La chair délicate du pangolin (Phataginus tetradactyla) est prisée par les gourmets chinois et vietnamiens, tout comme le sont ses os, ses écailles et ses organes par la médecine traditionnelle asiatique.

1… si le gouvernement du Québec poursuit sur sa belle lancée

Des inquiétudes apparaissent dans le traitement des travailleurs de la santé éprouvés par une crise sans précédent qui s’acharne sur le Québec (en causes, sa semaine de lecture précoce favorisant les voyages, l’efficacité de ses tests qui révèle plus de cas, les liens de la communauté hassidique avec leurs frères de New York, le caractère latin des effusions québécoises semblable à celui d’Italie et d’Espagne, on s’interroge ; et il y a une justice à ce que les régions éloignées défavorisées se trouvent actuellement plus épargnées par la propagation du virus). Mais le trio Legault, McCann et Arruda trouve, par sa constance chaque jour à 13 heures, les solutions adéquates et les expressions chaleureuses pour que tous, nous nous sentions unis et solidaires à obéir aux mots d’ordre de confinement, relayés par Yvon Deschamps et Janette Bertrand dans nos téléphones (belle initiative gouvernementale qui a compris l’importance des liens culturels).

2… si le gouvernement du Canada écoute la science et l’ONU !

Le 7 février, l’OBS et le magazine Science et avenir faisaient état de recherches montrant que le coronavirus se serait développé en Chine à partir d’un marché de Wuhan où l’on vendait pour consommation humaine, aux côtés de chauve-souris, le pangolin, animal qui vit en Afrique et en Asie. Alexandre Schields (Le Devoir, 28 mars) : la directrice du programme des Nations unies pour l’environnement, Inger Andersen  lance un « signal d’alarme » devant cette démonstration que l’humain « joue avec le feu. Il n’y a jamais eu autant d’occasions de transmission d’agents pathogènes d’animaux sauvages et domestiques vers les humains. » On détruit leurs habitats naturels et les animaux doivent se déplacer, plus stressés, en danger d’être infectés et d’excréter les virus. Un rapport publié l’an dernier par des experts des Nations unies illustre l’ampleur de la destruction en cours des habitats naturels (que nos Wet’suwet’en veulent protéger en Colombie Britannique). Le journaliste conclut que la crise de la COVID-19 repousse à une date indéterminée un important sommet des Nations unies qui devait permettre de fixer cette année les objectifs internationaux de protection de la biodiversité mondiale pour la prochaine décennie. Ces mesures essentielles pour freiner la destruction des écosystèmes de la planète devront encore attendre. Bref, nous voilà au même point que pour les objectifs climatiques de la COP21, bafoués par les décisions absurdes des gouvernements pro-pétroliers, malgré les avertissements répétés de Greta Thunberg à Trudeau, citant le GIEC/ONU.

3… si le gouvernement écoute l’Organisation Mondiale de la Santé

Mon article (+ son commentaire) montre comment les autorités sabotent le travail essentiel de l’Organisation Mondiale de la Santé/ONU. François Gérin-Lajoie et Pierre Beaudet [1], président du conseil d’administration de la Fondation Paul Gérin-Lajoie et coordonnateur du Réseau pour l’innovation sociale et écologique (RISE), ont lancé à ce sujet leur propre cri d’alarme relié

« aux conditions de vie qui prévalent dans les régions les plus pauvres. Dans les favelas (bidonvilles au Brésil), des millions de personnes vivent entassées les unes sur les autres. Ailleurs dans cette immense « planète des bidonvilles » (où on trouve plus d’un milliard de personnes), les logements sont insalubres. L’accès à l’eau et à l’électricité est au mieux intermittent. À Gaza, la population est enfermée par l’armée israélienne, pendant que l’aide parvient au compte-gouttes. (…) Il importe de souligner le cas de populations encore plus vulnérables, comme les millions de réfugiés (notamment les Syriens en Turquie et au Liban et les Rohingyas au Bangladesh), sans compter le nombre encore plus grand de personnes déplacées par les conflits, en République démocratique du Congo, au Burundi, au Soudan, au Venezuela et ailleurs. »

