Reportage des Artistes pour la Paix consternés
Les dépenses militaires mondiales ont atteint 2 718 milliards de dollars en 2024, soit une augmentation de 9,4 % par rapport à 2023, la plus forte hausse jamais enregistrée depuis au moins la fin de la guerre froide.
Ces dépenses représentant la dixième année consécutive de hausse, sa part du produit intérieur brut (PIB) mondial devrait ravir Trump et l’OTAN, en atteignant 2,5 %.
Aujourd’hui, le premier ministre Carney s’est fait du capital politique auprès de Trump en promettant une hausse considérable du fardeau militaire canadien (aux dépens d’investissements sociaux et écologiques).
Les dépenses militaires ont augmenté dans toutes les régions du monde, avec une hausse particulièrement rapide en Europe et au Moyen-Orient. Les cinq plus grands dépensiers – États-Unis, Chine, Russie, Allemagne et Inde – concentrent 60 % du total mondial, avec des dépenses combinées s’élevant à 1 635 milliards de dollars, selon nos nouvelles données publiées le 28 avril.
« Plus de 100 pays à travers le monde ont augmenté leurs dépenses militaires en 2024. Alors que les gouvernements accordent de plus en plus la priorité à la sécurité militaire, souvent au détriment d’autres secteurs budgétaires, les compromis qui en découlent pourraient avoir un impact socio-économique significatif dans les années à venir », souligne Xiao Liang, chercheur au programme Dépenses militaires et production d’armement du Sipri.
Les dépenses militaires en Europe (Russie incluse) ont augmenté de 17 % pour atteindre 693 milliards de dollars et sont le principal facteur de la hausse au niveau mondial en 2024. Alors que la guerre en Ukraine entrait dans sa troisième année, les dépenses militaires ont continué d’augmenter sur tout le continent, poussant les dépenses militaires européennes au-delà du niveau enregistré à la fin de la guerre froide. Tous les pays européens ont augmenté leurs dépenses militaires en 2024, à l’exception de Malte.
Les dépenses militaires de la Russie ont atteint environ 149 milliards de dollars en 2024, soit une augmentation de 38 % par rapport à 2023 et le double du niveau de 2015. Cela représente 7,1 % du PIB russe et 19 % de l’ensemble des dépenses publiques russes. Les dépenses militaires totales de l’Ukraine ont augmenté de 2,9 % pour atteindre 64,7 milliards de dollars. Avec 34 % du PIB, l’Ukraine enregistrait le fardeau militaire le plus lourd de tous les pays en 2024. « Dans un contexte budgétaire aussi serré, il lui sera difficile de continuer à augmenter ses dépenses militaires. » précise Diego Lopes da Silva.
Plusieurs pays d’Europe centrale et occidentale ont enregistré une hausse sans précédent de leurs dépenses militaires en 2024, suite à la mise en œuvre de nouveaux engagements budgétaires et de plans d’approvisionnement à grande échelle. Les dépenses militaires de l’Allemagne ont augmenté de 28 % pour atteindre 88,5 milliards de dollars, ce qui en fait le plus grand dépensier d’Europe centrale et occidentale et le quatrième au monde. Les dépenses militaires de la Pologne ont augmenté de 31 % pour atteindre 38,0 milliards de dollars en 2024, ce qui représente 4,2 % du PIB polonais.
Tous les membres de l’Otan ont augmenté leurs dépenses militaires en 2024. Le total de leurs dépenses s’élève à 1 506 milliards de dollars, soit 55 % des dépenses militaires mondiales. Sur les 32 membres de l’Otan, 18 ont consacré au moins 2,0 % de leur PIB à leurs forces armées, selon la méthodologie du Sipri, contre 11 en 2023. C’est la part la plus élevée depuis l’adoption par l’OTAN en 2014 de la directive sur les dépenses de défense.
Les dépenses militaires des États-Unis ont augmenté de 5,7 % pour atteindre 997 milliards de dollars, soit 66 % des dépenses totales de l’Otan et 37 % des dépenses militaires mondiales en 2024. Les membres européens de l’Otan ont dépensé 454 milliards de dollars, soit 30 % du total des dépenses de l’alliance.
