Aujourd’hui 25 juin, la Presse publie un cahier des arts consacré à la pseudo-disparition de l’art ou des artistes engagés. Le Devoir consacre une page dithyrambique à Mathieu Bock-Côté, pourfendeur du multiculturel et chantre des valeurs traditionnelles de nationalisme à la chanoine Groulx. Et les journalistes de ces deux quotidiens s’entendent avec ceux du Journal de Montréal (où Bock-Côté éditorialise), de la Tribune et du Soleil (etc.) en censurant depuis vingt ans les Artistes pour la Paix : aucun d’entre eux n’a accordé UNE SEULE SIMPLE MENTION de l’existence du site www.artistespourlapaix.org. Ils ont aussi ignoré le Centre de Ressources sur la Non-violence, les conférences Pugwash et les communiqués du Réseau canadien pour l’abolition de l’arme nucléaire. À peu près rien sur le Forum Social Mondial qui va rassembler autour de dix mille personnes à Montréal du 8 au 14 août prochains, ni sur son Second Forum sur le Nucléaire.

Et pourtant, parfois relayés par l’Aut’Journal, notre site a publié, depuis le 12 mai, DIX-NEUF ARTICLES ENGAGÉS en moins d’un mois et demi (!) et nous regrettons ne pas avoir traité de sujets pourtant essentiels, faute de temps.

Quand l’élite mondialiste qui contrôle les médias comprendra-t-elle qu’en censurant les pacifistes et les altermondialistes, elle prépare l’arrivée aux pouvoirs de populistes d’extrême-droite à la Donald Trump ? En publicisant les manifs pro-nazies avec force photos et espaces médiatiques, ignore-t-elle que ceux qui regardent les nouvelles n’enregistrent pas les sursauts d’indignation des commentateurs qu’ils assimilent à des cris de faiblesse (Hitler revisited) ? La preuve en est ces jeunes qui adhèrent par fascination à l’État islamique et prennent leurs billets pour la Syrie via la Turquie…

Quel rapport avec le BREXIT? Peu de choses à vrai dire, puisque les APLP n’ont avancé aucune opinion sur ce référendum. Sauf qu’il est tellement ridicule de voir nos grands journalistes penseurs verser des larmes sur une issue qu’ils estiment populiste, voire raciste, de ce vote. Les statistiques leur donnent en partie raison en nous apprenant que 68% de ceux et celles qui ont voté pour le mainta-IN ont fait des études universitaires et 66% des jeunes encore aux études les ont appuyés. Ces personnes se renseignent en lisant des articles complets et approfondis sur les enjeux. Alors que 59% des personnes âgées de plus de 65 ans et 61% qui n’ont pas de diplômes ont voté par réflexe pour le brexit, en partie parce que « des races » s’emparaient de « leurs » jobs. Car en Grande-Bretagne aussi, les médias censurent les pacifistes qui ouvrent leurs bras aux réfugiés immigrants et votent contre la guerre.

Réfléchissons sur ces paradoxes : Londres, l’Irlande du Nord, le pays de Galles et l’Écosse ont voté CONTRE le brexit au point que l’Écosse songe à reprendre son référendum sur l’indépendance pour continuer d’adhérer à l’Europe. C’est un peu comme si le Québec, devant une décision canadienne de ne pas respecter l’ONU pour satisfaire des volontés guerrières harpériennes, décidait de reprendre un référendum, qui serait sûrement gagnant !!!

Le mouvement pacifiste est fort mais ne tolérons-nous pas trop la censure à notre égard…?

À ces réflexions, a répondu entre autres Kathleen Ruff, récipiendaire de la Médaille de l’Assemblée nationale du 9 juin (voir http://www.artistespourlapaix.org/?p=10534 ) qui nous a aimablement envoyé l’importante prise de position suivante :

Accords Union Européenne / Commerce: l’expert onusien Alfred de Zayas met en garde contre le contournement des parlements nationaux

GENÈVE (24 Juin 2016) – Le spécialiste des droits de l’homme aux Nations-Unies, M. Alfred de Zayas, a averti aujourd’hui que tout plan par l’Union européenne de contourner les parlements nationaux avec des accords controversés commerciaux violerait les normes, en particulier les normes internationales des droits humains.