S’ils vantent le déploiement par Cuba et la Chine de plusieurs centaines de médecins et d’infirmières dans le monde, ils dénigrent la réponse canadienne qui, étant donné l’ampleur de la pandémie (bientôt un million de malades atteints), n’est pas à la hauteur :

la ministre du Développement international, Karina Gould, a annoncé une modeste     contribution de 50 millions de dollars à l’Organisation Mondiale de la santé, qui cherche à constituer un fonds d’urgence de 1 milliard. Des fonds seront mis           également de côté pour les ONG canadiennes travaillant dans les camps de réfugiés, c’est un pas en avant, mais cela n’est pas suffisant.

Car, je le répète d’autant plus qu’aucune autorité ne s’occupe de faire cette comparaison odieuse, ces $50 millions offerts à l’OMS représentent une somme 1400 fois INFÉRIEURE à celle que Trudeau et son ministre de la Défense ont choisi de gaspiller pour des bateaux de guerre Irving/Lockheed Martin exigés par l’OTAN. Selon le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), l’OTAN est 16 fois plus armée que la Russie, pourtant dénoncée par la propagande médiatique nord-américaine comme une menace urgente. Avec ses armes nucléaires, elle pourrait le devenir, si elle se sent de plus en plus coincée par ce déséquilibre militaire grandissant.

4… si le gouvernement ose changer ses priorités militaires

Le Canada est devenu carrément militariste après que Paul Martin et ses sponsors militaro-industriels eurent évincé en 2003 Jean Chrétien. Heureusement, ce dernier avait auparavant refusé l’entrée du Canada en guerre contre l’Irak, en écoutant l’ONU et la voix forte d’une manif monstre organisée à Montréal par Échec à la guerre et les Artistes pour la Paix (Luc Picard). Et pourtant l’y incitaient des députés et ministres de son propre parti, de nombreuses gens d’affaires intéressées ($), l’Alliance canadienne de Stephen Harper, les premiers ministres conservateurs d’Ontario et d’Alberta (plus ça va, plus ça change…), ainsi que des généraux des Forces canadiennes, tous ne pouvant imaginer que le Canada suive une autre voie que celle guerrière de la Grande-Bretagne et des États-Unis.

La politique extérieure canadienne après 1998 a constamment renié l’ONU (les dossiers négligés des armes nucléaires et des Casques Bleus présentant des preuves concluantes) pour épouser la politique militariste de l’OTAN [2]. Trudeau en arrivant au pouvoir s’est lancé dans une orgie de dépenses dénoncée par l’ex-ministre péquiste Joseph Facal dans le Journal de Montréal du 26 mars avec un titre inspiré de notre bien-aimé Stieg Larsson, dénonciateur de l’extrême-droite dans Millénium : le jeune homme avec un bidon d’essence et une allumette. Mais le moment de cet article était mal choisi, puisque le Premier ministre adoptait le jour-même une aide de 2000 $ par mois, bienvenue dans la crise Covid-19 que vivent durement des millions de Canadiens en détresse. On pourrait bien assister à la résurgence de l’idée du revenu minimal garanti qui sortirait enfin ses bénéficiaires des chinoiseries (hum, mot mal choisi) de calculs inextricables de bien-être, de chômage et de déclarations d’impôts…

Ce ne sera possible que si nos politiciens à Ottawa renient le complexe militaro-industriel et appuient les objectifs de paix, de désarmement et de santé (OMS) avancés par une solidarité agissante à l’ONU.

On mesurera à quel point l’ONU est menacée en lisant du journaliste diplomate Romuald Sciora Qui veut la mort de l’ONU ? et, succédant à son article officiel sur la mort du cinquième Secrétaire Général Perez de Cuellar, ses deux derniers articles sur Donald Trump aux termes clairement moins diplomatiques.


[1] Pierre Beaudet a commandé et édité mon chapitre sur le militarisme dans Enjeux et défis du développement international (Presses de l’Université d’Ottawa, août 2019).

[2] Sujet abordé dans l’article sur Pugwashgroup.ca La paix est-elle encore une valeur canadienne ?