Une photographe canadienne de Régina dénonce la collusion médiatique
Valerie Zink, mère de deux enfants, avec ses chiens, sur Facebook 25 août 2025

Traduction en français par Pierre Jasmin, secrétaire des Artistes pour la Paix qui admire ce témoignage intègre et surtout courageux d’une artiste photographe, alors que tant de collègues journalistes se taisent. Et au moment où le PM Carney “exhorte Nétanyahou à ne pas intensifier ses opérations dans Gaza”, l’understatement of the year face à un génocide honteux et permis par les alliés de l’OTAN…
Au cours des huit dernières années, j’ai travaillé comme journaliste pour l’agence de presse Reuters. Mes photos illustrant des nouvelles des provinces des Prairies canadiennes ont été publiées par le New York Times, Al Jazeera et d’autres médias en Amérique du Nord, Asie, Europe et ailleurs. Il m’est devenu impossible de maintenir une relation avec Reuters, étant donné son rôle dans la justification autorisant l’assassinat systématique de 245 journalistes à Gaza. Je dois au moins cela à mes collègues palestiniens, et bien plus encore.
Lorsque Israël a assassiné Anas Al-Sharif, ainsi que l’ensemble de l’équipe d’Al-Jazeera dans la ville de Gaza le 10 août, Reuters a choisi de publier l’affirmation totalement sans fondement d’Israël selon laquelle Al-Sharif était un agent du Hamas – un des innombrables mensonges que les médias comme Reuters ont consciencieusement répétés et ainsi valorisés. La volonté de Reuters de perpétuer la propagande israélienne n’a pas épargné ses propres journalistes du génocide israélien. Cinq autres journalistes, dont le caméraman de Reuters Hossam Al-Masri, figurent parmi 20 civils tués ce matin dans une autre attaque contre l’hôpital Nasser : il s’agissait de ce qu’on appelle une frappe à « double frappe », dans laquelle Israël bombarde une cible civile comme une école ou un hôpital, attend l’arrivée des médecins, des équipes de secours et des journalistes puis frappe à nouveau.
Les médias occidentaux sont directement coupables d’avoir créé les conditions dans lesquelles cela peut se produire. Comme le dit Jeremy Scahill de Drop Site News, « tous les grands médias – du New York Times au Washington Post, d’AP à Reuters – ont servi de tapis roulant à la propagande israélienne, aseptisant les crimes de guerre et déshumanisant les victimes, abandonnant leurs collègues et leur prétendu engagement en faveur d’un reportage vrai et éthique ».
En répétant les inventions génocidaires d’Israël sans déterminer si elles ont la moindre crédibilité – abandonnant délibérément la responsabilité la plus élémentaire du journalisme – les médias occidentaux ont rendu possible le meurtre de plus de journalistes en deux ans sur une minuscule bande de terre que lors de la Première et de la Seconde Guerre mondiale et des guerres de Corée, du Vietnam, d’Afghanistan, de Yougoslavie et d’Ukraine réunies, sans parler du fait d’affamer une population entière, de déchiqueter ses enfants et de brûler vifs des gens.
Le fait que le travail d’Anas Al-Sharif ait remporté un prix Pulitzer pour Reuters n’a pas incité l’agence de presse à prendre sa défense lorsque les forces d’occupation israéliennes l’ont placé sur une « liste noire » de journalistes accusés d’être des militants du Hamas et du Jihad islamique. Cela ne l’a pas incité à prendre sa défense lorsqu’il a appelé les médias internationaux à se protéger, après qu’un porte-parole de l’armée israélienne a publié une vidéo montrant clairement leur intention de l’assassiner à la suite d’un reportage qu’il avait réalisé sur la famine croissante. Cela ne l’a pas obligée à rendre compte honnêtement de sa mort, lorsqu’il a été pourchassé et tué des semaines plus tard.
J’ai apprécié le travail que j’ai apporté à Reuters au cours des huit dernières années, mais à ce stade, je ne peux concevoir de porter cette carte de presse avec autre chose qu’une profonde honte et un profond chagrin. Je ne sais pas ce que signifie commencer à honorer le courage et le sacrifice des journalistes de Gaza – les plus courageux et les meilleurs qui n’aient jamais vécu – mais à l’avenir, j’orienterai toutes mes contributions en gardant cela à l’esprit.
