD dans Outremont, Thomas Mulcair, pour les inciter à joindre leurs forces en un Parti Démocrate Vert.

[4] M. Rauf a dirigé à Vienne de 2002 à 2011 la Coordination de la Politique de Vérification et de Sécurité pour l’Agence Internationale d’Énergie Atomique auprès de Mohamed ElBaradei et de Yukiya Amano.

[5] Trois exceptions, le Devoir, la Tribune et l’Aut’Journal qui ont publié l’article de Jasmin à ce sujet.

[6] https://journal.alternatives.ca/Une-prediction-sur-le-grand-gagnant-de-l-election-2019

[7] « Les évêques catholiques du Canada souhaitent attirer l’attention du public sur les dangers croissants que constituent les armes nucléaires pour l’humanité. La directrice de l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement a dit que le risque de guerre nucléaire est à son niveau le plus élevé depuis la Deuxième Guerre mondiale. Elle a émis ce commentaire peu après que le pape François ait parlé d’une nouvelle saison de confrontation nucléaire inquiétante. Le Secrétaire général des Nations Unies a lancé cette mise en garde : nous sommes à une erreur mécanique, électronique ou humaine d’une catastrophe qui pourrait éradiquer des villes entières de la carte. La présence persistante de 14 465 armes nucléaires dans neuf pays est l’un des plus grands défis moraux de notre temps. Nous appuyons sans réserve la vive condamnation du pape François à l’endroit des armes nucléaires. »

[8] http://lautjournal.info/20190812/les-bombes-atomiques-ont-toujours-ete-une-question-de-pouvoir

[9] http://www.artistespourlapaix.org/?p=16901 Yves Engler traduit par Christian Morin