(le 10 juin, on a su que le navire a été détourné de force sur Israël et que Greta a été mise sur un vol assurant sa sécurité hors d’Israël) 

Inquiets pour la sécurité de la grande figure écologiste Greta Thunberg que nous avions fêtée avec un demi-million de Montréalais à l’automne 2019, il nous a semblé important de communiquer à l’attention de nos membres et amiEs les documents suivants qui font réaliser à quel point nos médias altèrent par leur vision politique déformée la situation désespérée à Gaza de la population civile à laquelle Greta désire apporter son aide humanitaire.  

 

Qu’Israël y voie une menace, comme Nétanyahou a démonisé Francesca Albanese de l’UNRWA,  c’est  par une dégradation épouvantable de sa vision tordue du monde hélas entérinée par les USA qui ont bloqué par leur véto une résolution unanime du Conseil de Sécurité de l’ONU pour un cessez-le-feu. 

Voici des documents qui montrent la vision des Artistes pour la Paix avant l’action terroriste du 7 octobre 2023 par la branche armée du Hamas qui a causé la réaction génocidaire du gouvernement Nétanyahou qui bombarde aussi depuis trois jours nos amis libanais au prix de nombreux mort civiles qui s’ajoutent aux 60 000 de Gaza. Ces documents, authentiques, qui datent de quinze ans, montrent la dégradation guerrière à laquelle notre gouvernement canadien a contribué en acheminant des dizaines de millions de $ en fournitures d’armements au gouvernement Nétanyahou. Ils étaient introduits par ma phrase suivante qui montre bien la complicité des médias : 

 « Enfin, pour ceux qui douteraient de l’existence des sous-marins israéliens armés de bombes nucléaires, ils trouveront ci-dessous ma lettre du 3 juin 2010 qu’aucun média n’a voulu publier, alors qu’elle était co-signée par notre amie Margaret Atwood, revenant d’Israël où on lui avait remis le prestigieux prix Dan David! » P. J.  

Montréal, 3 juin 2010  

Le Très Honorable Stephen Harper 

Monsieur le premier ministre du Canada, 

Nous portons d’abord les faits suivants qui nous préoccupent à votre attention   

1- L’attaque le 31 mai dernier par Israël d’humanitaires rassemblés dans une flottille de paix désarmée, voguant en eaux internationales, porteuse de vivres, fournitures scolaires et médicales et de matériaux de construction, nous révolte. 

2- Coupés du monde par Tsahal et la volonté politique du premier ministre Benjamin Netanyahu, les civils de Gaza meurent par dizaines par manque de ressources médicales et de vivres et par conséquences des destructions de conduites d’eau potable et d’égouts lors de l’invasion de Gaza par Tsahal en janvier 2009. Le rapport Goldstone, auquel les Artistes pour la Paix ont apporté leur entier appui, y compris sa condamnation des tirs de roquettes palestiniennes aveugles contre la population civile israélienne – hélas réitérées cette semaine en représailles contre une attaque israélienne qui a causé morts d’hommes – a détaillé d’autre part les crimes de guerre et contre l’humanité dont se serait alors rendu coupable Israël. Le sculpteur et vice-président des Artistes pour la Paix Daniel-Jean Primeau avait voulu en mai 2009 constater de ses yeux l’étendue des dommages et apporter son aide aux écoliers de Gaza, mais Tsahal l’en a empêché. Outre son témoignage, d’autres visiteurs d’Israël et de la Palestine nous ont informés du climat de répression régnant : l’écrivaine Margaret Atwood (cf son article The shadow publié cette semaine dans Ha’aretz) et le cinéaste Martin Duckworth, de retour d’Israël ce 3 juin. 

3- Des documents signés en 1975 par Shimon Peres où Israël offrait des bombes nucléaires au régime criminel d’apartheid d’Afrique du Sud, prêt à s’en servir contre ses voisins, ont été déterrés. Le Sunday Times de Londres (30 mai) nous apprend que trois sous-marins israéliens équipés de missiles porteurs de charges nucléaires, appartenant à la flotte 7 et identifiés par les noms Dolphin, Tekuma et Leviathan, patrouillent au large de l’Iran et que chacun des colonels à la tête de leurs équipes d’une trentaine d’hommes pourrait y déclencher ces bombes. On vient de constater de la part de la marine israélienne un mépris total de la vie d’humanitaires pourtant animés par une compassion légitime non hostile à Israël. Mesure-t-on le danger de catastrophe sans précédent dans l’histoire de l’humanité auquel nous exposent ces militaires armés de bombes nucléaires, face à un pays gouverné par Ahmadinejab qui a déjà clamé sa volonté d’éradiquer Israël ? 