« Les accords commerciaux préparés et négociés en secret, à l’exclusion d’acteurs clés tels que syndicats, associations de consommateurs, professionnels de la santé et experts environnementaux et parlements, ont zéro légitimité démocratique», a déclaré l’expert indépendant des Nations Unies sur la promotion d’un ordre international démocratique et équitable.

L’appel de M. de Zayas intervient alors que la Commission européenne se prépare à traiter l’Accord économique et commercial global (AECG) avec le Canada comme une question «UE seulement» : adopté, l’AECG exclurait sa ratification par tous les parlements nationaux de l’UE, selon les documents divulgués et les récents rapports des médias que l’expert indépendant a consultés, avec discussions auprèsde divers intervenants de l’UE.

« Compte tenu de l’opposition croissante vocale par les organisations de la société civile, une discussion ouverte approfondie devrait être menée par les parlements et les référendums doivent être organisés dans tous les pays concernés nationaux», a déclaré M. de Zayas. « Exclure la participation du public à cet important débat est antidémocratique et manifeste un mépris profond de la voix des peuples ».

Une consultation antérieure menée par la Commission européenne en 2014 a donné lieu à 97% des personnes interrogées à travers l’Europe exprimant leur opposition à l’inclusion de la protection asymétrique transatlantique échange et partenariat d’investissement (TTIP) avec les États-Unis. « Ce serait de même pour l’AECG, mais aucune consultation n’a été jamais tenue, » at-il noté.

A la lumière du Conseil européen des 28-29 Juin 2016, l’expert a appelé les États à respecter leurs obligations en matière de droits. « Le régime des traités des droits de l’homme implique des obligations contraignantes que les États doivent observer, » dit l’expert rappelant le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, la Convention européenne des Droits de l’Homme, la Charte sociale européenne et la Convention américaine relative aux droits de l’homme.

« En cas de conflit entre les accords commerciaux et les traités relatifs aux droits de l’homme, ce sont ces derniers qui l’emportent, » at-il souligné. «Les États ne doivent pas conclure des accords qui retardent, contournent, entravent ou rendent impossible le respect des obligations des traités des droits de l’homme. »

L’expert indépendant a noté que le but d’un État n’est pas de garantir des bénéfices aux investisseurs ou à des entreprises transnationales, mais de légiférer et de réglementer dans l’intérêt public. « L’Etat ne peut pas se départir de cette responsabilité d’agir pour protéger les populations relevant de sa compétence en adoptant des mesures environnementales de santé par précaution et en réglementant les normes du travail pour assurer la sécurité alimentaire », at-il ajouté.

« Les accords commerciaux ne devraient être ratifiés qu’après la conduite d’évaluations des droits humains, de la santé et de l’impact environnemental, ce qui n’a pas été le cas à l’égard de l’AECG et TTIP», a déclaré M. de Zayas.

« La ratification de l’AECG et TTIP enclencherait une« course vers le bas » en termes de droits de l’homme et compromettrait gravement l’espace réglementaire des États. Ceci est contraire aux buts et principes de la Charte des Nations Unies et constituerait un obstacle sérieux à la réalisation d’un ordre international démocratique et équitable », a conclu l’expert indépendant des Nations Unies.

http://www.ohchr.org/EN/Issues/IntOrder/Pages/Reports.aspx
http://www.un.org/en/ga/search/view_doc.asp?symbol=A/70/285

Alfred de Zayas (États-Unis d’Amérique) a été nommé premier expert indépendant pour la promotion d’un ordre international démocratique et équitable par le Conseil des droits de l’ homme, à compter de mai 2012. Il est actuellement professeur de droit international à l’École de Genève : http://www.ohchr.org/EN/Issues/IntOrder/Pages/IEInternationalorderIndex.aspx

Pour plus de demandes d’information, s’il vous plaît contacter M. Thibaut Guillet (+41 22 917 9674 / tguillet@ohchr.org ) ou écrire à ie-internationalorder@ohchr.org

Cette opinion explique clairement en quoi les politiques européennes (on pourrait aussi parler chez nous des ententes commerciales Mexique-Canada-USA ou les marchés communs Canada-Europe ou Canada-Asie) sont mal perçues par les 99%, puisque le plus souvent dictées par les 1%, c’est-à-dire les entreprises aux motifs secrets de profit au détriment de l’environnement et des droits des travailleurs.

