Courtoisie Pierre Letarte

 

À 73 ans, Richard Séguin est sur le point d’être intronisé au Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens lors du Gala SOCAN qui se tiendra le 4 mai, à Montréal. «Ça me touche beaucoup, car ça met en lumière nos chansons connues comme moins connues», confie au Journal l’artiste, qui voit l’écriture comme un acte de résistance.

«Le Panthéon, c’est particulier, car c’est à un certain âge qu’on nous le donne, vers 70 ans (rires). Ça me touche beaucoup, car d’abord, ça met en lumière nos chansons connues comme moins connues, et il n’y a plus grand-chose qui favorise cela de nos jours. Les radios et même les espaces publics diffusent très peu la musique québécoise», estime l’artiste, qui a fait paraître 13 albums solos et 7 en collaboration en un demi-siècle de carrière.

S’il a un souhait, c’est que cet hommage rappelle aux gens l’existence de Retour à Walden – Sur les pas de Thoreau, un album de théâtre musical lancé en 2018, dont il se dit très fier, mais qu’il n’a pu défendre sur scène à cause de la pandémie.

«Si ça peut mettre un peu de lumière sur cet album, j’en serais heureux», dit celui qui a vu 15 de ses chansons devenir des classiques de la SOCAN. Parmi celles-ci, Avec toiLes Bouts de papierSous les cheminéesAux portes du matin et Pleure à ma place.

 

Courtoisie Jean-Charles Labarre

 

Rétrospective

Cet honneur, Richard Séguin le voit également comme le moment de se permettre une rétrospective, de parler de tout ce qu’il a créé et d’envisager ses désirs, ses attentes et ses rêves pour les années à venir.

«Quand on est jeune, on se fait dire que le temps passe vite… C’est le cas, effectivement! Mais il faut prendre cela avec le sourire. Je m’estime bien chanceux d’avoir la santé, de poursuivre la route et de continuer à écrire. Quand tu crées, tu ne penses pas à l’âge que tu peux avoir. Il y a juste un partage d’expériences. On avance avec la musique. Je suis reconnaissant pour la carrière que j’ai et ce que la chanson m’a apporté», explique l’auteur-compositeur-interprète, qui a lancé son premier album à l’âge de 20 ans.

Richard Séguin, quand il était un jeune artiste. Archives Richard Séguin

À la question que les jeunes artistes lui posent le plus fréquemment – comment faire pour durer? –, Richard Séguin n’a qu’une seule réponse: persévérer, croire en son talent et faire confiance au temps, qui sait juger de la qualité d’une œuvre.

 

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Artiste et citoyen militant

Richard Séguin le chanteur est également connu pour son implication citoyenne, sociale et militante, que ce soit dans son petit coin de pays – à Saint-Venant, dans les Appalaches – ou à plus grande échelle, en étant membre d’Artistes pour la paix et engagé dans les fondations Aux Secours! et Carrefour pour Elle.

«Résister, c’est aussi écrire la beauté. Quand j’envisage l’écriture, je m’interroge et je me dis que je veux essayer d’aller chercher le plus possible la beauté où elle se trouve pour la mettre en évidence», explique celui qui écrit systématiquement en pleine nature, et en prenant bien son temps.

Quant à la retraite, elle n’est tout simplement pas concevable pour Richard Séguin, même s’il admet que la tournée (surtout la route) est pour lui de plus en plus exigeante. Si sa santé le permet, il poursuivra la traversée avec bonheur. Car la scène, dit-il, reste un lieu privilégié pour aller à la rencontre des gens.

«Ces temps-ci, le plus beau cadeau qu’on puisse faire à la chanson est de lui donner une scène», déclare l’artiste, qui est actuellement en période de création d’un prochain album… sans date fixe de sortie.

Et si la route devenait un jour trop difficile, Richard Séguin sait qu’il pourra toujours continuer à écrire depuis son petit coin de paradis. «C’est ce que je trouve beau dans notre métier», souffle-t-il.

Courtoisie Yves Pinsonneault

MERCI AU JOURNAL DE MONTRÉAL ET À SARAH-ÉMILIE NAULT POUR AVOIR PUBLIÉ LE 26 AVRIL CET ARTICLE SUR NOTRE PRÉSIDENT D’HONNEUR RICHARD SÉGUIN.