Solution internationale en vue  

Nous appuyons sans restriction l’appel lancé de façon unanime par les 189 nations signataires de la résolution finale adoptée le 28 mai lors de la conclusion de la révision du Traité de non-prolifération nucléaire à New York (ONU). Le Canada s’est félicité de ce succès, sans dire un mot (cf communiqué de Lawrence Cannon, ministre des Affaires étrangères) sur la convocation en 2012 d’une conférence sur un Moyen-Orient libre d’armes nucléaires pourtant un élément clé de cette résolution. Le Canada doit jouer un rôle positif et favoriser cette conférence, en trouvant une façon d’assurer la sécurité d’Israël, sans besoin d’armes nucléaires qui aux mains de militaires à la mèche courte pourraient mener l’humanité entière à sa perte. 

Nous prions donc votre gouvernement de 

1- demander à l’ONU une enquête impartiale sur l’arraisonnement meurtrier de la flottille de paix par la marine israélienne 

2-  exiger d’Israël la levée du blocus de la Bande de Gaza 

3- travailler dès maintenant aux côtés de l’ONU au succès de la conférence 2012 voulant assurer un Moyen-Orient sans armes nucléaires 

Ont signé : 

Pierre Jasmin, pianiste et président des Artistes pour la Paix 

Margaret Atwood, écrivain et vice-présidente de PEN international 

Robin Collins, écrivain 

Martin Duckworth, cinéaste et Artiste pour la Paix 2002 

Andrée Ferretti, écrivain 

Graeme Gibson, écrivain 

Georges Leroux, philosophe et vice-président de l’Académie des Lettres du Québec 

Pascale Montpetit, comédienne 

Alice Munro, écrivaine qui a reçu en 2013 le Prix Nobel de littérature 

Daniel-Jean Primeau, sculpteur et vice-président des Artistes pour la Paix 

Yvon Rivard, écrivain 

Louise Warren, poète 

Claudio Zanchettin, philosophe 

Je rappelle enfin ma participation à la conférence internationale Pugwash de Berlin (voir mon rapport daté de 2011 sur www.pugwashgroup.ca : cliquer sur en français) où je suis intervenu en médiation entre l’ex no un du Mossad israélien et l’ambassadeur iranien à l’Agence internationale d’énergie atomique (Vienne). J’ai exprimé ma préoccupation face aux armes nucléaires israéliennes et face à l’enrichissement d’uranium par l’Iran, tout en y soulevant le problème des autres armes de destruction massive, entre autres chimiques, puisque ni Israël, ni la Syrie, ni l’Égypte n’avaient ratifié le traité en interdisant le stockage.  Ce sujet est devenu critique deux ans plus tard, avec une intervention de l’ONU favorisée par Vladimir Poutine pour en débarrasser la Syrie. 

L’inaction totale par les Premiers ministres Harper et Trudeau semble poursuivie par la politique du PM Carney que notre dernier article dénonce sur notre site. 

Commentaire  

Greta Thunberg et Rima Hassan racontent leur traversée vers Gaza. Elles disent leur solidarité avec le peuple palestinien, la menace d’interception par la Marine israélienne et la lutte contre l’indifférence mondiale. En Méditerranée, un voilier défie l’ordre du monde. Le Madleen, affrété par la Flottille pour la liberté, vogue vers Gaza avec à son bord deux passagères de premier plan : Greta Thunberg, militante écologiste suédoise, et Rima Hassan, eurodéputée franco-palestinienne. Leur mission : rompre le blocus israélien en livrant une aide humanitaire symbolique – nourriture, matériel médical, produits pour enfants – à une population à 100 % menacée de famine, selon l’ONU. Et, briser le silence face à ce qu’elles n’hésitent pas à nommer un génocide. 

Mais la traversée du Madleen se fait sous haute tension. L’armée israélienne pourrait intercepter le navire dans les prochaines 48 à 72 heures, soit d’ici au lundi 9 juin. Amnesty International dénonce par avance un blocage « injustifiable » dans un contexte d’effondrement humanitaire absolu. En mer, les passagers du voilier ont déjà dû détourner leur route pour secourir des réfugiés soudanais à la dérive, tandis que des drones ont survolé le bâtiment à plusieurs reprises. En arrière-plan, le spectre du Mavi Marmara plane : en 2010, une précédente flottille avait été prise d’assaut par des commandos israéliens, causant la mort de neuf militants. Il y a un mois à peine, un autre navire humanitaire, le Conscience, était bombardé par des drones israéliens, au large de Malte. Selon Arrêt sur images, aucun des 30 membres de l’équipage n’avait été blessé, mais la mission avait avorté. Depuis les flots, alors qu’elles étaient vendredi soir au large des côtes grecques, Greta Thunberg et Rima Hassan ont livré à Reporterre un grand entretien exclusif. Elles y croisent leurs luttes – écologie, justice globale, droits humains – et donnent à entendre la voix de celles et ceux qui refusent de détourner le regard.