Une pax americana sans Palestine ni ONU !?!

Artistes pour la Paix – Québec and Global Peace Alliance B. C. 1er octobre

Sa deuxième tentative de flottille de paix vient d’être illégalement arraisonnée par Tsahal

La Palestine reconnue

Il y a un tel pessimisme chez les personnes qui croient en la justice et la paix que certaines adoptent une attitude masochiste, en arrivant à croire, et c’est selon nous une aberration perverse de lier les deux, que les pays de l’OTAN qui ont reconnu la Palestine l’ont fait pour se dispenser de reconnaître le génocide !

Le 21 septembre dernier, Les Artistes pour la Paix, émus par l’inattendue entente entre le secrétaire général de l’ONU et le Premier ministre canadien, ont écrit à ce dernier ainsi qu’à sa ministre des Affaires étrangères Anita Anand, le message suivant lors de la Journée internationale pour la Paix de l’ONU :Treize ans après l’ignominieux refus de Stephen Harper de reconnaître la Palestine, isolant ainsi le Canada avec huit autres pays délinquants du reste des Nations-Unies, les AplP vous remercient d’avoir tourné le dos à la haine génocidaire contre un peuple qui mérite la paix que tente de lui apporter une Flottille de Paix avec à son bord l’amie Greta Thunberg. La Palestine souffre d’une famine entretenue par un tyran qui a bloqué les secours que voulaient lui apporter l’admirable Francesca Albanese et l’UNRWA. Les documents en annexe expliquent par quels cheminements de pensée pro-ONU pour la justice et la paix nous arrivons à vous dire merci, en espérant que le retard de votre reconnaissance n’entraînera pas des souffrances irrémédiables. »

La réponse ambigüe suivante nous est parvenue : Au nom du premier ministre Mark Carney, j’accuse réception de votre correspondance du 21 septembre 2025 au sujet de la reconnaissance de l’État de Palestine par le Canada. Je puis vous assurer que nous avons lu attentivement les commentaires que vous nous avez fournis. Je vous remercie d’avoir contacté le premier ministre. J. Côté Agente de la correspondance.

La plupart des membres du Réseau pancanadien pour la justice et la paix (Canada Wide Peace and Justice Network) auquel les auteurs de cette lettre sont liés, La Coalition du Québec URGENCE Palestine, le Mouvement de la jeunesse palestinienne de Montréal et Échec à la guerre ont tenu des démonstrations quasi-hebdomadaires dans les rues de Vancouver, Hamilton, Toronto, Montréal, Halifax et Ottawa. Leurs actions ont-elles eu pour effet de forcer la main du gouvernement canadien de briser les rangs du pacte sinistre de l’alliance des pays de l’OTAN avec Israël? Ou ce racisme d’exclusion réticent à reconnaître la Palestine – apparent dans le cortège de conditions de Macron – devenait trop gênant et il leur fallait en outre éviter la honte de suivre la clique politicienne d’Israël prétendant que la reconnaissance de la Palestine serait « un suicide ». NON, CE SERA UN SUICIDE MORAL CONDAMNABLE, SI l’ÉTAT D’ISRAËL NE RECONNAÎT PAS LA PALESTINE!

SCIENCE POUR LA PAIX avait invité hier le professeur de l’Université d’Exeter et gradué d’Oxford Ilan Pappé, un Palestinien, pour qu’il explique le contexte historique de la Nakba ayant expulsé les Palestiniens de leur sol natal [i].

À peu près en même temps, le professeur émérite d’histoire à l’Université de Montréal Yakov Rabkin (grand ami de la musique comme la vidéo le montre) répondait aux questions amicales du professeur de l’Université de Columbia et ami d’Antonio Guterres Jeffrey Sachs [ii]. Né en Union Soviétique, M. Rabkin blâme les Juifs russes (groupe ethnique auquel appartenait le grand-père de Nétanyahou) pour avoir introduit des idées fanatiques nationalistes contraires à l’esprit tolérant des Juifs du Talmud et compare l’idée sioniste de réclamer une terre deux mille ans après l’avoir quittée à un étranger qui viendrait contester l’appartement dans lequel vous vivez, sous prétexte qu’il l’avait habité il y a vingt ans.

L’ONU reconnaît le génocide

Si tu restes neutre dans les situations d’injustice, tu choisis le camp de l’oppresseur.

Desmond Tutu, évêque d’Afrique du Sud.

