Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères Photo : EVGENIA NOVOZHENINA

  1. Malgré l’OTAN, le gouvernement canadien et nos médias 

La nouvelle d’aujourd’hui 25 avril reçue par l’OTAN, les Artistes pour la paix étant abonnés à leurs envois, NATO multinational battlegroup Estonia demonstrate combat readiness during Exercise Bold Eagle, se passe de commentaire : contre une paix possible, l’OTAN continue à promouvoir, comme nous l’avons dénoncé avec nos alliés du Réseau pancanadien pour la paix et la justice (i) « le mythe mensongèrement fabriqué que « défendre l’Ukraine » serait désormais une mission de « peacekeeping ». Non, ce serait plutôt une prolongation de la guerre dévastatrice en Ukraine avec une expédition dite « force internationale de réassurance composée de 100 000 à 200 000 soldats », se prétendant une opération de maintien de la paix, tout en voulant en réalité prolonger la guerre et soustraire 800 milliards d’Euros des budgets sociaux au profit des budgets militaires d’Allemagne, de France, de Grande-Bretagne…, sans compter au Canada 82 milliards de $ dès 2030 en budget militaire, avec Carney ou Poilievre portés au pouvoir majoritaire. 

L’Aut’Journal étant le seul média à lancer l’alarme, Radio-Canada continue à combattre la paix possible avec les rodomontades de Mélanie Joly et les éditorialistes du Devoir continuent leur propagande guerrière, tout en ne pouvant empêcher leur correspondant littéraire de mettre les points sur les i samedi dernier en dévoilant la dernière parution chez les éditions LUX par nos alliés David Swanson et Medea Benjamin (ii). 

 

     2-La Crimée, obstacle à la paix selon Zelensky 

Encore hier, la prétention patriotique de Zelensky de garder la Crimée ukrainienne faisait la une des journaux des pays de l’OTAN, alors qu’elle est contredite aujourd’hui par le maire de Kyiv, plus réaliste face à une paix possible.  

Qu’en est-il de l’histoire de cette péninsule, habitée par de nombreux peuples au cours des siècles y compris les Grecs byzantins et les Turcs ottomans au sud et les Tatars, au nord ? D’abord aux mains des armées blanches financées par la Grande-Bretagne et la France pour vaincre l’armée rouge soviétique, elle est intégrée en 1922 à l’URSS comme république socialiste autonome de Crimée. Pendant la Seconde guerre mondiale, la ville de Sébastopol déclarée ville héroïne résiste aux Nazis allemands, contrairement aux Tatars et aux Ukrainiens qui se rendent coupables du pire pogrom antisémite à Babi Yar, relaté par le poète ukrainien Yevtouchenko, mis en musique par Shostakovitch dans sa treizième symphonie. 

Wikipedia relate que « le 19 février 1954, Nikita Khrouchtchev, premier secrétaire du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique et dont l’Ukraine était la région d’adoption, rattache l’oblast de Crimée à la république socialiste soviétique d’Ukraine (RSSU) à l’occasion du 300e anniversaire de la réunification de la Russie et de l’Ukraine. » 

À la suite de ladislocation de l’URSS en 1989, la Crimée, après référendum, se déclare le 20 janvier 1991 « république autonome » mais le retour des Tatars ne se passe pas sans heurts et tandis que l’Ukraine de 1992 réaffirme sa pleine souveraineté sur la Crimée, le Parlement de la Crimée vote plutôt en réaffirmant son autonomie. La nouvelle Constitution Criméenne sera officiellement ratifiée par les deux parlements, russe et ukrainien, les 21 octobre et 23 décembre 1998, alors que la division linguistique de la Crimée favorise les grenouillages (un peu comme si à la suite de la déclaration d’indépendance du Québec, le Canada revendiquait l’ouest montréalais anglophone). 

Les élections législatives ukrainiennes de 2007 donnant la victoire au Parti des régions de Viktor Ianoukovytch, le 3 juin 2010, l’Ukraine renonce à une adhésion à l’OTAN, tandis que le 31 octobre 2010, la Crimée, région autonome, élit ses parlementaires du Parti des régions avec une majorité écrasante (80 des 100 sièges).  

Mais l’Ukraine s’endette auprès du Fonds Monétaire international, alors que le Parlement refuse l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne (à laquelle le plan de paix de Sergueï Lavrov semble raisonnablement ne pas s’opposer).  

Les violences de l’Euromaïdan, bien financées par la CIA et appuyées par notre ministre conservateur canadien John Baird, provoquent un coup d’État débarquant le corrompu Ianoukovytch qui fuit en Russie. Ce qui est appelé « révolution » par les Européens attise en Crimée la tendance séparatiste : le 18 mars 2014, le président russe Vladimir Poutine signe avec les dirigeants de Crimée un accord historique sur le rattachement de cette péninsule à la Russie, deux jours après le référendum en Crimée qui a pleinement plébiscité cette option. 

 

     3-Une paix possible et souhaitable 

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, resté en poste depuis vingt-et-un ans malgré la propagande occidentale affirmant que le « dictateur » Poutine agit en despote et ne peut tolérer des rivaux tel Dmitri Medvedev toujours en place aussi (n’en déplaise au Devoir du 24 avril), déclare habilement que la paix est possible, louant Donald Trump comme “probablement le seul dirigeant sur la planète qui reconnaît le besoin de s’attaquer aux causes profondes de la situation”. On sait que le président Donald Trump a toujours à raison dénoncé la duplicité de son prédécesseur dit démocrate Joe Biden de vouloir faire adhérer l’Ukraine à l’OTAN et de lui envoyer plus d’une centaine de milliards de dollars en missiles et drones, et en armes de types mines anti-personnelles ou munitions à fragmentation dénoncées par deux traités internationaux que les Artistes pour la Paix ont appuyés à Ottawa et à Oslo,  pour massacrer ou estropier plus d’une centaine de milliers de jeunes hommes sur un front qui n’a à peu près pas bougé en trois ans. 

Nous nous déclarons favorables à cette paix possible, sans vouloir vendre la peau de l’ours trop tôt, car nous nous méfions d’une paix négociée sans l’intervention apparente de l’ONU; elle sera en outre fragilisée par les Macron et autres dirigeants européens de droite qui se sont voté, avec la bénédiction des médias, même ceux de gauche, des forces militaires disproportionnées, comme les statistiques du Stockholm International Peace Research Institute le montrent depuis toujours. 

Chez nous, malgré la couardise des Partis Vert, néodémocrate et bloquiste à s’opposer aux budgets militaires, voter pour eux au lieu de pour Carney et Poilievre constituerait néanmoins un acte de résistance à une domination militariste qui risquerait de forcer le Canada à envoyer nos plus jeunes en chair à canon sur le front ukrainien (iii). 

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( 1 ) https://www.artistespourlapaix.org/denoncons-budgets-militaires-a-la-con/
( 2 ) https://www.ledevoir.com/lire/870082/otan-cette-alliance-guerriere-service-washington
( 3 ) https://www.lautjournal.info/20250423/bientot-des-soldats-canadiens-au-combat-en-ukraine