PÉTITION À LA CHAMBRE DES COMMUNES RÉUNIE EN PARLEMENT – CANADA

« Nous, citoyens, demandons aux élus d’écouter notre voix collective qui dénonce haut et fort le recours à la guerre. Nous croyons que les bombardements envisagés par le Premier Ministre contre les terroristes de l’État islamiste, en absurde alliance avec des pays qui ont nourri leur fanatisme, ne pourront que nuire à la sécurité mondiale. La guerre n’apporte JAMAIS de solution satisfaisante et durable. Depuis 2003, les morts afghanes, irakiennes, libyennes et syriennes en ont fait la preuve un demi-million de fois. Nous croyons que la violence engendre la violence. Nous voulons un pays pacifique, qui s’offre en exemple à l’Organisation des Nations unies. Nous demandons, par conséquent, aux députés[1] de la Chambre des Communes de s’opposer à toute entreprise guerrière du Canada. »

Les Artistes pour la Paix soulignent aujourd’hui 2 octobre l’anniversaire de naissance du Mahatma Gandhi, date que l’ONU a choisie pour célébrer la Journée internationale de la non-violence. Plutôt que livrer des discours emphatiques sur Nelson Mandela, Martin Luther King et Gandhi, nos élus devraient s’appliquer à ne pas trahir leurs principes sacrés par un consentement à la guerre dévastatrice.

Louise Brissette, écrivain-librettiste et co-initiatrice de la pétition: louisequebec@aei.ca Pierre Jasmin, pianiste, co-initiateur de la pétition et vice-président des APLP: pierre.jasmin@artistespourlapaix.org [1] Demande adressée à 22 heures 40 le 1er octobre à

  • Elizabeth May chef du Parti Vert,
  • à Hélène Laverdière du NPD,
  • à Marc Garneau du Parti libéral,
  • à Louis Plamondon du Bloc Québécois et
  • au ministre John Baird,

dans l’espoir qu’elle inspire leurs discours en Chambre des Communes. Vu la possibilité d’un débat en Chambre dès le 2 octobre, trente personnes (en clin d’oeil aux 30 ans des APLP qu’on célèbrera au Lion d’Or le 10 novembre dans le cadre du Coup de cœur francophone) l’ont hâtivement signée dont : Guylaine Maroist, cinéaste et présidente des APLP; Judi Richards, chanteuse et vice-présidente; Jean-François Garneau, auteur-compositeur-interprète et secrétaire; Diane Croteau, trésorière; Richard Séguin, président d’honneur; Isabelle Miron, écrivain-professeur et membre du CA des APLP; Amir Maasoumi, écrivain; Izabella Marengo, danseuse; Daniel Gingras; Benoît Aquin, photographe; Valéry Latulippe, webmestre; Romain Pollender, homme de théâtre; Dom Lebeau, auteur-compositeur-interprète et observateur au CA; Hervé Fischer, artiste multi-média; Sylva Balassanian, auteure-compositrice-interprète; Dorothy Henaut, cinéaste et peintre; Martin Duckworth, cinéaste; Raôul Duguay, peintre et auteur-compositeur-interprète; Geneviève Soly, musicienne; Manon Cousin, cinéaste; Marie St-Arnaud, PhD sciences de l’environnement UQAM; Pascale Camirand, philosophe éthicienne féministe; Dominique Boisvert, auteur; André Cloutier; Pascale Montpetit, comédienne; Monique Rondeau, traductrice; André Breton, professeur honoraire/communications; Yvon Rivard, écrivain.

Nous sommes honorés de l’appui manifesté par Mary-Ellen Francoeur, Antennes de paix et Pax Christi et par Normand Beaudet, qui engage le Centre de Ressources sur la Non-Violence. ______________________________________________________

36 heures après cette publication, vos nombreuses manifestations d’appui nous touchent, en particulier celle d’Élizabeth May, chef du Parti Vert du Canada à qui Radio-Canada et CBC ont coupé la parole ce midi; elle nous a écrit un courriel personnel où elle déclare approuver notre pétition. Hélène Laverdière fera référence à notre pétition en Chambre des Communes lundi après-midi.

