À l’approche de la date anniversaire de l’OTAN, nous actualisons cet article originalement publié le 10 mars dernier.
Le 4 avril, les diplomates représentant les pays membres de l’OTAN se réuniront à Washington pour une célébration auto-congratulatoire à l’occasion du 70e anniversaire de l’organisation.

Le style patriotico-tumulaire de l’OTAN à Bruxelles : oui, mais est-ce de l’art ?
L’OTAN est très populaire auprès des militaristes et des marchands d’armes. Certains sont ouvertement fiers de ses entreprises guerrières, d’autres font semblant de les ignorer, et d’autres encore s’empressent de leur trouver des justifications. La réthorique à double-sens “sauvegarder la paix = préparer la guerre” drappe l’alliance dans un manteau de respectabilité philosophique (encore plus respectable en latin : Si vis pacem, para bellum). Dans la pratique, l’OTAN cautionne les conflits en leur conférant un vernis de légalité, ce qui les rend d’autant plus faciles à justifier dans l’opinion pubique.
Alors, le party du 70e anniversaire aura lieu à Washington le 4 avril. Cette date ne devrait pourtant pas être la fête de l’OTAN : le 4 avril 1967, Martin Luther King Jr. prononçait un discours historique contre la guerre, intitulé Beyond Viet Nam, et ce même jour de 1968, tombait assassiné.

MLK le 4 avril 1967, pendant son discours « Beyond Viet Nam »
La société civile et le mouvement pacifiste ont bien l’intention de réagir, comme en témoigne la liste des contre-événements prévus à Washington :
16 mars à midi : Manifestation nationale Hands off Venezuela devant la Maison Blanche
30 mars à 13h : Rassemblement contre l’OTAN, la guerre et le racisme, au Lafayette Park (en face de la Maison Blanche)
31 mars à midi : Concert for Peace and Ending War au Franklin Square
31 mars à 15h : Conférence contre l’OTAN, église St, Stephen, U.S. Peace Council
3-4 avril : Festival No to NATO – Yes to Peace, World Beyond War
4 avril à 11h : rassemblement au Martin Luther King Jr, Memorial suivi d’une marche vers Freedom Plaza
D’autres événements auront lieu plus près de nous :
30 mars : conférence et rassemblement pour célébrer les 70 ans du World Peace Council, à Regina (Sask.)
4 avril : Rassemblement contre l’OTAN, Colline parlementaire, Ottawa
On peut y aller, l’OTAN est d’accord
Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Serbie, Afghanistan, Pakistan, Libye : autant de pays bombardés par l’OTAN en violant le droit international. Les prétextes invoqués sont de plus en plus fumeux. L’organisation s’éloigne de plus en plus de sa vocation nord-atlantique au point de conclure une alliance avec la Colombie, et devenir la façade du Congrès américain. Le Congrès se trouve ainsi libéré de la paternité des guerres d’agression menées par les États-Unis. Les pays membres peuvent participer à ces guerres (et faire tourner leur industrie d’armement) en se justifiant de la sanction de l’OTAN.
Certains pays non-nucléarisés peuvent ainsi bénéficier d’un arsenal atomique par procuration, à moindre frais. Mais attention : si vous êtes membre de l’OTAN, vous devrez entrer en guerre si votre allié entre en guerre, c’est dans les règlements du club.

Missile Pershing II (modèle portatif) photographié sur la base U.S. de Mutlangen en Allemagne en 1987. Photo AP.
Il est souvent invoqué qu’installer des armes nucléaires dans les pays membres en renforce la sécurité. Et qu’incorporer les pays voisins de la Russie renforce l’OTAN, mais qu’accepter la Russie serait dangereux… En fait, bien que la Russie soit un des grands exportateurs d’armement, elle ne dépense pour ses forces armées qu’une fraction du budget militaire américain. Les États-Unis ont bombardé neuf pays l’année dernière, la Russie un seul. Les États-Unis ont une présence militaire dans plus de 100 pays, la Russie dans trois. L’OTAN représente les trois-quarts des dépenses militaires et du commerce d’armement sur la planète, qui a atteint en 2016 les 1686 milliards de $US, selon le rapport du SIPRI.
Le Canada devait dépenser 25,5 miliards pour ses programmes militaires en 2018. Les dépenses prévues dans un futur proche incluent des avions de chasse et 60 milliards de navires de guerre. Tient-il absolument à figurer dans la liste du Top-15 des budgets militaires du magazine Forbes ? Il est certain que se faire dépasser (en dollars bruts) par l’Australie et les Émirats arabes unis comme c’était le cas en 2016, ça fait pas sérieux… Mais rassurons-nous, le budget de la Défense demeure quand même plus du double de celui des Services aux Autochtones (11 milliards).
En passant, notons que la Grèce, qui est le pays le plus amoché de l’UE économiquement parlant, dépense 2,4% de son PIB pour la défense. Nul doute que ça faisait partie des mesures d’austérité imposées par le FMI pour aider le pays à sortir de la crise.
Sources
Ô temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices,
Suspendez votre cours !
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !
Lamartine, Le lac, 1820
Discours de MLK le 4 avril 1967 (avec vidéo) : http://blackchristiannews.com/2017/01/the-1967-speech-that-may-have-put-a-target-on-martin-luther-king-jr-s-back/
SIPRI : https://www.sipri.org/media/press-release/2017/world-military-spending-increases-usa-and-europe
Belle comparaison entre le 4 avril : party du 70e anniversaire de l’OTAN… et le 4 avril, date du discours historique contre la guerre de Martin Luther King 1967.
Intéressant article !
Merci
Une action contre l’OTAn en fin de semaine ?
Je lis, je scrute même la liste des 16 pays qui ont le plus investi dans les armements de toutes sortes. Et ce, en 2016. Qu’en est-il aujourd’hui, en 2019. Le Canada y figure-t-il quelque part, sur cette liste ?