C’est sans doute pourquoi, ayant souffert l’Apartheid tout au long du siècle dernier, l’Afrique du Sud a été le premier pays à lancer un processus contre Israël pour son génocide à Gaza, aussi tôt que le 4 janvier 2024 il y a plus d’un an et demi! Notre conviction profonde il y a trois jours et aujourd’hui, deux jours après la conférence de presse de Trump-Netanyahu à la Maison Blanche, reste de rallier une majorité de Canadiens et plus important encore, de pays, pour dénoncer le génocide, comme l’ont fait la Cour internationale de Justice et la Cour Pénale de LaHaye. C’est d’autant plus important que les Palestiniens sont empêchés d’exprimer les crimes qui s’abattent sur eux, tel le leader du Fatah Mahmoud Abbas qui les a énumérés à l’ONU par vidéoconférence, car les Américains ont bloqué son visa, une offense interdite par les règles de fondation de l’établissement de l’ONU à New York, ce qui pourrait la forcer à déménager en Suisse-Autriche… L’Institut d’Études sur les Droits de l’Homme du Caire emprunte aussi la route qu’il nous faut prendre résolument de concert avec l’ONU, c’est-à-dire faire reconnaître le génocide : ce sera une deuxième victoire irréversible, comme la première fut la reconnaissance de la Palestine par l’immense majorité des pays de l’ONU.

Un des crimes qui se déroule depuis la nuit du 30 est l’arraisonnement illégal de la Flottille de Paix qui convergeait vers Gaza avec pour seules armes, des vivres et des produits de soins humanitaires. On voit peu en Amérique du Nord les réactions telles celle du leader du Parti travailliste du Royaume Uni, Jeremy Corbin, qui a déclaré au Parlement « L’Histoire va se ranger du côté de la flottille dont le courage inspirera davantage de gens à joindre le mouvement global pour la Palestine. » Le ministère des Affaires étrangères de la Turquie a dénoncé l’interception comme « un acte terroriste ciblant une action civile de paix », tandis que le président colombien Gustao Petro a jeté dehors du pays toute la délégation diplomatique israélienne. On lira en annexe [iii] la lettre écrite par un membre de la Global Sumud Flottilla quelques minutes avant son arrestation présumée. Il faut aussi garder en tête les journalistes palestiniens qui continuent vaillamment à informer, tout en sachant que plus de deux cents de leurs camarades ont été tués pour cette simple activité d’informer sur le génocide en cours. D’autres continuent à soigner à Gaza au milieu des bombes, membres de la UNRWA et de Médecins sans Frontières aussi tués en grand nombre : nous souhaitons voir Francesca Albanese nommée prix Nobel pour son admirable travail humanitaire calomnié par Israël.

P ax americana, mirage d’un « deal » de paix

La honteuse intelligence artificielle infantile de Trump sur Gaza

Les AplP souhaitent évidemment la libération des otages israéliens vivants et morts et la fin des bombardements de Tsahal, mais bâtir la paix en acceptant la négation du génocide appliqué par Nétanyahou aux Palestiniens, pas seulement ceux du Hamas mais aussi de la Cisjordanie, serait bâtir sur un leurre monstrueux.

Comme la fiction trumpienne de transformer Gaza en un paradis immobilier, avec la caution enthousiaste du ministre israélien des Finances Bezalel Smotrich, chef du parti sioniste religieux, ne convainc personne, Kushner, le gendre de Trump, va chercher celle de Tony Blair, menteur sur les armes de destruction massive en Irak qu’il avait envahi avec Bush et faux-jeton décrit par Roman Polanski en l’excellent film de 2010 « L’écrivain fantôme » au suspense extrême. On est fiers de nos manifs 2003 de Montréal empêchant Jean Chrétien de prendre part au massacre guerrier anglo-américain (ce qui lui a probablement coûté son poste convoité par Paul Martin et ses industries militaires de Toronto en appui !), contre l’avis également de l’ONU motivée par l’inspecteur suédois Hans Blix n’ayant trouvé aucune trace d’armes de destruction massive aux mains de Saddam Hussein, sauf, dit la rumeur, les gaz fournis par Donald Rumsfeld tuant 5000 Kurdes à la fin de la guerre avec l’Iran.

Aujourd’hui en l’Israël de gauche, l’intrépide journal Haaretz poursuit son investigation sur des informations préoccupantes d’opérations d’argent et d’activités militaires du Hamas rejetées par la section sécuritaire du Mossad, l’entraînant à un coupable déni de surveillance du spectacle rave Supernova non protégé de l’attaque sanglante du 7 octobre 2023 : parmi les 3000 membres du Hamas opérant, un commando y a enlevé 44 des 240 otages emmenés captifs ce jour-là à Gaza et tué 378 personnes (on ignore quel petit nombre par des policiers et soldats israéliens opérant selon la stricte et controversée Hannibal directive – wikipedia). Cette enquête n’est nullement rapportée

– par les pro-génocidaires, ni d’une part ceux qui auraient honte de la faiblesse de leur défense supposée sans failles, ni d’autre part ceux qui craignent que se répande ainsi une théorie de vaste complot par des extrémistes afin d’éliminer la Palestine,

– par les militants zélés ayant prétendu l’opération du 7 octobre être « défense légitime » du Hamas, ce qui les a amenés à taire et à refuser l’appel de la Cour Pénale Internationale demandant et l’emprisonnement de Nétanyahou, et celui des leaders du Hamas, qui ont été tués au lieu d’être emprisonnés à La Haye,

– ni surtout par les médias propagandistes des pays occidentaux répétant à partir de la journée du 7 octobre leur conception intouchable d’un mythe dogmatique, fondateur de leur vision de guerre dure nécessaire, et aussi leur conception erronée d’une guerre « égalitaire » Hamas-Israël, afin de repousser l’accusation de génocide !