Dernière heure – voici le discours d’Hélène Laverdière :

Plusieurs d’entre vous déplorent n’avoir pu la signer, mais vous comprendrez que nous avons paré au plus urgent, avec la maigre satisfaction de constater que tous les partis d’opposition ont refusé jusqu’à présent de suivre M. Harper sur le sentier de la guerre. On nous demande quoi faire pour appuyer notre message de paix adressé sans partisannerie aux partis représentés en Chambre des Communes?

Écrivez simplement à votre député et aux cinq députés ciblés, respectivement du parti Vert, du NPD, du Parti libéral, du Bloc et du Parti Conservateur (le seul qui ne nous ait pas répondu), en leur signifiant votre appui à notre pétition « Non aux bombardements » (titre de l’Aut’ Journal): elizabeth.may@parl.gc.ca; Helene.Laverdiere@parl.gc.ca;  garneau.m@parl.gc.ca; louis.plamondon.c1@parl.gc.ca;bairdj1@parl.gc.ca.

Et merci encore pour votre appui qu’on vous suggère de concrétiser en devenant membre (des AmiEs) des Artistes pour la Paix ou en manifestant avec le collectif Échec à la guerre. Celui qui a rédigé le premier commentaire en annexe ira lire les commentaires du professeur à l’UQAM Rachad Antonius et comprendra qu’au lieu de bombarder l’Allemagne, on aurait pu empêcher Hitler de s’armer, comme la Société des Nations, l’ancêtre de l’ONU, l’interdisait: mais tous les marchands d’armes se sont enrichis en dépit de la loi internationale en commerçant avec Krupp et I.G. Farben, les fabricants du gaz qui a éliminé des millions de Juifs.

C’est pourquoi les APLP ont appuyé Oxfam et Amnistie internationale dans leurs efforts de monitorer les exportations internationales d’armes: combien d’armes canadiennes tombées entre les mains des djihadistes? Business is business…? L’État islamiste n’a pas la puissance des armées de l’Axe dans la 2e guerre mondiale.

Mahdi Darius Nazemroaya écrit: « the ISIL or IS threat is a smokescreen. The strength of the ISIL has deliberately been inflated to get public support for the Pentagon and to justify the illegal bombing of Syria. It has also been used to justify the mobilization of what is looking more and more like a large-scale US-led military buildup in the Middle East. The firepower and military assets being committed go beyond what is needed for merely fighting the ISIL death squads. While the US has assured its citizens and the world that troops will not be sent on the ground, this is very unlikely. In the first instance, it is unlikely because boots on the ground are needed to monitor and select targets. Moreover, Washington sees the campaign against the ISIL fighters as something that will take years. This is doublespeak. What is being described is a permanent military deployment or, in the case of Iraq, redeployment. This force could eventually morph into a broader assault force threatening Syria, Iran, and Lebanon ».

Bombarder du haut des airs va faire des victimes innocentes dont les familles auront la tentation de se venger en joignant les rangs de ces terroristes: il faut sortir de ce cercle vicieux (c’est ce que rappelle Dominique Boisvert plus loin). Voici d’abord une opinion très intéressante (même si ou parce qu’elle contredit certaines des affirmations précédentes) de la nouvelle présidente de l’Institut RIDEAU:

Harper’s Iraq plan may make matters worse, says former ambassador

by Peggy Mason

Originally published by David Pugliese in Defence Watch

Prime Minister Stephen Harper will put Canada’s proposed combat military mission in Iraq to a vote on Monday. Recent polls have suggested that Canadians slightly favour the bombing mission to confront the threat posed by the extremist organization, the Islamic State of Iraq and the Levant (ISIL). It comes as no surprise that Canadians want to help and “do something.”

But Harper’s plan to send Canadian warplanes to join the U.S.-led coalition’s bombing of Iraq may just make matters worse.

Stephen Harper and his allies are underestimating their opponents as a bunch of religious extremists bent on spreading wanton mayhem and terror. Islamic State may be brutally ruthless, but they know exactly what they are doing.

Their core is made up of seasoned, motivated fighters and an extremely experienced leadership that go back to the “dirty war” waged by the American and British Special Forces in Iraq between 2006 and 2009.

ISIL is playing a strategical game of chess with its every move, while the West is playing military tic-tac-toe.

ISIL is not just a military organization, it is a political movement with a well-thought-out ideology, however abhorrent it may beto the West. It governs the huge areas it controls in Iraq and Syria. Ruthless in eliminating any potential opponents, it also provides electricity, food and other vital services for ordinary people in the areas it controls.

