coquelicot_blanc

Le 11 novembre 2018 marque le 100e anniversaire de la fin de la guerre de 1914-1918. Le Canada comme les pays du Commonwealth britannique se font un devoir de souligner le sacrifice ultime des soldats et vanter leur bravoure. Armées du coquelicot rouge, les forces armées canadiennes en profitent pour rappeler la mémoire des 6 000 soldats canadiens tués durant ce conflit. C’est un devoir de mémoire louable, mais, d’une certaine manière, incomplet.

Pourtant, comme le rappelait le professeur Francis Dupuis-Déry dans un article paru dans Le Devoir du 11 novembre 2010 (cliquez ici), beaucoup plus de civils ont perdu la vie dans ce conflit sanglant et l’histoire militaire n’est pas que glorieuse.

La Légion, dit-il, déclare «que nous existons comme une nation fière et libre» grâce à nos anciens combattants, une affirmation qui compte au moins quatre mensonges quant à la liberté.

  1. L’armée est une institution autoritaire et hiérarchisée qui limite grandement la liberté d’action et de parole de ses membres.
  2. L’État canadien a procédé en temps de guerre à deux conscriptions, un processus qui nie la liberté.
  3. Au Canada, des militaires ont souvent écrasé le désir de liberté: intervention armée contre les Premières Nations, les Métis, les Patriotes, les manifestations syndicales, sans oublier la Crise d’octobre et la crise d’Oka, ni la répression à la mitrailleuse, en 1918, des manifestations à Québec contre… la conscription.
  4. Le Canada n’a pas subi d’attaque militaire depuis bientôt 200 ans, à l’exception des incursions des fenians irlandais vers 1865, et des sous-marins allemands dans le Saint-Laurent, qui n’ont jamais représenté des menaces sérieuses à la «nation fière et libre» qui peuple le Canada. Ce mensonge à propos d’une armée protectrice de nos libertés est si communément accepté qu’il a servi à justifier la guerre en Afghanistan, comme si les talibans sans avions ni navires de guerre menaçaient d’envahir le Canada pour nous imposer leur tyrannie, à la barbe des États-Unis !

 

Cachés à l’angle mort des diverses activités de commémoration des militaires, les civils restent dans l’oubli. Malgré cette ombre de l’histoire, la mémoire des civils doit être soulignée; à cet égard, le coquelicot blanc existe depuis le 11 novembre 1933; il fut popularisé par la Women’s Cooperative Guild, un organisme de la Grande-Bretagne, comme un symbole différent et complémentaire du coquelicot rouge adopté dès 1921 suite à la guerre de 1914-1918. Le blanc symbolise la détermination à bâtir un monde non violent et à rappeler la mémoire de toutes les victimes civiles d’une guerre, peu importe son nom. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il y a souvent autant sinon plus de civils qui meurent dans une guerre que de soldats soumis aux ordres des politiciens et des généraux. Quelques données illustrent cette situation avec force : la Première Guerre mondiale de 1914-1918 a tué environ 8,9 millions de civils; durant la guerre de 1939-1945, le chiffre a augmenté à 45 millions. Autre exemple, depuis le début de la guerre en Irak en 2003, on estime le nombre de civils tués à plus de 200 000.

Pourquoi meurent autant de civils ? Tout simplement parce qu’ils sont vulnérables et sans défense devant la puissance destructrice des armes. La mémoire de ces millions de personnes devrait être un motif suffisant pour convaincre de porter fièrement le coquelicot blanc.

http://echecalaguerre.org/communique-21-septembre-2018-lancement-de-campagne-2018/