Original statement
For the past eight years I have worked as a stringer for Reuters news agency. My photos covering stories in the prairie provinces have been published by the New York Times, Al Jazeera, and other media outlets across North America, Asia, Europe, and elsewhere. At this point it’s become impossible for me to maintain a relationship with Reuters given its role in justifying and enabling the systematic assassination of 245 journalists in Gaza. I owe my colleagues in Palestine at least this much, and so much more.
When Israel murdered Anas Al-Sharif, together with the entire Al-Jazeera crew in Gaza City on August 10, Reuters chose to publish Israel’s entirely baseless claim that Al-Sharif was a Hamas operative – one of countless lies that media outlets like Reuters have dutifully repeated and dignified. Reuters’ willingness to perpetuate Israel’s propaganda has not spared their own reporters from Israel’s genocide. Five more journalists, including Reuters cameraman Hossam Al-Masri, were among 20 people killed this morning in another attack on Nasser hospital. It was what’s known as a “double tap” strike, in which Israel bombs a civilian target like a school or hospital; waits for medics, rescue teams, and journalists to arrive; and then strikes again.
Western media is directly culpable for creating the conditions in which this can happen. As Jeremy Scahill from Drop Site News put it, “every major outlet – from the New York Times to the Washington Post, from AP to Reuters – has served as a conveyor belt for Israeli propaganda, sanitizing war crimes and dehumanizing victims, abandoning their colleagues and their alleged commitment to true and ethical reporting.”
By repeating Israel’s genocidal fabrications without determining if they have any credibility – willfully abandoning the most basic responsibility of journalism – Western media outlets have made possible the killing of more journalists in two years on one tiny strip of land than in WWI, WWII, and the wars in Korea, Vietnam, Afghanistan, Yugoslavia, and Ukraine combined, to say nothing of starving an entire population, shredding its children, and burning people alive.
The fact that Anas Al-Sharif’s work won a Pulitzer Prize for Reuters did not compel them to come to his defence when Israeli occupation forces placed him on a “hit list” of journalists accused of being Hamas and Islamic Jihad militants. It did not compel them to come to his defence when he appealed to international media for protection after an Israeli military spokesperson posted a video making clear their intention to assassinate him following a report he did on the growing famine. It did not compel them to report on his death honestly when he was hunted and killed weeks later.
I have valued the work that I brought to Reuters over the past eight years, but at this point I can’t conceive of wearing this press pass with anything but deep shame and grief. I don’t know what it means to begin to honour the courage and sacrifice of journalists in Gaza – the bravest and best to ever live – but going forward I will direct whatever contributions I have to offer with that front of mind.
Pour moi qui jouis d’une pension confortable de l’UQAM, j’apprécie le courage de cette photographe qui se retire de sources de revenus de l’agence Reuters, par principe, tout en me gardant bien de juger ses confrères qui ne démissionnent pas. Car trouver du travail ailleurs leur serait fort difficile. À preuve, nous avons reçu le 28 août un paragraphe (traduit + loin) de Ross MacKay dans COUNTERPUNCH Gaza and the CBC: The Public Broadcaster Betrays Its Mandate : “Anyone who has doubted the Chomsky-Herman propaganda model of mass media has surely had their skepticism tested over the past twenty-two months. The axiom that media “serve to mobilize support for the special interests that dominate the state” by distorting or suppressing facts is nowhere more evident than in Western reporting on Gaza.”
“Tous ceux qui ont douté du modèle propagandiste des médias main stream selon Chomsky-Herman ont vu leur scepticisme mis à rude épreuve dans les derniers vingt-deux mois. L’axiome selon lequel les médias « servent à mobiliser l’appui des citoyens envers les intérêts spéciaux des gouvernements » en supprimant les faits, est nulle part plus évident que dans les reportages des pays de l’OTAN sur Gaza, y cpmpris Radio-Canada.
Deux sources vous convaincront totalement :
1- Manufacturing consent ou la fabrication du consentement, film de deux heures 47 minutes de l’ONF sur Chomsky (Mark Achbar…)
2- https://www.artistespourlapaix.org/medias-le-multiplicateur-de-propagande/
Notre article sur une étude suisse à propos des journaux des pays de l’OTAN à qui le Pentagone dicte sa façon de penser unique.