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Des centaines de milliers de manifestants dans les rues en Colombie.

Situation déplorable en Colombie

Votre silence est complice : il s’agit du slogan lancé par des organisations de droits humains qui considèrent l’aggravation mondiale de répressions mettant en danger la vie de manifestants pour la démocratie et pour le respect des droits de la personne. L’un de ces organismes est le Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL) qui a tenu le 22 juin un forum qui s’encadre dans la campagne visant à demander au Premier ministre du Canada, M. Justin Trudeau, de publier une déclaration condamnant les crimes d’État perpétrés par le gouvernement colombien depuis le début de la grève nationale, le 28 avril 2021. Cette demande a été relayée hier soir par la BBC, s’étonnant qu’un gouvernement canadien qui se dit féministe n’ait pas condamné les violences sexuelles perpétrées par les forces de sécurité colombiennes qui intègrent la police aux forces armées.

Du côté canadien

La BBC « qui s’étonne » ne semble pas encore au courant du Rapport dévastateur sur la situation des femmes dans l’armée, de l’ombudsman au Canada (22 juin), qui a suscité la demande des Artistes pour la Paix de démission du ministre de la Défense. De notre mémoire de 38 pages de 2016 évoqué dans cette demande, on aurait pu citer la première des 14 demandes au ministre : réinstaurer le budget 2004 des Casques bleus avec un premier envoi proposé en Colombie pour appuyer la paix alors signée par le président Juan Manuel Santos avec les FARC. On sait que Trudeau préfère hélas les politiques guerrières et nucléaires de l’OTAN aux missions de paix de l’ONU.

La campagne votre silence est complice cherche donc à dénoncer l’appui militaire de la part du gouvernement canadien aux forces publiques colombiennes et à demander d’y mettre fin. Il s’agit également de demander au gouvernement canadien de défendre le droit de vivre et de manifester en Colombie, en exigeant une démilitarisation immédiate des villes, ainsi que la dissolution de la police antiémeute (ESMAD), dont la structure promeut les violations des droits de l’homme des manifestants.

Nous considérons insuffisante la déclaration émise par le ministre des Affaires étrangères, M. Marc Garneau. Cette déclaration témoigne d’une interprétation erronée de la situation actuelle en Colombie en ne tenant pas compte de la responsabilité de l’État et du gouvernement à l’égard des graves violations des droits humains perpétrées, ainsi que la situation d’impunité pour les crimes d’État qui prévaut en Colombie depuis des décennies.

Le forum du 22 juin

Les violences colombiennes documentées par la Commission interaméricaine des droits de l’homme (IACHR) ont fait l’objet de dénonciations par les participants du webinaire du 22 juin, animé avec maestria par Marie-Ève Marleau (CDHAL), assistée par Mario Gill. Les sénateurs Gustavo Bolivar (Mouvement alternatif indigène et social – MAIS) et Ivan Cepeda Vargas (Parti Pôle démocratique) ont dénoncé avec Maria Pizzarro de la Chambre des Représentants (MAIS) ainsi que la Conseillère de Bogota Heidy Sanchez (Parti Union patriotique) la situation dans leur pays qu’ils ont assimilée à une dictature militaire. Ils requièrent l’aide des militants canadiens pour les droits de l’homme.

À ce forum, saluons la participation bien informée de deux Députés de la Chambre des Communes (Ottawa), Alexandre Boulerice (Nouveau parti démocratique) et, remplaçant à pied levé Alexis Brunelle-Duceppe, Simon-Pierre Savard-Tremblay (Bloc Québécois). Ils ont eux-mêmes participé à des manifestations à Montréal et à Saint-Hyacinthe, dont on a appris qu’elle abritait de nombreux ressortissants colombiens. Quant au silence canadien déplorable, les deux se sont entendus pour désigner comme premiers coupables, les compagnies minières canadiennes dont le commerce colonialiste est couvert par les gouvernements canadiens au pouvoir, même dans la situation colombienne présente qui déplore des centaines d’assassinats et de viols par la police et 54 disparus.

Un participant au webinaire a proposé que tous devraient s’employer à imposer comme thème principal de la prochaine (proche ?) campagne électorale, la déliquescence de la politique étrangère du Canada, même s’il est peu probable que les médias embarquent.