Les APLP croient qu’il faut résister à la globalisation économique forcée par les multinationales, non par le protectionnisme ni par l’isolationnisme, mais par l’altermondialisation. C’est pourquoi nous avons salué le courageux Snowden et ceux à sa suite dans leurs révélations des paradis fiscaux, entre autres au Canada Brigitte Alepin et Alain Deneault.

L’article suivant intéressera peut-être certains d’entre vous ?

How Western Military Interventions Shaped the Brexit Vote

Gregory Wilpert, coming to you from Quito, Ecuador.

Britain’s referendum in favor of leaving, or exiting, the European Union, the Brexit referendum, as the results are known, won with 52 percent of the vote on Thursday, June 23, stunning Europe’s political establishment. One of the issues that has raised concern for many is that what does the Brexit mean for Britain’s and Europe’s economy and politics. This was one of the main topics leading up to the referendum, but a lot of disinformation reigned in the discussion.

With us to discuss the economic and political context of the Brexit is Michael Hudson. He is a research professor of economics at the University of Missouri-Kansas City, and author of Killing the Host: How Financial Parasites and Debt Destroy the Global Economy.

Also, he is an economics adviser to several governments, including Greece, Iceland, Latvia and China. He joins us right now from New York City. Thanks, Michael, for joining us.

MICHAEL HUDSON: Good to be here again.

WILPERT: So let’s begin with the political context in which the Brexit vote took place. Aside from the right-wing arguments about immigrants, economic concerns, and about Britain’s ability to control its own economy, what would you say–what do you see as being the main kind of political background in which this vote took place?

HUDSON: Well, almost all the Europeans know where the immigrants are coming from. And the ones that they’re talking about are from the Near East. And they’re aware of the fact that most of the immigrants are coming as a result of the NATO policies promoted by Hillary and by the Obama administration.The problem began in Libya. Once Hillary pushed Obama to destroy Libya and wipe out the stable government there, she wiped out the arms–and Libya was a very heavily armed country. She turned over the arms to ISIS, to Al-Nusra, and Al-Qaeda. And Al-Qaeda used these arms under U.S. organization to attack Syria and Iraq. Now, the Syrian population, the Iraqi population, have no choice but to either emigrate or get killed. So when people talk about the immigration to Europe, the Europeans, the French, the Dutch, the English, they’re all aware of the fact that this is the fact that Brussels is really NATO, and NATO is really run by Washington, and that it’s America’s new Cold War against Russia that’s been spurring all of this demographic dislocation that’s spreading into England, spreading into Europe, and is destabilizing things.

So what you’re seeing with the Brexit is the result of the Obama administrations pro-war, new Cold War policy.

WILPERT: So are you saying that people voted for Brexit because they are really–that they were concerned about the influence of the U.S.? Or are you saying that it’s because of the backlash, because of the immigration that happened, and the fact that the right wing took advantage of that [crosstalk].

HUDSON: It’s a combination. The right wing was, indeed, pushing the immigrant issue, saying wait a minute, they’re threatening our jobs. But the left wing was just as vocal, and the left wing was saying, why are these immigrants coming here? They’re coming here because of Europe’s support of NATO, and NATO’s war that’s bombing the Near East, that is destabilizing the whole Near East, and causing a flight of refugees not only from Syria but also from Ukraine. In England, many of the so-called Polish plumbers that came years ago have now gone back to Poland, because that country’s recovered.

But now the worry is that a whole new wave of Ukrainians–and basically the U.S. policy is one of destabilization–so even the right-wing, while they have talked about immigrants, they have also denounced the fact that the European policy is run by the United States, and that you have both Marine Le Pen in France saying, we want to withdraw from NATO; we don’t want confrontation with Russia. You have the left wing in England saying, we don’t want confrontation with Russia. And last week when I was in Germany you had the Social Democratic Party leaders saying that Russia should be invited back into the G8, that NATO was taking a warlike position and was hurting the European economy by breaking its ties with Russia and by forcing other sanctions against Russia. So you have a convergence between the left and the right, and the question is, who is going to determine the terms on which Europe is broken up and put back together? Will it simply be the right wing that’s anti-immigrants? Or will it simply be the left saying we want to restructure the economy in a way that essentially avoids the austerity that is coming from Brussels, on the one hand, and from the British Conservative Party on the other. And again, you have Geert Wilders, the leader of the Dutch nationalists, saying, we want Holland to have its own central bank. We want to be in charge of our own money. And under Brussels, we cannot be in charge of our own money. That means we cannot run a budget deficit and spend money into the economy, and recover with a Keynesian-type policy.