Tout comme l’illustration en tête de l’article est un mirage, le plan de paix éternelle risque de l’être (une broderie en rappel du Reich de mille ans de Hitler, lecture favorite de Donald) : le président Trump a invité Nétanyahou à la Maison-Blanche, sans même obtenir de sa part une reconnaissance de la Palestine, pourtant une condition des pays pétroliers ameutés… Le parlementaire grec respecté Yanis Varoufakis, chef de Diem 25 a réagi contre un plan de paix dangereux pour la paix mondiale, qui prétend faire une pause du génocide 

– en exigeant des Palestiniens de renoncer à leurs droits au profit de Tony Blair,

– en ne donnant à l’ONU que le droit de distribuer de l’aide alimentaire,

– en occupant militairement Gaza par les armées américaines et israéliennes, par la partition et le nettoyage ethnique des Territoires Palestiniens Occupés,

– en relâchant une quarantaine d’otages israéliens mais en gardant 13 500 prisonniers palestiniens en prison,

– en enlevant aux Palestiniens le droit de protester contre l’occupation de leurs terres.

Le deal de paix annule l’édit de la Cour internationale de Justice ordonnant en juin 2024 à Israël de se retirer de Jérusalem-est, de la Cisjordanie et de Gaza. Il abolit la reconnaissance de la Palestine qui devient sujette au bon consentement des Américains et d’Israël. La seule bonne chose de ce plan est qu’il n’aurait pas vu le jour sans la pression du monde horrifié du génocide.

Alors à nous d’intensifier la pression.

Écoutons le diplomate algérien Ahmed Attaf qui parlait justement à l’ONU de la Palestine confrontée au « plus grand danger de son histoire, celui de son effacement »; il a dénoncé l’annexion de terres, le déplacement de populations, l’étranglement des institutions légitimes qui incarnent la cause et les entraves à la si fragile solution de paix à deux États. La journaliste du Devoir Émilie Nicolas parle d’un retour à la situation coloniale du temps de Balfour où les Blancs instauraient des commissions pour disposer des peuples, comme s’ils étaient trop peu évolués pour accéder à la démocratie (un thème aussi abordé par Yakov).

Le mépris n’aura qu’un temps, filmait en 1973 le cinéaste Arthur Lamothe qui allait au sein de notre C.A. des Artistes pour la Paix dès 1984 plaider LA VÉRITÉ avec Alanis Obomsawim, l’étape essentielle comme le rappelait hier la Journée de vérité et de réconciliation canadienne pour éventuellement procéder à la réconciliation des autochtones avec nous : cela s’appliquerait aussi à la Palestine avec Israël.

i[] 30 Septembre 2025. Richard Sandbrook vp et Jorge Filmus, président de Science for Peace ont invité Ilan Pappé qui a parlé une heure quarante minutes, en répondant à dix questions dont celle de Pierre Jasmin, une prestation bien reçue par 169 internautes.

iii[] The Global Sumud Flotilla attaquée en pleine nuit par des drones

https://europalestine.com/2025/09/30/flottille-message-poignant-de-thomas-guenole-a-bord-de-laurora/ Amis, je vous écris à quelques encâblures de la côte de Gaza.

Nous sommes à quelques dizaines d’heures du but, mais en fait, c’est comme si un mur de Berlin nous en séparait. Si Israël respectait le droit international et les droits humains, nous devrions arriver sans encombre au port de Gaza-City, et de là, distribuer notre aide alimentaire et médicale aux civils, installer un corridor humanitaire, puis attendre les renforts humanitaires qui afflueraient du monde entier. Mais au lieu de cela, Israël s’apprête à commettre sur nous le crime de guerre d’entrave à l’aide humanitaire destinée aux civils d’une zone de conflit, en envoyant ses commandos accomplir sur nos bateaux le crime de piraterie. Nous serons tenus en joue par les fusils de cette armée génocidaire. Nous serons kidnappés dans les eaux internationales. Nous serons jetés dans une prison militaire israélienne, avec pour choix de signer un document reconnaissant être entrés illégalement sur le territoire israélien (double mensonge) pour être immédiatement expulsés, ou de passer quatre à cinq jours de détention dans des conditions de maltraitance : chaleur étouffante, cafards et punaises de lit, torture par privation de sommeil ; et, pour ceux qui comme moi entameront une grève de la faim, la cellule d’isolement.

Chacun doit bien mesurer le niveau d’inhumanité et d’abomination atteint par l’armée et les dirigeants israéliens. Car Israël nous infligera tout cela, pour nous punir d’apporter de la nourriture et des médicaments à des êtres humains qui meurent de faim.