That is why American air strikes against ISIL recently targeted not only oil and gas facilities but also grain elevators – a highly problematic course of action in both legal and humanitarian terms, particularly if the conflict is to be a long one.

To date Western military action has been disastrously counterproductive.

Prime Minister Harper says “we” are not responsible for the chaos in Libya. Yet it is absolutely clear that the NATO-led military victory in Libya was a pyrrhic one which paved the way for the civil war that followed.

We have to remember how we got to this point. Time and again in the past, we have chosen war over negotiations.

Look at the lessons of Libya. Had we not exceeded the UN mandate in Libya (which excluded regime change), we could have negotiated a power-sharing deal with Gaddafi that would have promoted incremental democratic reform and not left a power vacuum to be filled by extremists, including ISIL.

Exactly the same lesson can be learned from Syria. Had the West not insisted on Assad’s immediate departure and refused to allow Iran a seat at the table, Kofi Annan’s power-sharing arrangement within a transitional government would have paved the way for incremental democratic reforms in Syria and, once again, would have left much less room for extremists like ISIL to operate.

A UN mandate privileging inclusive governance and democratic reforms in concert with robust military support has been central to recent progress in Somalia and Mali. A UN mandate is also possible for effective intervention in Iraq and Syria if all necessary players, including Russia and Iran, are brought fully into the negotiations, and Turkey, Saudi Arabia and other Gulf states are at the core of the political strategy, not just token participants.

A comprehensive, broadly supported and UN-mandated approach is long overdue in the heretofore disastrously counterproductive war on terror. Let this enlightened approach be the basis for Canadian action in Iraq and Syria.

Ambassador Peggy Mason is Canada’s former UN Ambassador for Disarmament and advisor to then External Affairs Minister Joe Clark. She is now the President of the Rideau Institute on International Affairs.


 

En conclusion, cette lettre (8 octobre) de notre ami pacifiste Dominique Boisvert:

Monsieur le premier ministre,

Votre gouvernement veut précipiter le Canada en guerre contre le groupe autoproclamé État islamique en Irak, puis éventuellement en Syrie.

Les exactions de « l’État islamique » sont bien sûr inacceptables, comme le sont les millions de morts au Congo ou les décapitations étatiques en Arabie Saoudite. Mais la guerre n’est pas plus une solution acceptable contre « l’État islamique » qu’elle ne le serait contre le Congo ou l’Arabie Saoudite. « La guerre est une folie », comme l’a rappelé très récemment le pape François. Et elle n’est jamais une solution véritable, et encore moins durable, aux graves conflits qui perturbent de nombreuses régions du monde, particulièrement au Moyen-Orient à la suite de la guerre menée par les États-Unis et leur « coalition » contre l’Irak à partir de 2003.

Vous l’avez vous-même avoué en Chambre, une telle guerre aérienne ne pourra pas vaincre ou faire disparaître « l’État islamique ». Si elle a l’avantage politique (et électoral) de faire peu de victimes canadiennes, puisqu’on bombardera du haut des airs, elle ne sera pas moins meurtrière et dévastatrice pour les populations locales, y compris les très nombreux civils, femmes et enfants qui, comme dans chaque guerre, en seront les « dommages collatéraux ».

Votre décision politique d’aller en guerre, en notre nom, repose en très grande partie sur l’émotion sélective alimentée par le décapitation de quelques Occidentaux et sur de sordides calculs électoraux. Aucune de ces deux raisons ne justifie un recours à la guerre. Et mêler la décision d’entrer en guerre avec des préoccupations électorales est proprement immoral.

Monsieur le premier ministre, je vous dois le respect dû à votre élection démocratique à la tête du pays. Mais je promets de m’opposer fermement, par tous les moyens nonviolents dont je dispose, à cette guerre injuste, inefficace et immorale que vous voulez nous imposer.

Veuillez accepter, monsieur le premier ministre, l’expression de mon refus le plus solennel de participer, de quelque façon que ce soit, par mes taxes ou autrement, à cette guerre qui ne fera qu’aggraver encore un problème déjà tragique et très complexe.

NON à la guerre, aérienne ou autre, en Irak et partout ailleurs au Moyen-Orient.