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Le Palais des Congrès en mode de préparatifs urgents.
Photo : Jacques Nadeau/Le Devoir

La COP15 a le mérite collatéral de marquer une suspension bienvenue dans les actions sinophobes du gouvernement canadien. La seule tenue de cet événement international rassemblant entre 17 000 et 20 000 délégués de 160 à 196 pays est le résultat d’une collaboration exemplaire entre nos deux pays : aux prises avec des résurgences du COVID19 et de ses variants, la Chine qui devait l’organiser a pu compter sur des savants canadiens et en particulier québécois pour réorganiser en moins de six mois la conférence à Montréal, qui sera, comme prévu initialement, présidée par Huang Runqiu, ministre chinois de l’Écologie et de l’Environnement. Il prendra la parole le 6 décembre aux côtés du Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, mais aussi de Justin Trudeau.

Plusieurs illustres collègues de l’UQAM participeront jusqu’au 19 décembre à cette 15e Conférence des Parties des Nations Unies sur la biodiversité (COP15). Le Cœur des sciences accueillera une série d’événements autour des enjeux de biodiversité organisés par le Collectif COP15, un regroupement d’organisations de la société civile québécoise (syndicats, autochtones, municipalités, Nature Québec et autres ONG convaincues) qui a notamment mis sur pied le rassemblement Espace Générations Vivantes vu l’urgence d’agir face à la perte de biodiversité ici et ailleurs dans le monde. EAU-SECOURS tiendra une rencontre le 7 décembre pour préparer les fêtes de son 25e anniversaire.

Depuis de nombreuses années, nos articles à teneur écologiste sur notre site sont le plus souvent le fait des professeures Lucie Sauvé et Louise Vandelac; aujourd’hui nous laissons la parole à deux autres collègues qui vous invitent, chers Artistes pour la Paix, à la grande marche du 10 décembre au Centre-Ville, une tradition propre à chaque COP d’effectuer un grand rassemblement pacifique dans la ville hôte afin d’exprimer leur inquiétude face à l’inertie des gouvernements ainsi que leurs revendications.

eric_pineaultPrésident du comité scientifique de l’Institut des sciences de l’environnement, le professeur du Département de sociologie Éric Pineault explique :

« Ce rassemblement vise à mobiliser la société civile, à faire pression sur les différents paliers de gouvernements pour qu’ils prennent des engagements ambitieux en matière de préservation de la biodiversité et à sensibiliser la population à la protection du vivant. La mobilisation permettra aussi aux différentes organisations, environnementales notamment, aux citoyens et aux scientifiques d’engager la discussion pour poser de nouveaux jalons dans la manière de comprendre la crise de la biodiversité et d’entrevoir des solutions. La COP15 débattra, notamment, d’une proposition clé qui consiste à protéger 30 % des terres et des océans sur la planète d’ici 2030. Cette proposition très ambitieuse doit s’inscrire dans un esprit de justice environnementale, dans le respect des pays les plus vulnérables et des communautés locales. En raison des attentes qu’elle suscite, plusieurs observateurs comparent la COP15 à la COP21 sur la crise climatique, qui a débouché sur l’Accord de Paris en 2015. »

Comme les COP sur le climat ont leurs rapports du GIEC, les COP sur la diversité ont le rapport de 2019 de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), aussi porteur hélas de mauvaises nouvelles :

« Pas moins d’un million d’espèces animales et végétales sont menacées d’extinction sur la planète. Au Québec comme ailleurs, il est possible d’agir rapidement contre l’étalement urbain, qui a pour effet de fragmenter les territoires, de détruire des arbres et de minéraliser les sols, soutient le professeur. On doit aussi ralentir l’intensification de l’agriculture industrielle avec ses nombreux pesticides, cesser la surexploitation des forêts et limiter les activités extractives, minières en particulier. Ultimement, c’est l’ensemble de notre modèle de développement économique qui doit être repensé.»

laure_waridelQuant à Laure Waridel, elle tient à vulgariser l’importance du rendez-vous :

COP 15 à Montréal : une occasion de sauver les humains, rien de moins !

La tenue de la COP15 à Montréal sera une formidable occasion de réaliser à quel point il est urgent d’agir pour protéger la biodiversité. Protéger le vivant dont nous dépendons.

Prenez une grande respiration.

L’air qui vient d’entrer dans vos poumons serait irrespirable sans la présence d’une grande diversité de végétaux et de phytoplanctons qui transforment le CO2 en oxygène. Sans parler du rôle des arbres qui captent les particules fines et autres polluants atmosphériques.

L’eau que l’on boit et qui constitue 60 % de notre corps est non seulement passée plusieurs fois dans le Saint-Laurent, mais aussi dans d’autres écosystèmes vivants qui la filtrent d’un bout à l’autre de la planète.

Si les sols nous nourrissent, c’est grâce à l’activité de bactéries, de champignons et d’insectes pollinisateurs, dont les abeilles et les papillons.

Ainsi, notre capacité de respirer, boire et manger dépend de la biodiversité.

Or, la biodiversité s’érode à une vitesse alarmante. Une espèce sur cinq est en situation précaire au Canada. La situation est telle que les scientifiques parlent de la sixième crise d’extinction des espèces. La précédente avait entraîné la disparition des dinosaures, il y a 65 millions d’années. C’était la faute d’un astéroïde. Cette fois, c’est celle des humains. Faute de courage politique, le caribou forestier risque d’être la prochaine victime. Québec se laisse manipuler par quelques multinationales forestières.

Mobilisation

Grandes conférences, ateliers et discussions destinés à des gens de tous les âges et de tous les horizons sont offerts gratuitement du 6 au 19 décembre. Plusieurs seront accessibles en ligne. Le 10 décembre, la population est aussi invitée à prendre part à une grande marche pour la biodiversité. J’y serai pour rappeler que l’avenir de la vie sur Terre dépend de décisions que nous prenons maintenant.