On peut au moins se consoler que
- le Canada se soit tenu à l’écart du bombardement de ce matin (heure syrienne), que Trudeau a néanmoins approuvé à partir de Lima au Pérou
- l’attaque n’ait duré qu’une heure sur peu de lieux et qu’elle n’ait fait aucune victime civile rapportée huit heures plus tard
- et qu’elle n’ait été suivie d’aucune invasion terrestre.
On peut se demander si l’attaque n’avait pas pour but d’intimider la Turquie pour la réintégrer de facto dans l’OTAN, alors qu’elle flirte avec la Russie et l’Iran pour continuer impunément ses inacceptables agressions armées sur les Kurdes.
Des armes chimiques ?
Beaucoup de renseignements sur ces attaques chimiques, tus jusqu’à présent, ont été révélés pêle-mêle au moment de l’attaque : pourquoi pas auparavant ? Avec le qualificatif « probable » qui revient constamment dans les communiqués officiels occidentaux, on soupçonnerait que ces renseignements ne soient donnés que comme prétextes à la violence des bombes, toutes chirurgicales soient-elles, sans aucun temps d’analyse sérieuse par l’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques (OIAC ou OPCW). L’organisation de l’ONU devait commencer son enquête aujourd’hui même dans la Ghouta orientale débarrassée dans un contexte violent de ses derniers occupants de l’Armée islamique il y a à peine quelques jours : avait-on peur de révélations non conformes aux vœux occidentaux ? On sait que des résultats d’enquête de l’OIAC avaient de peu été jugés inacceptables, les enquêteurs n’étant même pas allés sur le terrain d’une présumée attaque au sarin dans le village de Khan Sheikhoun en Syrie du Nord le 4 avril 2017. Une telle faute aurait dû entraîner sur le Conseil de Sécurité de l’ONU davantage que deux abstentions (l’Égypte et la Chine), mais la polarisation extrême a vu en novembre dernier la Russie et la Bolivie voter non et tous les autres voter oui.
Conséquences appréhendées
Le politologue Sami Aoun a espéré que la région ne sera pas davantage déstabilisée, vu les décisions politiques qui affecteront bientôt l’avenir du Liban (tenu en otage par le Hezbollah actif en Syrie) et de l’Irak (où la majorité sunnite est malmenée, depuis l’invasion américano-britannique de 2003). La haine irraisonnée de l’Iran, alimentée chez Donald Trump par l’animosité hargneuse de l’Arabie saoudite et de Nétanyahou, pourrait amener les États-Unis à répudier l’entente nucléaire qui lie le président modéré Rohani jusqu’au 12 mai : si l’entente est déchirée, Rohani risque de perdre le pouvoir que les Gardes Révolutionnaires iraniens reprendraient alors, avec des conséquences fanatiques guerrières incalculables.
P.J.