So the whole withdrawal from Europe means withdrawing from austerity. If you look at the voting pattern in London, in England, you had London to stay in. You had the university centers, Oxford and Cambridge, voting to stay in. You had the working class, the old industrial areas of the north and the south. You had the middle class and the industrial class saying, we’re getting a really bad deal from Europe. We want to oppose austerity. And we don’t want Brussels to give us not only the anti-labor, pro-bank policies, but also the trade policy that Brussels was trying to push onto Europe, the Obama trade agreement that essentially would take national economic policy out of the hands of government and put it into the hands of corporate bureaucracy, corporation courts. And the bureaucracy in Brussels, then, is largely pro-bank, pro-corporate, and anti-labor.

WILPERT: That actually brings up the issue of the Transatlantic Trade and Investment Partnership, or the TTIP. It was one of the things that the Cameron government was really pushing for, this relationship between the European Union and the United States. Now that Britain is presumably going to be leaving the European Union, don’t you think that this might open the possibility of just a TTIP between Britain and the United States? In other words, that it will–it has been one of the arguments, actually, of those who were opposed to Britain leaving the EU, that it will tie Britain even closer to the United States than it was before, and by virtue of the fact that it’s leaving Europe.

HUDSON: I think just the opposite. I’ve gotten phone calls today from Britain, and I’ve been on radio with Britain. The whole feeling is that this makes the TTIP impossible, because you can’t do a TTIP just with Britain. You have to do it with all of Europe. And this prevents Europe, and I think Britain, too, from making this kind of trade policy. The rejection of Eurozone austerity is, essentially, a rejection of the neoliberal plan that the TTIP is supposed to be the capstone of.

WILPERT: And what do you think this means, then, in general for Europe’s future? One of the things that–one of the dangers that many perceive is precisely that Europe, as a European Union, is going to fall apart. Do you think that’s the likely scenario here? Or–.

HUDSON: I watched Marine Le Pen today in France, and you could see from her face that she was overjoyed. She thinks all of a sudden, almost every European interview where the people–there was such unleashing of a feeling of freedom, a feeling of yes, we can do it. When Ireland voted not to join the European Union, people just ignored the popular vote. But now it can’t be ignored anymore.

And I think that the British vote is a catalyst for moves in Spain, Italy, the Five Star movement in Italy, the Podemos in Spain, to say, we are–we have an alternative to Europe. Europe is sort of like the Soviet Union in the 30s and 40s. There was an argument, is it reformable or not? There is a feeling, and I think it’s correct, that the European Union, the Eurozone, and the euro, is not reformable, as a result of the Lisbon treaties and the other treaties that have created the euro. Europe has to be taken apart in order to be put together not on a right-wing, neoliberal basis, but on a more social basis.

Now, ironically, the parties who call themselves socialists are now moved to the ultra-right, to the neoliberal. The French socialists, the German social democrats. But you’re having real radical parties arise in Italy, Spain, Portugal, and potentially in Greece, again, that are going to say, well, the key of any government, of any national government, has to be the ability to issue our own money, to run a deficit, spending into the economy to make the economy recover. We cannot recover under the Lisbon agreements, under the Eurozone, where the central bank will only create money to give to banks, not money to spend into the economy, to actually finance new investment and new employment. And we cannot be part of a Eurozone that insists that pensions have to be cut back in order to make the banks whole and save the one percent losing money.

So for the first time you’re having the real left wing in Europe talking about financial issues, not about political philosophy, or the fact that countries are not going to go to war again. Nobody ever believes that France, Germany, and other countries in Europe are going to go to military war again. There is a fear that the countries in Europe may go to war against Russia, pushed by NATO, pushed by adventurism of the U.S. stance towards Russia.

And so all of a sudden the Eurozone that was supposed to be a bulwark of military peace has become belligerent, and even more so if Hillary would win in the United States. And there’’s a feeling we do want peace. That means we have to withdraw from the Eurozone. And essentially, withdrawing from Brussels means withdrawing from NATO and withdrawing from the United States.

So you could say that the vote to withdraw from Europe is really a vote of the British middle class, the working class, to withdraw from the U.S. neoliberalism that has been running Europe for the last ten years.