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Le Musée présente jusqu’au 4 novembre 2018 deux expositions magnifiques, la première sur Tapies, un Barcelonais dont j’ignorais l’existence, alors que des extraits de ses œuvres à thématiques de paix universelle sont souvent aussi émouvants que les chefs d’œuvre incontestables des Dali, Miro et Picasso. Merci à la commissaire Patricia Aubé !

Mais surtout, bravo au Musée et à la commissaire Anne Beauchemin, pour l’expo à l’occasion du 70e anniversaire du Refus Global, à la barbe des grands musées québécois qui ont incompréhensiblement raté ce sujet pourtant incontournable. Les chefs d’œuvre de Borduas y rassemblés illuminent l’espace de ce (très laid) musée qu’on quitte, grâce à la magie des deux expos, avec l’âme qui chante dans les rues animées de Baie St-Paul, puis dans la céleste et fluviale campagne de Charlevoix !

À côté de textes un peu verbeux sur la carrière de Paul-Émile Borduas (je ne suis pas fier de l’entrevue à Radio-Canada de ma mythique et généralement passionnante et passionnée tante Judith Jasmin avec Monsieur Borduaze, sic !), on trouve des œuvres dont certaines m’ont rappelé l’enchantement de mes années 60, alors que je fréquentais Nathalie, fille du docteur Alphonse Campeau qui avait acheté à Saint-Hilaire la maison bâtie par le peintre, y compris une bonne douzaine de ses toiles clairsemées sur ses murs !

Dans un coin discret de l’exposition de Baie St-Paul, on trouve un poème fulgurant écrit par de turbulents (ne l’étions-nous pas tous, pour notre plus grand bonheur ?) étudiants en 1968 en hommage au Refus Global dont le texte, moins révolutionnaire et plus suranné, avait pourtant provoqué, par décret des autorités duplessistes, l’exil de Borduas, d’abord à New York puis à Paris : il a terriblement souffert de cet ostracisme, mais moins que ses disciples Marcel Barbeau et Suzanne Meloche, alors contraints à l’indigence la plus abjecte. Quelle idée porteuse, donc, d’avoir invité le 3 août la petite-fille de Suzanne, Anaïs Barbeau-Lavalette, autrice de la Femme qui fuit, et d’avoir projeté la veille son film Inch’Allah qui lui avait valu notre attention émerveillée et la récompense de l’Artiste pour la Paix de l’Année en 2013 !

Bravo à l’équipe si vivante et allumée de ce musée qui a su se mettre, rare conjonction, au diapason du 36e symposium du 26 juillet au 26 août intitulé l’Art et le politique situé à l’arrière du Musée, pour la tenue duquel on doit remercier la directrice artistique Sylvie Lacerte.