Les Artistes pour la Paix ont décerné le titre d’Artiste pour la Paix de l’année 2015 à Samian, rappeur, poète, photographe et activiste. C’est Judi Richards, vice-présidente des APLP qui l’a présenté en résumant ainsi son parcours fulgurant :

Judi Richards. Photo: Jacques Dupont

Judi Richards. Photo: Jacques Dupont

Il est né à Amos, a grandi dans la communauté de Pikogan en Abitibi-Témiscamingue. Son père est québécois et sa mère algonquine.

Il se fait d’abord remarquer en participant au projet cinématographique Wapikoni en 2004, créé par Manon Barbeau où il enregistre plusieurs titres et réalise quelques vidéoclips. En 2005, il collabore avec l’Office national du film du Canada et le ministère des Affaires indiennes. En 2006, il remporte le premier prix du meilleur vidéoclip lors du Festival des peuples autochtones unis à Pau en France.

En novembre 2007, il lance son premier album. La même année, il fait la rencontre d’Anodajay et il écrit la chanson La Paix des Braves que le groupe Loco Locass l’invite à interpréter sur la scène de la Place des Arts de Montréal, ce qu’ils répèteront lors de la fête nationale du Québec.

Le 4 août 2011, il donne un concert au Festival Présence Autochtone à Montréal, où il fait intervenir plusieurs invités dont Loco Locass et Kathia Rock. En 2013, il joue dans le film québécois Roche, Papier, Ciseaux aux côtés de Roy Dupuis. En décembre 2014, il participe au Show du refuge animé par Dan Bigras (APLP 2007) dans lequel il interprète un duo mémorable avec la chanteuse d’opéra Marie-Josée Lord.

Il est un fier membre des Premières Nations. Premier musicien à chanter tant en français qu’en algonquin, ses textes évoquent la précarité de la jeunesse amérindienne et mettent de l’avant la nécessité de réconcilier les Premières Nations et le peuple québécois. Une inspiration pour nombre de jeunes, il revendique non seulement pleins droits et libertés pour les autochtones sur leurs territoires, mais aussi une protection écologique de la terre et des eaux contre les attaques de l’industrie pétrolière. Cet artiste vante la Paix des Braves négociée entre les Cris et le gouvernement, mais s’oppose à l’exploitation du Plan Nord avec une chanson engagée mordante qui connaît, malgré la censure, un succès considérable.

Il fut l’un des porte-parole du Forum social québécois avec Paul Piché et Raôul Duguay (Hommage APLP2009). En 2010, il signe, avec 500 artistes, l’appel pour appuyer la campagne internationale de Boycottage, de Désinvestissement et de Sanctions contre l’apartheid israélien et il passe à l’émission Tout le monde en parle défendant la langue algonquine et la nécessité culturelle d’empêcher sa disparition.

Le 16 juillet 2015, il fait partie de la programmation du Festival d’été de Québec sur la scène principale. Au cours des premières semaines d’août, il a parcouru différentes communautés autochtones du Québec afin d’y réaliser une série de portraits, dont certains exposés dans le cadre du World Press Photo Montréal dont il est le porte-parole de l’édition 2015. Il prépare d’ailleurs sa première exposition photographique, qui sera présentée au ARTVstudio de la Place des Arts, au printemps 2016.

Ayant participé à quatre tournages de films, il a récemment animé la minisérie Les sceaux d’Utrecht (Radio-Canada et ARTV) et la télésérie Le Rythme sur la chaîne télé APTN. Comédien remarqué à l’automne 2015 dans la série 30 vies de Fabienne Larouche (elle-même prix hommage 2014 des APLP), en avril dernier, il publiait son premier recueil de textes, Plume d’aigle, aux Éditions Mémoire d’encrier.

Il est membre d’un jury présidé par Louise Arbour, célébrant l’engagement de 40 personnes dans le cadre du 40e anniversaire de la Charte des droits et libertés de la personne.

Son nom est… Samian !

Suivit une projection vidéo qui évoque les différentes facettes de l’artiste.

 

Judi Richards invita Biz, du groupe Loco Locass, à venir parler de sa relation avec Samian.

Biz, de Loco Locass. Photo: Jacques Dupont

Biz, de Loco Locass. Photo: Jacques Dupont

Biz raconta leur première rencontre qui lui avait laissé une forte impression : « À l’époque, je me suis rendu compte que dans mon entourage pourtant varié, il n’y avait aucun autochtone, et comme par hasard, on me présente ce gars-là ». Et aussi sa surprise quand deux mois plus tard, Samian s’était présenté à un vague rendez-vous pour finalement se joindre à Loco Locass. Une collaboration qui devait reposer sur le thème des relations entre québécois et Premières nations. Il décrit l’évolution d’un Samian jeune et révolté vers l’artiste accompli et l’inspirant modèle d’aujourd’hui.

Samian a reçu le parchemin portant les mots de Richard Séguin et Raymond Lévesque des mains de Judi Richards et Guylaine Maroist.

Pierre Jasmin, Guylaine Maroist, Samian, Vero Allaire et Mina-Carol Eyaituk

Pierre Jasmin, vice-président des APLP, Guylaine Maroist, présidente des APLP, Samian, APLP de l’année, Judi Richards (derrière Samian), Vero Allaire et Mina-Carol Eyaituk, dont le portrait réalisé par Vero Allaire est remis à Samian. Photo: Jacques Dupont

Il s’est aussi vu remettre un portrait noir et blanc signé Vero Allaire, photographe et amie des sans-abris de Montréal . Le sujet du portrait, Mina-Carol Eyaituk, est une jeune Inuit, récemment sortie de la rue. Mina-Carol et Samian semblaient en savoir long sur l’isolement.

Samian et Mina-Carol Eyaituk

Samian, APLP de l’année en compagnie de Mina-Carol Eyaituk. Photo: Jacques Dupont

Samian a accepté le Prix en remerciant Dieu et sa mère. Dans le contexte des événements récents de Lac-Simon, et conscient du paradoxe – il a le mot « warrior » tatoué dans le cou -, il souligne que si la paix entre autochtones et blancs est son objectif, le combat est toutefois inévitable et fait partie du cheminement.

Samian. Photo: Jacques Dupont

Samian. Photo: Jacques Dupont

Le Prix de l’Artiste pour la Paix de l’année lui est décerné dans une grande année qui a vu l’évolution du mouvement de protestation idle no more (finie l’inertie), entendu le franc parler des femmes autochtones agressées par des policiers de la Sûreté du Québec de Val d’Or et salué le triomphe de la Commission Vérité et Réconciliation sur l’indifférence et un siècle de négligences criminelles. On parle en effet maintenant de près de 4000 victimes disparues sans un sourcillement de l’opinion publique.

Visitez la galerie de photos de la cérémonie sur cette page. À lire également : les hommages à Michel Rivard et Hélène Monette.