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Un film sur le temps et le territoire par Maxime, Catherine, Samuel, Émilise et Sol.

Une centaine de spectateurs ont applaudi chaleureusement l’actrice députée et maintenant cinéaste Catherine Dorion le 28 avril à la Maison du Cinéma de Sherbrooke. Accompagnée de son directeur photo Maxime Laurin, elle y a présenté son documentaire poétique, réalisé grâce à des fonds disponibles pour les parlementaires que les députés dépensent généralement pour des babioles promotionnelles.

Ce beau film est hors norme, comme son personnage principal, qui n’a pas voulu d’une œuvre à sa gloire au moment de quitter la politique, mais d’un documentaire vivant sur les questions vitales que se posent les Québécois, plus nombreux qu’on pense.

Elle a donc parcouru non seulement la Ville de Québec, avec son complice Sol Zanetti, pour des rencontres heureuses marquées de sourires et de métissages, mais aussi la circonscription mi-rurale de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, à l’invitation de sa jeune collègue Émilise Lessard-Therrien qu’on voit, avec ses enfants, attelée à un métier de tissage, puis qui pose la question à des personnes âgées rassemblées dans un restaurant ouvrier : que privilégiez-vous, la liberté ou le confort? La réponse qui semble satisfaire tout le monde est la liberté …avec suffisamment d’argent pour avoir le temps de s’arrêter afin de …poser la question.

« Le film donne la parole aux citoyens pour tenter de définir un projet de société fondamental venu des entrailles du peuple ». Aux prises, surtout en pandémie, avec un état d’urgence permanent qui appelle à performer et à désespérer, déchirés par les écarts de richesses indécents et les pouvoirs qui tassent les petits, Catherine, en passionnée rassembleuse alors qu’on a tant tenté de la discréditer pour son excentricité, propose de prendre le temps de côtoyer le voisinage : les anciens paroissiens rassemblés par le désir de renouer, titre génialement trouvé, qui remplace la religion afin de tisser de nouveaux liens et amener des réconciliations, résumé que l’auteur de cet article, a proposé à une salle restée une demi-heure après le film pour échanger les impressions qui fusaient, toutes positives, au grand plaisir de la député locale, Christine Labrie.

Le film regorge de scènes quasi-panthéistes où les solidaires voguent en canoës sur nos rivières et nos lacs, se réchauffent près de feux de bois sous les étoiles, parcourent les forêts, scrutent les nuages au risque de se voir accuser de les pelleter, creusent la neige et se rassemblent pour piqueniquer sur des tables où on vient de langer les bébés étonnamment calmes, hypnotisés par l’atmosphère d’entraide souriante.

Renouer avec les autochtones qui nous ont accueillis il y a un demi-millénaire, briser l’isolement qui est le fait de la plus grande pauvreté, « alimenter l’espoir, l’amour en premier, le reste après, et pour la suite du monde et de la culture », échanger entre nous, camionneurs, cyclistes, marcheurs, anglophones, toutes générations, tous genres, toutes races unies et pas seulement pour partager nos joies, pour partager aussi nos souffrances du fait de la pollution et du réchauffement climatique. Et trouver l’énergie de les combattre par l’exigence d’une politique pure, libérée de l’obsession du Dieu de l’Argent.

J’écris comme drogué par l’atmosphère unique de la salle au sortir de ce film captivant. On trouvera le film itinérant projeté en diverses salles pour, avant les élections, être diffusé à la grandeur du Québec. En attendant, voici la bande-annonce.