La récente décision de Vladimir Poutine de se retirer du traité New START nous rappelle à quel point la sécurité nucléaire mondiale ne tient qu’à un fil. Le risque d’un conflit nucléaire n’a jamais été aussi grand, et ce depuis la crise des missiles à Cuba en 1962.

Lors de la Conférence de révision du traité de non-prolifération, tenue à New Yrk en août dernier, le secrétaire-général de l’ONU Antonio Guterres déclarait : « L’humanité est à la merci du moindre incident, de la moindre erreur qui mènerait à la catastophe nucléaire ». En effet, les protocoles en vigueur aux États-Unis, en Russie et ailleurs prennent pour acquis que les armes nucléaires sont sous le contrôle de personnes sensées, raisonnabes et virtuellement infaillibles, et surtout qu’une erreur du système ne se produira jamais. Mais on sait, comme le confirmera’quiconque œuvre dans le milieu de la technologie, que le risque d’erreurs croit en fonction du degré de complexité des systèmes. Il ne s’agit plus de savoir si une erreur se produira, mais bien de prévoir quand elle se produira. La présence accrue de l’intelligence artificielle dans les systèmes et protocoles de contrôle des armes nucléaires vient augmenter ce facteur de risque, en diminuant le niveau de supervision « humaine » sur la gestion de la prochaine alerte.

Il existe peut-être une voie vers la négociation du désarmement, via le TIAN (signé par 92 pays et ratifié par 66, mais évidemment par aucun de ceux possédant des armes nucléaires). En effet, un projet de loi a été soumis au Congrès américain le 31 janver dernier ; la Résolution 77 (H. Res. 77), écrite par les représentants démocrates du Massachusett et de l’Oregon, demanderait au Congrès « d’approuver les objectifs du TIAN, d’entamer et mener à bien des négociations pour une nouvelle entente bilatérale de contrôle des armes avec la Fédération russe d’ici 2026, et aussi de poursuivre les négociations avec la Chine et toutes les autres puissances nucléaires pour arriver à des ententes sur l’élimination des arsenaux nucléaires qui soient applicables, vérifiables et inscrites dans le temps ».

Concrètement, le projet de loi verrait les États-Unis piloter un effort mondial pour réduire les risques de guerre nucléaire en adoptant les dispositions suivantes :

  • Renoncer à l’option du recours aux armes nucéaires en premier.
  • Le Président n’aurait plus la seule autorité sur l’arsenal nucléaire.
  • Baisser le niveau d’alerte permanent de l’arsenal nucléaire.
  • Annuler le programme de modernisation et remplacement de la triade nucléaire américaine se chiffrant en millions de milliards de $.

 

À ce jour, le projet de loi 77 est soutenu par plus de 70 gouvernements d’états, municipalités ou comtés dont Los Angeles, Chicago, Boston, Philadelphie et Minneapolis, qui ont voté des résolutions d’appui, et par une foule de groupes comme la Union of Concerned Scientists, les Physicians for Social Responsability, le Sierra Club, Peace Action et Public Citizen.

Il subsiste donc une avenue praticable vers le désarmement, qui pourrait mener à du concret pour peu qu’une majorité des membres de la Chambre des représentants américaine fasse preuve de courage politique. Le climat actuel ne se prête pas particulièrement à des discussions avec la Russie et la Chine, mais ce n’est pourtant que par la négociation que l‘objectif d’un désarmement global et définitif sera envisageable. Il est toutefois à espérer que les élus américains sauront passer outre l’aspect patriotique qui pose les États-Unis en leader mondial, le moment venu.