Appuyer l’ONU, est-ce élitiste?

Les Artistes pour la Paix le fameux 7 octobre (2025)

La Palestine et le TIAN reconnus

Réjouissons-nous d’abord devant les immenses manifestations populaires mondiales cette fin de semaine en faveur de la Palestine et de la Flottille de Paix Sumud, hélas réprimée par Tsahal, notamment par l’emprisonnement dans des conditions humiliantes de notre héroïne en tête de notre article du 2 octobre, Greta Thunberg. Ces manifs montrent le désaveu populaire des gouvernements pro-américains de l’OTAN en dépit des efforts inefficaces de Trump, convoitant son prix Nobel, de calmer les attaques génocidaires de Nétanyahou susceptibles de faire dérailler son « peace deal » : notre dernier article du 4 octobre en avait détaillé avec Mona Khalil, journaliste de la publication de l’ONU Passblue, les nombreuses failles qui ne nous empêchent pas de souhaiter ardemment la libération des otages israéliens et des prisonniers palestiniens, puis de voir poindre l’aurore d’une paix.

Blâmés par la gauche québécoise avec arrêt de publication de nos prises de position par l’Aut’Journal et Presse-toi à gauche, nous avons commis « la faute » de remercier le gouvernement canadien pour avoir, le 21 septembre, Jour international de la Paix à l’ONU, rencontré Antonio Guterres et reconnu la Palestine. C’était un jour avant la Grande-Bretagne, l’Allemagne et les conditions humiliantes édictées par le président français Macron si impopulaire qu’il vient peut-être de perdre hier son troisième Premier ministre de droite en une année et trois mois.

Notre diaporama de 206 photos commentées, présenté à la Société de la Saint-Jean Baptiste le 26 septembre, se déclarait solidaire de la Journée de l’ONU en faveur du désarmement nucléaire et des 99 pays ayant ratifié le Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires. Rappelons, puisque personne d’autre ne le fait, que notre président avait été choisi pour coprésider la cérémonie de septembre 2017 en face du Parlement à Ottawa avec un autre « élitiste », Murray Thomson, qui venait de rassembler contre les armes nucléaires mille signatures de membres de l’Ordre du Canada! En écho avec l’admirable Josef Rotblat, fondateur de Pugwash, on avait appuyé l’Israélien Mordecai Vanunu ayant dévoilé l’existence de l’armement nucléaire d’Israël lui allouant l’horrible privilège de pouvoir bombarder l’Iran, le Liban, le Yémen, la Syrie et l’Irak sans craindre de représailles.

Les deux militants Thomson et Jasmin ont fait signer par les chefs du NPD et du Parti Vert, Thomas Mulcair et Elizabeth May, un fac-similé du TIAN, contresigné par l’ambassadrice du Costa Rica en visite, Elayne Whyte Gómez. Présidente de la conférence des Nations unies pour la négociation d’un instrument juridiquement contraignant visant à interdire les armes nucléaires, elle venait d’en annoncer à l’ONU le 7 juillet l’adoption surprise par 122 États, sans le Canada qui allait ostraciser l’hibakusha Setsuko Thurlow après le prix Nobel de l’ICAN obtenu en décembre.

Avec John Baird ex aequo (il a signé le contrat de 15 milliards de $ de blindés canadiens en Arabie Saoudite, puis s’est rendu directement à Kyiv, pour fomenter la révolution du Maïdan qui allait faire fi des deux traités de Minsk-ONU), notre pire ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland refusa de rencontrer l’ambassadrice Gómez à deux pas de son bureau d’Ottawa en ce 17 septembre, en procédant après un an à l’emprisonnement de Meng Wanzhou à la demande de Trump et en soutenant le bataillon Azov nationaliste ukrainien attaquant le Donbass russophone, provoquant la violente réaction du président Poutine en février 2022.

Le fatidique 7 octobre 2023

Félicitons Radio-Canada, en particulier Sophie Langlois et Marie-Ève Bédard pour deux reportages émouvants et justes; le premier portait sur une famille juive montréalaise ayant perdu un fils le 7 octobre et sur Brian Bronfman qui tente avec son réseau de paix et d’humanité d’enrayer la polarisation hostile entre Palestiniens et Israéliens, entre juifs et musulmans. Le second, plus délicat à tourner, ciblait un kibboutz resté inexplicablement sans protection le 7 octobre face au Hamas, comme le festival de musique adjacent à Gaza : le journal Haaretz poursuit son enquête.

Si le Hamas avait envahi une caserne, on aurait compris (non approuvé) l’attaque mortelle contre une puissance occupante ayant emprisonné pendant tant d’années l’étroite Bande de Gaza opprimée, tel qu’en ont témoigné nos artistes pour la paix de l’année, la photographe Josée Lambert, le dramaturge Wajdi Mouawad et la cinéaste et autrice Anaïs Barbeau-Lavalette dont il faut voir le film Inch’Allah.