Les dépenses militaires au Moyen-Orient s’élèvent à environ 243 milliards de dollars en 2024, soit une augmentation de 15 % par rapport à 2023 et de 19 % par rapport à 2015. Les dépenses militaires d’Israël ont bondi de 65 % pour atteindre 46,5 milliards de dollars en 2024 – la plus forte augmentation annuelle depuis la guerre des Six Jours en 1967 – tandis que le pays poursuivait sa guerre à Gaza et intensifiait le conflit avec le Hezbollah au sud du Liban. Son fardeau militaire a atteint 8,8 % du PIB, le deuxième plus élevé au monde. Les dépenses militaires du Liban ont augmenté de 58 % en 2024 pour atteindre 635 millions de dollars, après plusieurs années de baisse des dépenses en raison de la crise économique et politique.
« Contrairement au pronostic attendu, les hausses majeures au Moyen-Orient ne se sont limitées qu’à Israël et au Liban », précise Zubaida Karim, assistante de recherche au programme Dépenses militaires et production d’armement du Sipri. Les dépenses militaires de l’Iran ont diminué de 10 % en termes réels pour atteindre 7,9 milliards de dollars en 2024, et ce malgré son implication dans des conflits et son soutien à des intermédiaires régionaux.
La Chine, deuxième plus grand dépensier militaire au monde, a augmenté ses dépenses de 7 %, pour atteindre environ 314 milliards de dollars, marquant ainsi trois décennies d’augmentations consécutives. La Chine représente 50 % de toutes les dépenses militaires en Asie-Océanie, investissant dans la modernisation continue de son armée et dans le renforcement de ses capacités en matière de cyberguerre et d’arsenal nucléaire.
Les dépenses militaires du Japon ont augmenté de 21 % pour atteindre 55,3 milliards de dollars en 2024, soit la plus forte hausse annuelle depuis 1952. Son fardeau militaire a atteint 1,4 % du PIB, son niveau le plus élevé depuis 1958. Les dépenses militaires de l’Inde, cinquième plus grand dépensier au monde, ont augmenté de 1,6 % pour atteindre 86,1 milliards de dollars. Les dépenses de Taïwan ont augmenté de 1,8 % en 2024, s’élevant à 16,5 milliards de dollars. « Les principaux dépensiers dans la région Asie-Pacifique investissent de plus en plus dans les capacités militaires avancées », souligne Nan Tian, directeur du programme Dépenses militaires et production d’armement du Sipri. « Avec plusieurs conflits non résolus et des tensions croissantes, ces investissements risquent d’entraîner la région dans une dangereuse spirale de course aux armements. »
Autres augmentations :
- En 2024, le Royaume-Uni a augmenté ses dépenses militaires de 2,8 % pour atteindre 81,8 milliards de dollars, ce qui en fait le sixième pays le plus dépensier au monde. Les dépenses militaires de la France ont augmenté de 6,1 % pour atteindre 64,7 milliards de dollars, c’est le neuvième pays le plus dépensier.
- La Suède a augmenté ses dépenses militaires de 34 % en 2024, pour atteindre 12 milliards de dollars. Au cours de sa première année d’adhésion à l’Otan, le fardeau militaire de la Suède a atteint 2 % du PIB.
- L’Arabie saoudite est le plus grand dépensier du Moyen-Orient en 2024 et le septième au monde. Ses dépenses militaires ont connu une modeste augmentation de 1,5 %, atteignant environ 80,3 milliards de dollars.
- Les dépenses militaires du Myanmar ont bondi de 66 % en 2024 pour atteindre environ 5 milliards de dollars, soit le taux de croissance le plus élevé en Asie-Océanie, tandis que les conflits internes s’intensifiaient.
- Les dépenses militaires du Mexique ont augmenté de 39 %, pour atteindre 16,7 milliards de dollars en 2024, afin de financer principalement le renforcement de la Garde nationale et de la marine qui participent à la réponse militarisée du gouvernement au crime organisé.
- Les dépenses militaires en Afrique ont atteint 52,1 milliards de dollars en 2024, soit une augmentation de 3 % par rapport à 2023 et de 11 % par rapport à 2015.
Note du SIPRI : Les dépenses militaires incluent toutes les dépenses publiques pour les forces armées et les activités militaires, y compris les salaires et les avantages sociaux, les frais de fonctionnement, les achats de matériel militaire et d’armes, les infrastructures militaires, la recherche et développement, l’administration centrale, le commandement et le soutien.
Le SIPRI déclare la fiabilité de ces chiffres mais ne peut toujours pas produire des données sur la Corée du Nord, trop hermétique.
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