Aux Canadiens pour la Justice et la Paix au Moyen-Orient, nous avons signalé en vain en début d’année que leur appellation neutre bienveillante était compromise par le refus de leur comité essentiellement composé de musulmans de refléter exactement la position de l’ONU sur l’emprisonnement voulu par la Cour Pénale de La Haye, oui, mille fois oui, de Nétanyahou, mais en omettant les noms des leaders du Hamas responsables du 7 octobre… aussi visés par la CPI ! Comme pour tous les autres dossiers de guerres monstrueuses, le non-respect de l’ONU entraîne des conséquences funestes : être pour la paix ne doit jamais nous entraîner à soutenir inconditionnellement une des parties belligérantes. La mer de drapeaux palestiniens brandis par des foules du monde entier provient d’une crainte partagée par tous, d’une Nakba, c’est-à-dire de la disparition possible d’un peuple. Plus que tout autre peuple, Israël devrait le comprendre (j’avais donné dans ma jeune vingtaine un récital Hadassah-Wiso en la salle Claude Champagne et la communauté juive avait planté un arbre en mon nom).

Ayant appuyé la position de René Lévesque dénonçant la violence du Front de Libération du Québec dans les années soixante, les Artistes pour la Paix soulignent l’admirable résolution du Parti des travailleurs du Kurdistan ou PKK, à l’origine « un mouvement armé de guérilla opérant dans tout le Kurdistan et dans les régions montagneuses à majorité kurde du sud-est de la Turquie et du nord de l’Irak », qui a déclaré renoncer à la violence armée : merci à l’AplP Dimitri Roussopoulos.

Nous soutenons évidemment la dernière demande des CJPM-O au gouvernement canadien « d’assurer la sécurité et la protection des citoyens canadiens à bord de la flottille Sumud, enlevés dans les eaux internationales et détenus illégalement par les forces israéliennes alors qu’ils tentaient de se rendre à Gaza. La flottille s’inscrivait dans le cadre d’un effort civil international visant à contester le blocus illégal de Gaza par Israël et à acheminer une aide vitale aux Palestiniens confrontés à une famine forcée. Israël a illégalement intercepté les 44 bateaux dans les eaux internationales alors qu’ils convergeaient vers Gaza, détenant illégalement trois Canadiennes, dont Zaheera Soomar et Rabab Moustapha, comme l’a confirmé la ministre des Affaires étrangères Anita Anand. Six autres Canadiennes de l’initiative « Canadian Boat to Gaza » font partie de la prochaine vague de la flottille de la liberté, qui devrait atteindre la Palestine dans moins de trois jours. Elles s’appellent Mskwaasin Agnew, Devoney Ellis, Nimâ Machouf, conjointe d’Amir Khadir, Sadie Mees, Khurram Musti Khan et Nikita Stapleton. CJPMO est très préoccupée par le bien-être des participants à la lumière des attaques illégales de drones militaires israéliens contre deux des navires de la flottille le mois dernier, et de la torture flagrante et des abus physiques que les détenus ont rapportés alors qu’ils étaient sous la garde d’Israël. Le Canada doit agir immédiatement pour assurer la protection de ses citoyens qui participent à cette mission humanitaire pour aider à mettre fin au génocide à Gaza », a déclaré Michael Bueckert, président par intérim de CJPMO qui soutient pleinement le Bateau canadien pour Gaza et la Coalition de la flottille de la liberté et appuie leurs demandes pour que le Canada insiste auprès d’Israël pour qu’il libère immédiatement tous les participants à la flottille comme l’exige le droit international, exige un passage sûr pour toute l’aide humanitaire, et impose des sanctions pour mettre fin au génocide d’Israël.

Francesca Albanese, notre candidate à titre de prix Nobel pour la Paix

« Un changement révolutionnaire est en cours » 22.07.25 – Bogotá, Colombie

Francesca Albanese, rapporteur de l’ONU sur la Palestine, à l’ouverture du sommet du Groupe de La Haye à Bogota,15 juillet 2025. Photo Progressive International.

« La Palestine aura écrit le dernier acte d’une saga millénaire des peuples qui se sont soulevés contre l’injustice, le colonialisme et, aujourd’hui plus que jamais, la tyrannie néolibérale. Excellences, chers amis, je tiens à exprimer ma gratitude aux gouvernements colombien et sud-africain pour avoir réuni ce groupe, mais aussi à tous les membres du Groupe de La Haye, à ses membres fondateurs pour leur position de principe, ainsi qu’à tous celles et ceux qui se sont joints à eux. »

Conclusion qu’on ne peut ainsi qualifier, car tout peut encore arriver

Dans tous nos articles, nous avons tenté d’écrire, quand c’était possible, plutôt qu’Israël, Tsahal (l’armée) ou Nétanyahou, dont la motivation principale est de résister aux accusations de corruption de la Knesset ou à celles de crimes de guerre de la CPI. Mais selon le professeur israélien Denis Charbit, il a fait une erreur fondamentale qui l’a distancé de son ami Trump en bombardant le Qatar : le pays arabe allié des Américains abritait la délégation des négociateurs de paix du Hamas dont le chef a perdu son fils dans cet assaut inadmissible. Il a bouleversé la perspective de Trump en l’a amenant enfin à voir celle des Palestiniens, non plus vus comme des « animaux subhumains » selon les termes du ministre Yoav Gallant.